Dario Alvarez Basso, peintre alchimiste...

Comme un alchimiste, Dario Alvarez Basso œuvre inlassablement à capturer et fixer sur toiles l'énergie de la nature, ses vibrations, son mouvement perpétuel... Cette «Entropie naturelle» (pour reprendre le titre de l'accrochage), il tente de la capter en mixant pigments naturels et matières organiques (encre de seiche, terre, sable, poudre de fer, de marbre...), puis en laissant agir les quatre éléments. Avant d'y ajouter son empreinte personnelle, en travaillant directement à la main ou avec des instruments qu'il a lui-même élaborés, la pâte, la texture et les couleurs qui composent ses paysages abstraits.
Des mixed-médias de grande dimension, qui évoquent des territoires indéterminés de landes, montagnes, vallées, rocheuses ou forêts... ou encore des espaces cosmiques. Et dont la galerie Art Factum* expose (sous le patronage de l'ambassade d'Espagne et de l'Institut Cervantès de Beyrouth) quelques pièces. À l'instar de cet Atlas, sorte de « terre vue du ciel » déclinant d'audacieuses et radiantes tonalités de vert parsemées de petits bouts de mines de carbone récupérées des restes de crayons utilisés pour ses dessins préparatoires. «Une façon d'inclure ainsi dans l'œuvre la mémoire de sa composition», signale l'artiste. «Et d'y insérer aussi en sourdine une petite note biographique», ajoute-t-il.

La nature en 103 000 dessins
Cela fait plus de 15 ans que Dario Alvarez Basso poursuit un travail exclusivement consacré à la nature. Un thème auquel il s'est attelé lors de son installation durant 4 ans dans la forêt tropicale vénézuélienne. C'est là-bas qu'il entame sa collection de... 103000 dessins à l'aquarelle sur papier Canson déclinant les différents éléments de la faune et de la flore. Tiges, fleurs, corolles, feuilles, plantes, talus... Il y a du carnet de botaniste dans cette reproduction de la diversité naturelle. Mais aussi une sorte de journal intime tant ces croquis de détails dégagent une expression vibrante. Une collection que le peintre espagnol utilise comme base de données dans laquelle il puise les lignes et couleurs de ses grandes compositions abstraites. Et dont il donne à voir quelques pièces dans l'accrochage beyrouthin. Ainsi qu'une série sur le même thème de photos de plantes agrandies et colorisées à l'aquarelle à la manière des films des années 30.
Auparavant, cet artiste à la démarche intellectuelle autant que sensitive s'était dédié, durant de longues périodes, à l'exploration picturale des relations entre le Nord et le Sud, des liens entre cultures arabe et espagnole. D'où une série inspirée de Hannibal – «le Phénicien, premier révolutionnaire contre l'ordre mondial, qui s'est insurgé contre la domination de Rome et qui a été le fondateur de plusieurs villes en Espagne, dont Barcelone», signale Dario Alvarez Basso. Il en présente également deux tableaux dans le cadre de cette exposition, qui se tient jusqu'au 24 octobre. Sa deuxième, à deux ans d'intervalle, au Liban et dans la même galerie, avec qui il semble avoir tissé des liens!

Carte de visite
Des études entamées à l'École des beaux-arts de Madrid et poursuivies à Paris, ensuite à l'Académie des beaux-arts de Rome, puis à la New School of Visual Arts de New York...
Suivies d'ateliers auprès de différents artistes, dont le fameux sculpteur britannique Tony Cragg, et de nombreux déplacements à travers le monde ont donné à Dario Alvarez Basso cette façon d'envisager l'art de manière plus libre et plus reliée à sa propre vie. Ses œuvres signalées dans des études du Centre Georges Pompidou font également partie de collections privées et publiques à travers le monde, dont le Musée d'art contemporain Reina Sofia à Madrid.

* La Quarantaine (près de Sleep Comfort). Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 12h à 19h ; samedi, de 14h à 17h. Tél. : 01/443263.