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Économie - Crise

La dette française franchit le cap des 2 000 milliards d’euros

Pour le ministère français des Finances, le tableau se noircit encore avec une dette publique qui dépasse les 2 000 milliards d’euros. Éric Piermont /AFP

La dette publique de la France a dépassé pour la première fois la barre symbolique des 2 000 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre, doublant presque en dix ans et noircissant encore le tableau pour le gouvernement, à la veille de la présentation du budget 2015.
Les sommes dues par l'État, la Sécurité sociale et les collectivités locales ont ainsi atteint un nouveau record à la fin juin, à 2 023,7 milliards d'euros, en hausse de 28,7 milliards par rapport à fin mars, a annoncé hier l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Rapportée au revenu national, la dette publique atteint 95,1 % du PIB à la fin du deuxième trimestre, soit 1,1 point de plus qu'au trimestre précédent.
Le montant a pratiquement doublé en 10 ans : fin juin 2004, la dette brute du pays, mesurée selon les critères du traité de Maastricht, s'établissait à 1 081,6 milliards d'euros.
Le gouvernement a rappelé avoir largement hérité de cette situation d'endettement croissant, tout en affirmant son engagement à y mettre un terme.
« Pendant les cinq années qui ont précédé mon entrée en responsabilité, la dette publique a augmenté de 600 milliards, nous sommes à 2 000 milliards. Donc notre rôle ça doit être de maîtriser les déficits pour éviter que nous puissions encore augmenter le niveau absolu de la dette », a ainsi déclaré le président français François Hollande.
La courbe de la dette publique montre une nette accélération à partir de fin 2007, pour cause de crise financière puis économique. « Chaque fois qu'on perd un point de PIB, l'État perd 10 milliards (...) en recettes fiscales, en cotisations sociales », rappelle Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE.

La crise n'explique pas tout
Mais l'économiste signale aussi que la France est entrée dans la crise avec un déséquilibre budgétaire déjà relativement élevé, du fait des politiques de relance du gouvernement Jospin et des réductions d'impôts au début du quinquennat Sarkozy : « La crise a aggravé un phénomène qui existait déjà. »
Dans ses dernières prévisions, le gouvernement tablait sur une dette publique à 95,1 % du PIB seulement à la fin de l'année, et sur une décrue à partir de 2016, mais ces prévisions datent d'avant l'abaissement de ses estimations de croissance et du relèvement de celles concernant le déficit, le 10 septembre.
Dans un contexte de croissance atone et d'inflation extrêmement réduite, Bercy table sur un déficit public de 4,4 % du PIB cette année, après 4,2 % en 2013, et le budget 2015, qui sera présenté mercredi, devrait confirmer un reflux très modeste, à 4,3 %. Un déficit que le pays doit financer en empruntant, et donc en s'endettant davantage.
« La politique menée par le gouvernement, qui repose à la fois sur un assainissement des finances publiques avec un programme d'économies et sur une stratégie de croissance avec le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR) et le Pacte de responsabilité, doit permettre de stopper la croissance de la dette », affirme Bercy.
La France s'est engagée à économiser 21 milliards d'euros l'an prochain. Après les annonces lundi concernant les branches famille et santé de la Sécurité sociale, le gouvernement détaillera mercredi les efforts demandés à l'État et aux collectivités locales.
Mais à court terme, avec un numérateur (la dette brute) qui progresse et un dénominateur (la production économique) qui stagne, le ratio dette/PIB va mécaniquement continuer à progresser.
Certains économistes jugent même désormais inévitable qu'il atteigne 100 % en 2016 ou 2017, niveau déjà atteint ou dépassé par plusieurs pays européens, dont la Grèce, Chypre et le Portugal, ainsi que l'Irlande, l'Italie et la Belgique. L'Espagne a annoncé mardi qu'elle franchirait à son tour cette barre en 2015.
Dans ce panorama sombre, un motif de consolation : la France emprunte toujours à des taux très bas – environ 1,35 % à 10 ans – , ce qui permet d'éviter que les intérêts ne viennent encore alourdir davantage la facture.
Ainsi, la charge des intérêts de la dette est presque au même niveau qu'en 2008. Elle était de 45 milliards l'an dernier et est prévue à 46,7 milliards cette année.
Une aubaine qui reste toutefois précaire, s'inquiètent certains. « Il suffirait d'un mouvement sur les taux d'intérêt, déjà extraordinairement bas, pour que la charge de cette dette explose, fragilisant comme jamais les équilibres financiers et le crédit de la France », a ainsi mis en garde le président du MoDem François Bayrou, qui a fait de la dette son cheval de bataille.

La dette publique de la France a dépassé pour la première fois la barre symbolique des 2 000 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre, doublant presque en dix ans et noircissant encore le tableau pour le gouvernement, à la veille de la présentation du budget 2015.Les sommes dues par l'État, la Sécurité sociale et les collectivités locales ont ainsi atteint un nouveau record à...

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