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À La Une - Rapport

HRW dénonce la recrudescence des attaques contre les réfugiés syriens au Liban

Les autorités libanaises devraient prendre des mesures immédiates pour enquêter sur ces abus et engager des poursuites contre les responsables de ces actes, indique l'ONG.

Depuis la bataille d'Ersal entre l'armée libanaise et des jihadistes, les attaques contre les réfugiés syriens au Liban se sont multipliées, note HRW. REUTERS/Stringer

Les autorités libanaises n'ont pas réussi à prendre les mesures adéquates pour empêcher et juger les actes de violences de plus en plus nombreux contre les ressortissants syriens depuis les affrontements meurtriers de Ersal, début août, entre l'armée libanaise et les groupes extrémistes de l'Etat islamique (EI) et du Front al-Nosra, affirme dans un rapport l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Les attaques contre les Syriens, pour la plupart des réfugiés, se heurtent à l'indifférence des autorités, déplore l'ONG, qui note que les actes de violence ont pour but dans certains cas d'entraîner l'expulsion des Syriens d'une région spécifique ou qu'un couvre-feu leur soit imposé. Dans certains quartiers, notamment à Hay el-Sellom, Bourj Hammoud, Hadath, Tyr, Ajaltoun et Srifa, des affiches ont été collées sur les murs demandant aux réfugiés de quitter les lieux, affirme HRW. Dans le quartier beyrouthin de Zoukak el-Blat, des affiches menaçaient ceux qui restaient de "meurtre ou de torture jusqu'à ce que mort s'en suive". Selon les informations de HRW, les assaillants opéraient sous couverture tacite des autorités locales.

Le Liban accueille plus de 1,1 million de réfugiés syriens. En avril dernier, Ninette Kelly, représentante au Liban du Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), avait indiqué que "le Liban accueille désormais le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde", les réfugiés représentant l'équivalent d'un quart de la population libanaise. Une situation qui pèse sur son économie, son environnement, et sa situation sécuritaire.

 

(Réfugiés syriens au Liban : un état des lieux en infographies)

 

HRW fait état de 11 cas d'attaques violentes en août et septembre menées par des citoyens libanais contre des civils syriens ou certaines personnes perçues comme étant syriennes à l'aide de couteaux ou d'armes à feu.

Toutes les victimes ont été attaquées en raison de leur nationalité, ont affirmé à l'ONG les victimes elles-mêmes, des témoins et des travailleurs sociaux. Ces victimes ont indiqué ne pas faire confiance aux autorités libanaises pour les protéger ou pour mener des enquêtes. Au moins quatre de ces attaques ont eu lieu en présence de membres des forces de sécurité, qui ne sont pas intervenus.

"Les forces de sécurité libanaises devraient protéger tous les citoyens sur le sol libanais, et ne pas fermer les yeux sur les agissements de groupes qui terrorisent les réfugiés. Les forces de sécurité doivent protéger tous les individus, quelle que soit leur nationalité", déclare Nadim Houry, vice-directeur pour la région Mena de HRW. L'ONG a interviewé 10 victimes, cinq membres de familles ou amis de victimes, et sept travailleurs humanitaires. Les attaques ont eu lieu à travers tout le pays.

L'Institut libanais pour la démocratie et les droits de l'homme (LIFE), une ONG locale, a affirmé avoir répertorié une vingtaine d'attaques violentes contre des réfugiés syriens en septembre, dont des attaques à l'aide de couteaux et d'armes à feu. Dans certains cas, des réfugiés syriens ont été expulsés de bus ou de van. La majorité de ces attaques ont eu lieu dans la Békaa, Nabaa et Bourj Hammoud, deux quartiers de Beyrouth, et dans la banlieue sud de la capitale.

Selon les personnes interrogées, aucune enquête n'a été ouverte sur la grande majorité de ces incidents. Des suspects ont été arrêtés dans un cas uniquement, mais il n'était pas clair s'ils avaient fait l'objet de poursuites. Une des victimes a affirmé avoir voulu porter plainte à la gendarmerie le 6 septembre mais un officier lui avait rétorqué "qu'il ne fallait pas faire de la chose tout une affaire". Huit victimes ont affirmé ne pas avoir porté plainte craignant des représailles ou d'être elles-mêmes arrêtées. Selon des travailleurs humanitaires, une des victimes a même été menacée de mort si elle portait plainte au Haut commissariat aux réfugiés (HCR).


Les autorités libanaises devraient prendre des mesures immédiates pour enquêter sur ces abus et engager des poursuites contre les responsables de ces actes, indique l'ONG. Elles devraient aussi prendre des mesures sécuritaires dans les régions où la possibilité d'attaques est grande, souligne HRW.
"Attaquer des réfugiés ne ramènera pas les soldats capturés et ne résoudra pas la crise des réfugiés syriens. Ces attaques ne feront qu'accroitre leur misère, l'instabilité et l'insécurité au Liban", souligne M. Houry. Depuis la bataille d'Ersal, une trentaine de soldats et policiers libanais sont toujours aux mains des jihadistes du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaêda et du groupe jihadiste Etat islamique. Trois soldats ont déjà été exécutés, dont deux par décapitation.


HRW souligne que les responsables libanais devraient clairement condamner la violence. Certaines déclarations de responsables faisant assumer aux réfugiés syriens la responsabilité des incidents sécuritaires au Liban ne fera qu'exacerber la tension, avertit l'ONG.

 

Quelques cas :

HRW souligne ne pas avoir pu enquêter de manière indépendance sur ces cas.

 

Le témoignage d'Abdel Rahman à Bourj el-Brajné (banlieue-sud de Beyrouth) :

"Il y a environ trois mois (début août), une fausse rumeur selon laquelle j'étais membre d'une cellule terroriste dormante au Liban s'est propagée à Bourj el-Brajné. Évidemment, je ne le suis pas, mais c'est ce que les gens disaient. Chaque fois que je sortais de la maison, ils m'insultaient et lançaient leurs chaussures sur moi. Ils l'ont fait à d'autres Syriens aussi", raconte à HRW Abdel Rahman, un réfugié syrien qui vit à Bourj el-Brajné depuis 2013.

 

Le témoignage de Nadia à Bourj Hammoud

A Bourj Hammoud, un quartier de Beyrouth, des jeunes ont distribué début septembre des tracts ordonnant aux Syriens de partir. "Nous demandons aux citoyens syriens vivant à Bourj Hammoud d'évacuer la zone à partir du mardi 9 septembre à 18 heures et [la décision est prise] en solidarité avec les martyrs de l'armée libanaise", pouvait-on lire sur le tract.
"L'armée est entrée Bourj Hammoud, le même jour et les gens ont commencé à dire aux Syriens de partir, rapporte Nadia. Ils [les soldats] ont bouclé le quartier pendant un certain temps et n'ont laissé personne entrer. Ils ont dit que les Syriens devaient partir", raconte-t-elle encore. "Un Libanais en civil a marché dans notre rue avec un revolver en criant +où sont les Syriens?+", se souvient-elle. Les forces de sécurité étaient présentes, mais n'ont rien fait pour l'arrêter. Je me suis cachée dans la maison avec mon enfant".

 

A travers le Liban

A Mar Elias, dans la Békaa, un travailleur humanitaire a indiqué que début août, quatre jeunes Libanais se sont rendus dans un camp de réfugiés non officiel et ont attaqué un groupe de réfugiés syriens. A al-Hosnieh, dans le Akkar, le 9 août, "des hommes armés ont attaqué un camp non officiel qui abritait environ 400 réfugiés syriens. Ils ont agressé et insulté les Syriens. Ils ont menacé de revenir brûler les tentes et de tuer les réfugiés qui n'auraient pas quitté la zone", raconte l'humanitaire.

La nuit du 12 août, entre 22h30 et minuit, des personnes masquées ont attaqué 25 réfugiés syriens, rapporte un humanitaire ayant interrogé deux réfugiés syriens qui vivent dans un camp non officiel à Becharré, dans le nord du Liban. L'attaque était à la fois verbale et physique, elle avait pour objectif de faire fuir tous les réfugiés syriens de la région, estime l'humanitaire.

Dans la Békaa, un humanitaire raconte que son organisation a enregistré 16 incidents violents contre des réfugiés syriens lors de la seconde semaine de septembre. Cinq camps de réfugiés ont été incendiés, dont un qui a complètement brûlé, précise-t-il.

 

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commentaires (7)

HRW n'a pas de leçons à donner à notre armée et encore moins au sens de l'hospitalité des Libanais. Ces watcheurs de cacahouettes doivent savoir que les Syriens ont bien été accueillis tout comme les Palestiniens à l'époque. Mais CEUX qui commencent à porter des armes et s'ingèrent dans nos affaires inetrnes très compliquées et qui veulent arriver armés a Beyrouth, leur titre de "réfugiés" pert son sens et son statut.. Quand les Libanais ont été accueillis en Syrie en 2006, ils ont fait profil bas, payé et remercier à l'infini les frères Syriens et leurs responsables de leur accueil .. nous prétendons simplement la pareille.. et nous feront tout notre possible pour leur venir en aide humanitairement et fraternellement jusqu'à leur rentrée dans leur superbe pays , que nous espérons proches. A ce propos, les autorités Syriennes ont meme demandé leur retour.. Les hommes qui ne désirent pas rentrer pour fait de rebellion ou de terrorisme peuvent attendre mais les femmes et les enfants, y a pas de raisons...

Ali Farhat

21 h 52, le 30 septembre 2014

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Commentaires (7)

  • HRW n'a pas de leçons à donner à notre armée et encore moins au sens de l'hospitalité des Libanais. Ces watcheurs de cacahouettes doivent savoir que les Syriens ont bien été accueillis tout comme les Palestiniens à l'époque. Mais CEUX qui commencent à porter des armes et s'ingèrent dans nos affaires inetrnes très compliquées et qui veulent arriver armés a Beyrouth, leur titre de "réfugiés" pert son sens et son statut.. Quand les Libanais ont été accueillis en Syrie en 2006, ils ont fait profil bas, payé et remercier à l'infini les frères Syriens et leurs responsables de leur accueil .. nous prétendons simplement la pareille.. et nous feront tout notre possible pour leur venir en aide humanitairement et fraternellement jusqu'à leur rentrée dans leur superbe pays , que nous espérons proches. A ce propos, les autorités Syriennes ont meme demandé leur retour.. Les hommes qui ne désirent pas rentrer pour fait de rebellion ou de terrorisme peuvent attendre mais les femmes et les enfants, y a pas de raisons...

    Ali Farhat

    21 h 52, le 30 septembre 2014

  • FAUT LE COMPRENDRE... LES LIBANAIS NE SAVENT PLUS QUI EST QUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 30, le 30 septembre 2014

  • Les occicons nous ont toujours dit qu'ils connaissaient les bons "salafowahabites " des mechants . On attend qu'ils nous donnent la liste des bons refugies et des mechants , pour qu'on puisse faire comme eux , cad les aider a decamper ! comme ils ont fait avec ceux de Syrie .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 53, le 30 septembre 2014

  • Que Mme Human Rights Watch vienne au Liban s'occuper de rapatrier les réfugiés syriens en Syrie. Elle sera la bienvenue. Le Liban, un tout petit pays, n'a point la capacité de s'occuper de ces réfugiés.

    Halim Abou Chacra

    17 h 51, le 30 septembre 2014

  • Très difficile en effet de supporter autant de réfugiés sur le sol libanais, en plus des camps palestiniens, d'autant plus que nous savons que beaucoup de libanais vivent eux-mêmes des situations plus que difficiles. Ça n'empêche... Pas besoin de se transformer en sauvages, un peu honteux tout ça

    Atallah Mansour Simone

    16 h 11, le 30 septembre 2014

  • Oui, la présence des réfugiés syriens est devenue insupportable pour le Liban entier... Si certaines ONG internationales ne peuvent pas le comprendre, qu'elles les accueillent chez elles (peut-être qu'elles comprendront notre saturation) ou oeuvrent pour que les réfugiés rentrent chez eux... De plus, le gouvernement a d'autres soucis en tête que d'enquêter sur les abus de ce type... à commencer par régler les problèmes dus à la présence des réfugiés: sécurité, problèmes économiques... Quel mépris pour tout le mal que nous nous donnons jusqu'à présent pour eux...

    NAUFAL SORAYA

    16 h 07, le 30 septembre 2014

  • Difficile de supporter 1,1 million de réfugiés syriens sur le sol libanais . Les pays arabes devront les prendre.

    Sabbagha Antoine

    15 h 58, le 30 septembre 2014

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