Le Liban doit continuer à être un exemple

Je suis avec beaucoup d'attention tout ce qui concerne le Moyen Orient, et spécialement le Liban, parce que je peux le dire: j'ai vieilli au Liban. Je suis la fondatrice de la Fundacion promoción social de la cultura. Je suis arrivée pour la première fois à Beyrouth en 1991 pour exposer les raisons qu'il y avait de rejeter un projet de développent que la Communauté économique européenne avait approuvé .
J'ai pu constater alors qu'il y avait beaucoup de
destructions. L'image que j'ai retenue de cette époque, c'est celle d'une quantité incroyable de débris. Je ne connaissais pas mon partenaire local. Je suis arrivée avec une amie, dans un aéroport en ruine, avec des militaires syriens qui pointaient sur nous leurs mitraillettes et qui prononçaient mon nom. La personne qui devait venir me chercher était en retard.
La Fundacion n'est pas une institution de l'Église catholique ; et le bailleur de fonds ne cherchait pas à avantager un groupe religieux particulier. Mais les personnes que je connaissais, des chrétiens, des musulmans, se présentaient en évoquant leur religion et leur confession comme un signe identitaire important.
Au bout de quelques semaines, après m'être rendue dans le pays tout entier, du Nord au Sud, et après avoir eu la chance de parler avec le pape Jean-Paul II, j'ai changé d'avis et j'ai accepté d'exécuter le projet. Grâce à quoi j'ai eu l'occasion de rencontrer des personnes magnifiques que je peux aujourd'hui qualifier d'amis.
Ces vingt-cinq ans de travail avec des musulmans et des chrétiens, dans les domaines de l'agriculture, de l'éducation, de l'édification des infrastructures, de soins aux personnes handicapées ont été enrichis de beaucoup d'anecdotes. Mais ce qui me pousse à vous écrire, c'est que je vous ai vu travailler ensemble, vous les Libanais, je vous ai vu reconstruire votre pays ensemble, je vous ai vu réussir ensemble. On me dit aujourd'hui que ce qui est à la base des derniers événements, c'est la désunion entre des gens qui ont une tradition commune, une longue histoire qui ne peut pas se perdre à cause des pressions extérieures.
Le Liban doit continuer à être un exemple de coexistence pacifique.

Pilar LARA
Fondatrice de la Fundación promoción social de la cultura