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Moyen Orient et Monde - Portrait craché #1 David Cameron

I am Enfant Terrible

Photo AFP

C'est un snobisme à rebours qui est le sien – discret, onctueux, british all the way, bien sûr, comme cela sied à un descendant, aussi adultérin soit-il, du roi Guillaume IV, et qui a épousé une fille de baronnet. Un snobisme contre sa nature et sa culture : il est l'un des rares leaders conservateurs britanniques à ne pas être issu d'une famille plutôt humble, comme la Thatcher ou John Major, et cela, visiblement, l'a toujours agacé, forcé à contrer ce qu'il est, comment il a grandi.
David Cameron est un (délicieux) sale gosse.
Cet homme finira un jour à la tête de l'Onu. Ou grand médiateur pour grandes crises internationales. En attendant, le plus jeune locataire du 10 Downing aura passé des années à casser le cliché. Surtout celui que ses compatriotes, enfants improbables de William Shakespeare et Agatha Christie, ou de David Bowie et Camilla Parker-Bowles-Windsor, auraient d'un Premier ministre Tories-parangon, aux origines nobles et qui a fait Eton et Oxford. Et pour casser, il casse. Il avoue préférer par-dessus tout The Smiths et leur new wave socio-glaciale, sans aller jusqu'à dire si sa chanson chérie du groupe est The Queen is Dead ou pas ; sans même prendre la peine de répondre à Morrissey, la tête et l'âme torturées de ces Smiths-là, qui l'avait envoyé se faire voir chez les Grecs. Il ouvre ses portes aux médias quand la seule tragédie contre nature, perdre un enfant, le chavire. Il rajeunit et féminise à tour de bras (de chemise) les cadres de son parti. Il étudie la philo et l'économie et se (sur)pique d'environnement. Il fait l'acteur dans un clip de... One Direction. Il défend le mariage gay parce que, martèle-t-il à tous ceux qui voudraient bien l'entendre, il est pur(ement) conservateur, que la famille est pour lui de la plus haute importance. Il monte Angela Merkel contre François Hollande, puis François Hollande contre Angela Merkel.
David Cameron est un proto-punk.
En attendant aussi, il multiplie les doigts d'honneur, toujours très courtois, très urbain même, à l'encontre de cette Union européenne et de ses fonctionnaires parfois un peu trop Kraftwerk et qui, en réalité, l'exaspèrent grandement. Balfourisé jusqu'à ce brushing pas toujours très sage, il rappelle souvent ses origines juives pour faire comprendre aux gouvernements israéliens, quels qu'ils soient, que Londres est fondamentalement, organiquement aux côtés de l'État hébreu. Ce qui ne l'empêchera pas, après la décapitation du Britannique David Haines, de dire que l'islam est une religion de paix et de bénédiction – idem lorsqu'un soldat a été assassiné en pleine rue dans la capitale du royaume. Et le PM britannique a bien failli aller en guerre tout seul, comme un grand, contre l'État islamique, alors, pour la première fois depuis des siècles, hérésie suprême, les USA n'auraient pas compté sur le Royaume-Uni : quelques mois plus tôt, les élus de la nation lui ont asséné une gifle monumentale lorsqu'ils avaient refusé que la Grande-Bretagne aille frapper Bachar el-Assad en Syrie. Heureusement qu'ils ont voté avec leur cerveau il y a quelques jours et autorisé les frappes contre l'EI en Irak.
David Cameron n'aime rien moins qu'on lui dise No.
Et pour entendre des oui, il est prêt à toutes les anamorphoses. D'ailleurs, le principal défi qui l'attend aujourd'hui est gigantesque. Le kiddo potache, fanfaron et potinier, cruel sans le vouloir, filmé sans le savoir, devra trouver le moyen de se faire pardonner par sa reine. Elle a ronronné de contentement : ce sont les mots qu'il a utilisés avec l'ex-maire de New York en parlant de ce scrutin écossais contre lequel, comme la souveraine, il s'est tellement investi qu'il a fini par ressembler à Jeanne d'Arc. Le pire ? C'est qu'il devra expliquer à Élisabeth II qu'il n'est pas (comme) Tony Blair, ce prédécesseur qu'il adore détester plus que tout ; qu'il n'est pas bling-bling, lui.
David Cameron est smart. Très smart. Prince et voyou.
Cela tombe bien : Brits just wanna have fun. Ils le rééliront.

C'est un snobisme à rebours qui est le sien – discret, onctueux, british all the way, bien sûr, comme cela sied à un descendant, aussi adultérin soit-il, du roi Guillaume IV, et qui a épousé une fille de baronnet. Un snobisme contre sa nature et sa culture : il est l'un des rares leaders conservateurs britanniques à ne pas être issu d'une famille plutôt humble, comme la Thatcher ou...

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