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Culture - Installation

Entre l’inspiration et l’expiration... le souffle de Giuseppe Penone

Pour la première fois au Liban, l'artiste piémontais Giuseppe Penone occupe le Bac jusqu'au 29 novembre et y expose ses différentes œuvres qui s'articulent sur le souffle, vecteur de sa démarche.

Giuseppe Penone : au croisement d’un geste simple et d’un mouvement épuré, la sculpture et le dessin prennent forme. Photos Hassan Assal

En 1967, alors qu'il était le plus jeune membre de l'Arte Povera, Giuseppe Penone, né à Garessio dans le Piémont, s'est mis à mesurer son corps à la nature à travers des gestes très simples dont résultaient des actions éphémères. Dans le cadre de cette démarche nouvelle, l'acte artistique devenait avant tout le vecteur d'une transformation de soi et de l'environnement. Rappelons que l'Arte Povere se définit comme tel: «Recours à des matériaux naturels comme la terre, des éléments végétaux, minéraux, doublés d'un primitivisme des formes et des gestes créateurs. La pensée, qui préside à ce mouvement contemporain des événements de 1968, est contestataire, antimoderne, et réagit contre "l'art riche" de la société de consommation tel le pop art.»

Une démarche... plusieurs moyens
L'exposition au Bac présente ses dessins, sculptures, photographies et installations, mais aussi une documentation qui met l'accent sur la démarche de Penone. En effet, pour cet artiste, le processus importe plus que tout «L'idée se déclenche dans la matière même, y trouve sa correspondance, et c'est elle qui dicte la forme qui convient à cette idée, dit-il en expliquant ses œuvres. Tout ce processus se lit dans deux figures singulières de l'arbre. L'une, Propagazione (1997-2014), dessin repris et réalisé durant plusieurs jours sur le mur du Bac, est issue de l'empreinte digitale de l'artiste. Elle est la matrice d'une multitude de traits concentriques qui évoquent la croissance d'un tronc, ou l'expansion d'un son ou encore d'ondes.» Diamétralement opposé dans le même espace, Nel legno (dans le bois) est un bloc de bois coupé taillé par Penone. «J'ai essayé, dit l'artiste, de retrouver dans la masse du bois, la forme de l'arbre.» Au centre, un bas-relief monumental (peau de marbre et épines d'acacia) représente le monde végétal semblable au monde humain, fait de fibres et de veines. Là aussi, l'artiste expérimente et confronte les similitudes des deux mondes tout en évoquant le rejet et l'attraction de l'un et de l'autre. Deux roches posées sous cette toile explorent la capacité visuelle pour un homme de reconnaître deux formes naturelles pourtant semblables.

Le végétal au centre du travail
Deux installations majeures expliquent d'une manière évidente le rôle du souffle dans le travail de l'artiste. D'une part, dans Soffio di foglie, réalisée pour la première fois en 1979, Penone s'allonge sur une pile de feuilles de myrte et respire. Le corps crée alors une empreinte dans le tas alors que la respiration creuse une autre trace. Dans la pièce à côté, une série de photos baptisées Souffles soutient cette idée. Dans les bois, une sorte de nuée se déplace et rythme la photo. Comme un battement de cœur ou un cycle permanent et répétitif de la nature. La seconde grande installation (qui a nécessité une collaboration évidente de l'équipe du Beirut Art Center) consiste en une pièce tapissée de feuilles de laurier dans des cages. Elle invite le spectateur à effectuer un dialogue avec l'environnement naturel à travers la respiration.
D'autres élaborations expérimentales, notamment cette série de photomontages sur la manière de sculpter la forme ou encore ces lentilles qui retournent le regard vers l'intérieur, achèvent de donner au travail de Giuseppe Penone une cohérence axée sur le toucher, l'intuition et la sensibilité.
Penone, issu de l'Arte Povera, se fait l'héritier des bouleversements artistiques et devient sujet par «contact» avec la nature et le monde qui l'environne. Il est le lien vivant entre l'approche du matériau et une exploration des possibilités du corps.
Visites guidées ouvertes au public sur réservation mardi et jeudi à 12h30. Et d'autres sont proposées aux universités, écoles et associations sur rendez-vous.

Beirut Art Center, tél. 01/397018.

En 1967, alors qu'il était le plus jeune membre de l'Arte Povera, Giuseppe Penone, né à Garessio dans le Piémont, s'est mis à mesurer son corps à la nature à travers des gestes très simples dont résultaient des actions éphémères. Dans le cadre de cette démarche nouvelle, l'acte artistique devenait avant tout le vecteur d'une transformation de soi et de l'environnement. Rappelons que...

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