Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

En Syrie, les frappes contre l'EI posent problème aux modérés

Manifestations contre les raids dans plusieurs régions du pays tenues par les rebelles.

Le propriétaire d'une usine à Raqqa en Syrie, détruite par les frappes de la coalition internationale, inspecte les dégâts. REUTERS/Stringer

Les frappes aériennes menées depuis une semaine en Syrie par les États-Unis et leurs alliés arabes contre le groupe État islamique (EI) et les groupes liés à el-Qaëda sont en quelque sorte un cadeau empoisonné pour les rebelles modérés qui luttent à la fois contre l'EI et le président Syrien Bachar el-Assad.

Ces rebelles soutenus par l'Occident ne sont pas tenus au courant des frappes contre leurs ennemis de l'EI et se heurtent à l'incompréhension de nombreux Syriens, les bombardements faisant des victimes civiles. Le soutien qu'ils ont trouvé auprès de la population dans leur lutte contre Bachar el-Assad pourrait donc être remis en question.

 

(Lire aussi : En Syrie, les jihadistes de l'EI tout près de la frontière turque)

 

"Il y a une colère populaire contre nous", affirme le commandant rebelle Ahmed al-Saoud, qui a quitté l'armée Syrienne en 2012 pour diriger un groupe rebelle appelé "la 13e Division". Son groupe dit appartenir à l'Armée syrienne libre (ASL), un ensemble de groupes non islamistes dont certains sont soutenus financièrement par les États-Unis ou des pays du Golfe.

La 13e Division revendique 1 700 combattants mais elle manque de tout, de chaussures autant que d'armes, malgré l'aide étrangère qu'elle reçoit. Connue pour être soutenue par l'Occident, elle est considérée par la population comme favorable aux frappes aériennes, explique Ahmed al-Saoud. "Nous soutenons les frappes aériennes mais des frappes aériennes contre l'État islamique et contre le régime", dit-il lors d'une rencontre dans la ville turque de Reyhanli, près de la frontière syrienne.

Les États-Unis ont beau dire qu'ils s'efforcent de ne faire aucune victime civile, les Syriens ont manifesté vendredi contre ces raids dans plusieurs régions du pays tenues par les rebelles, au vu des vidéos diffusées sur YouTube.

Parallèlement, si Washington affirme ne pas vouloir coopérer avec Bachar el-Assad, les frappes ont soigneusement évité tout objectif gouvernemental, ce qui revient à renforcer le régime de Damas. Ce dernier a d'ailleurs saisi l'occasion pour accentuer ses attaques contre les groupes rebelles.

 

(Lire aussi : Le but des frappes de la coalition est d’isoler le théâtre syrien du théâtre irakien)

 

"Pas dans nôtre intérêt"

Ceux-ci expliquent qu'ils n'ont pas intérêt à reprendre du terrain à l'EI tant qu'ils ne seront pas assurés que l'armée de l'air syrienne ne les attaquera pas. Et pour l'instant, la coalition n'a pas prévu de fournir une couverture aérienne aux rebelles dans le nord de la Syrie.

"Il n'est pas dans notre intérêt de combattre (l'EI) à ce stade juste parce que quelques Tomahawks leur tombent dessus (...) sans être sûrs que le régime a totalement perdu sa suprématie aérienne sur nous", explique Abou Abdo Salabmane, membre du bureau politique de l'Armée des moudjahidine, un groupe affilié à l'ASL qui revendique 7 000 membres.

"Il va nous bombarder pour nous faire partir et récupérer la moindre avancée que nous pourrions faire", dit-il, lors d'une rencontre dans la ville turque de Gaziantep. "C'est comme si nous préparions le repas pour que ce soit le régime qui puisse le manger à la fin". Washington, ajoute-t-il, "ne pourra pas mobiliser d'alliés sur le terrain sans proposer un plan complet pour (l'EI) et le régime".

Certains rebelles soulignent que Washington a informé le gouvernement syrien du début des frappes, mais pas eux. Alors que les positions de l'État islamique sont bombardées dans l'Est Syrien, il ne se passe rien sur la ligne de front près d'Alep, où les groupes affiliés à l'ASL, dont l'Armée des moudjahidine, combattent à la fois pour contrer l'avancée de l'EI et pour empêcher les forces gouvernementales d'encercler Alep.

 

Lire aussi

Dans le bourbier syro-irakien, le point de Christian Merville

Stratégie contre l'État islamique : les dix contradictions

 

Commentaire
Vaincre Daech sur le front des idées, le commentaire de Mohammad ben Rached al-Maktoum

Les frappes aériennes menées depuis une semaine en Syrie par les États-Unis et leurs alliés arabes contre le groupe État islamique (EI) et les groupes liés à el-Qaëda sont en quelque sorte un cadeau empoisonné pour les rebelles modérés qui luttent à la fois contre l'EI et le président Syrien Bachar el-Assad.
Ces rebelles soutenus par l'Occident ne sont pas tenus au courant des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut