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Lifestyle - Patrimoine

Mobilisation à Berlin pour sauver un pan du « mur de la honte »

Après des décennies d'abandon, la Köpenicker Strasse est devenue une rue très prisée des promoteurs immobiliers.

Un pan du mur de Berlin, situé sur le terrain de ce qui fut la « Eisfabrik » (usine de glace) près de la rivière Spree, est recouvert de graffitis et squatté par des sans-abri. Cette partie du « mur de la honte » est menacée de disparition par les promoteurs immobiliers, qui veulent faire du quartier un ensemble d’immeubles de luxe avec vue sur l’eau. Tobias Schwarz/AFP

Cerné par les herbes folles, un pan du mur de Berlin, flanqué d'un bunker aquatique, surplombe encore la Spree. Mais près de 25 ans après la chute de l'enceinte, ce témoignage du passé menace de disparaître.
Dans la frénésie qui a suivi le 9 novembre 1989, date de l'ouverture des frontières entre l'ex-Allemagne de l'Est et sa voisine de l'Ouest, les Berlinois se sont empressés de détruire le « mur de la honte » qui les avait séparés pendant 28 ans. Un quart de siècle plus tard, alors que les touristes se pressent sur les traces du mur, grandit en Allemagne le sentiment qu'il faut préserver les derniers vestiges de l'édifice, ancien épicentre de la guerre froide.
Sur la rive sud de la Spree, la rivière qui serpente dans Berlin, un pan de mur de 18 mètres de long, couvert de graffitis, surgit au bout d'un chemin, flanqué de lampes imposantes et de barrières hérissées de barbelés. Quelques pas plus loin, en contrebas, émerge le vestige le plus précieux pour les historiens : un bunker accolé au mur, qui abritait 3 des 26 vedettes à bord desquelles les gardes-côtes est-allemands patrouillaient à la recherche de fugitifs à la nage. Droit sortie d'un vieux James Bond, cette cave sombre et humide renferme encore un téléphone d'urgence remontant aux années 1960 et des gilets de sauvetage moisis accrochés aux murs.
Cet ensemble unique témoigne d'une époque où l'Allemagne de l'Est était prête à tuer ses propres citoyens plutôt que les laisser passer à l'Ouest, et permet de comprendre comment la RDA « sécurisait » ses frontières, soulignent les historiens. Il montre également qu'à Berlin, « la frontière n'était pas seulement faite de béton et de murs, mais aussi d'eau. Et pour préserver l'histoire, il faut des lieux comme celui-ci », explique Axel Klausmeier, directeur de la Fondation du mur de Berlin.
Parmi les 138 Berlinois de l'Est qui ont payé de leur vie leur tentative d'évasion, selon des chiffres officiels débattus par les historiens, plusieurs s'étaient aventurés dans la Spree. En ajoutant les fuyards de toute l'ex-RDA, tués près du rideau de fer, le nombre de victimes monte à 389 personnes minimum.
Pourtant, après des décennies d'abandon, la Köpenicker Strasse voisine est devenue une rue très prisée des promoteurs, à la limite entre les quartiers de Mitte et Kreuzberg, et voit fleurir les projets d'immeubles de luxe avec vue sur l'eau. La ville de Berlin voudrait nettoyer la zone, squattée par une communauté hétéroclite de campeurs sous tipi, pour y dessiner une piste cyclable et une route pour les livraisons et services d'urgence. Le projet a poussé l'historien de la culture, Eberhard Elfert, à fonder un groupe de pression pour défendre les vestiges du mur, baptisé « Luise Nord », du nom du quartier d'avant-guerre Luisenstadt. Selon Carsten Spallek, responsable de la construction à la mairie du quartier, aucune décision n'a encore été prise, et un site Internet a été créé pour recueillir les avis sur les projets d'aménagement.
Dans la capitale allemande, l'affaire rappelle la lutte autour de la célèbre East Side Gallery, le plus long pan du mur encore debout, recouvert d'œuvres d'artistes : en 2013, un projet menaçant une partie de l'enceinte avait provoqué une vaste mobilisation, attirant même la star américaine David Hasselhoff sur les lieux de son concert culte, donné en décembre 1989 près du mur en train de s'effondrer.
(Source : AFP)

Cerné par les herbes folles, un pan du mur de Berlin, flanqué d'un bunker aquatique, surplombe encore la Spree. Mais près de 25 ans après la chute de l'enceinte, ce témoignage du passé menace de disparaître.Dans la frénésie qui a suivi le 9 novembre 1989, date de l'ouverture des frontières entre l'ex-Allemagne de l'Est et sa voisine de l'Ouest, les Berlinois se sont empressés de...

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