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À La Une - Discours

Nasrallah : Oui aux négociations sur les militaires otages, mais en position de force

Le chef du Hezbollah opposé à la participation du Liban dans la coalition internationale anti-Etat islamique.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d'un discours télévisé mardi soir. Capture d'écran de la chaîne al-Manar.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a abordé, mardi soir, dans un discours télévisé retransmis sur la chaîne al-Manar, l'affaire des militaires libanais pris en otage par les jihadistes en commençant par présenter ses condoléances aux familles des trois soldats exécutés, Ali Sayyed, Abbas Medlej et Mohammad Hamiyé.

Selon Nasrallah, l'affaire des militaires est "une cause nationale, humaine et morale". "Le but de tout le monde devrait être la libération de ces militaires, a souligné le chef du Hezbollah. Malheureusement, certains ont utilisé cette cause pour accuser les autres et pour régler des comptes. Certains ont même défendu les revendications des jihadistes".

Depuis les combats sanglants entre l'armée libanaise et les jihadistes ultra-radicaux à Ersal, dans la plaine orientale de la Békaa en août, une trentaine de soldats et policiers sont toujours retenus en otage. Trois d'entre eux ont déjà été exécutés par leurs ravisseurs du groupe Etat islamique (EI, ex-Daech) et du Front al-Nosra.

Pour relâcher les militaires, les jihadistes de confession sunnite exigent le retrait du Hezbollah de Syrie, où les combattants du parti chiite prêtent main forte aux troupes de Bachar el-Assad, ainsi que la libération de détenus islamistes dans la prison de Roumieh.

Mais le Hezbollah et son allié le Courant patriotique libre (CPL, de Michel Aoun) ne veulent entendre parler d'aucune forme de bazar avec l'EI et al-Nosra afin de ne pas porter atteinte, selon eux, au prestige et à la dignité de l'Etat. Le parti chiite a d'ailleurs été ouvertement accusé lundi par une partie des familles d'otages qui bloquaient plusieurs routes au Liban, dont un axe principal reliant Beyrouth à l'est du pays, d'entraver les efforts en cours pour les libérer.

Pour Hassan Nasrallah, "cette affaire est la responsabilité de l'Etat et toutes les parties sont appelées à collaborer à sa résolution". Dans ce contexte, il a indiqué que le Hezbollah "n'a jamais refusé le principe de négociations" avec les jihadistes pour libérer les militaires. Il s'agit, selon lui, d'"une logique légitime que l'Etat choisit d'adopter ou non". "Mais négocier n'est pas supplier ni mendier, a martelé le chef du Hezbollah. Négocier c'est utiliser des cartes que nous détenons face aux jihadistes. Il faut négocier en étant en position de force, car une position de faiblesse serait catastrophique pour les militaires".

(Lire aussi : Le père de Mohammad Hamiyé : L'État est responsable de la mort de mon fils)

 

"S'il y a un espoir que les militaires reviennent sains et saufs, c'est à travers une position forte et responsable, a insisté le chef du parti chiite. "Le Liban vit une réelle humiliation depuis quelques semaines en raison de l'attitude de certains responsables et cela ne peut aboutir à une solution", a-t-il déploré. 

Pour Hassan Nasrallah, il est du droit du Premier ministre Tammam Salam de refuser les négociations sous des menaces d'exécution. "Aucun Etat, aucune armée, aucun peuple au monde n'acceptent une telle soumission", a-t-il affirmé.  

Hassan Nasrallah a appelé "à faire ce qui aurait dû être fait dès le début" : "Laissons les enchères politiques et les mensonges de côté et soutenons le gouvernement dans les négociations et dans l'étude des revendications des ravisseurs".

 

Non aux représailles
Le chef du parti chiite a dans ce cadre critiqué les actes de représailles auxquels certains se sont livrés dernièrement. Il a dénoncé les attaques contre les réfugiés syriens et contre les civils innocents. "S'il s'agit d'une personne suspecte, il suffit d'alerter les autorités concernées", a-t-il ajouté. Nasrallah a également critiqué les contre-enlèvements qui, selon lui, ne servent qu'aux intérêts des takfiristes qui veulent semer la discorde au Liban. "D'ailleurs, c'est les takfiristes qui ont attaqué l'armée libanaise à Ersal dans le but de transposer le conflit (de Syrie) au Liban", a-t-il ajouté. Et le dignitaire chiite de souligner dans ce cadre : "Nous refusons d’être entraînés vers une guerre à l’intérieur du Liban et nous avons fait et faisons toujours d'énormes sacrifices pour respecter cet engagement".

 

Le conflit en Syrie a fortement déstabilisé le Liban, qui accueille plus d'un million de réfugiés et est divisé entre partisans et détracteurs du régime syrien. Les bastions du Hezbollah et des barrages de l'armée au Liban ont été visés à plusieurs reprises par des attentats sanglants depuis 2013. Les groupes qui revendiquent ces attaques affirment agir en représailles à l'engagement militaire du Hezbollah en Syrie et accusent l'armée d'être sous la coupe du parti chiite.

Les deux derniers attentats en date remontent à vendredi et à samedi derniers. Le premier a visé un camion militaire par une charge explosive de 10 Kg alors qu'il se dirigeait vers la ville de Ersal, et a fait deux tués et trois blessés dans les rangs de la troupe. Le deuxième a visé un barrage du Hezbollah, dans les environs de la localité de Khraybé, dans la Békaa, tuant des combattants du parti chiite.

Mardi encore, des hommes armés ont tué un soldat libanais dans la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, où des accrochages opposent régulièrement des sunnites extrémistes à l'armée, selon un communiqué militaire.

 

Non à la coalition anti-EI
Dans la deuxième partie de son discours, Hassan Nasrallah a évoqué la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, contre l'EI. "Tout le monde sait très bien que le Hezbollah est opposé à Daech, ce "monstre" qui menace tous les peuples de la région", a-t-il déclaré. "Nous sommes néanmoins contre la coalition internationale car nous sommes contre le principe de l'intervention militaire étrangère dans les pays de la région, quels que soient le but et la partie visée, a-t-il poursuivi. Partant de ce principe, nous sommes contre la participation du Liban à cette coalition".

 

(Repère : Coalition internationale contre l'EI : Qui va faire quoi?)

 

Expliquant les raisons de cette opposition, Hassan Nasrallah a souligné que "les Etats-Unis sont la source du terrorisme dans le monde, le plus grand soutien de l'Etat hébreu, source de terrorisme dans notre région, et un pays qui a participé à la création des courants takfiristes". Pour le chef du Hezbollah, "l'administration américaine cherche uniquement à défendre ses propres intérêts" dans la région. "Cette coalition, comme le répète (Barack) Obama dans tous ses discours, vise à défendre les intérêts américains (...) ce n'est que lorsque le danger (de l'EI) a commencé à menacer ces intérêts" que les Américains ont réagi, a-t-il dénoncé

En septembre, lors de la réunion arabo-américaine pour la lutte contre l'EI, à Djeddah, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a affirmé que le Liban est un partenaire à part entière dans la lutte contre le terrorisme, tout en précisant que la priorité est aujourd'hui à éradiquer la menace que représente l'EI. Le ministre des AE a encore affirmé qu'il est important de n'écarter aucun pays ni aucune force dans la lutte contre l'EI et qu'il faudra bien une résolution internationale pour rassembler tous les Etats dans cette guerre existentielle.

"Si cette coalition veut protéger le Liban, nous exigeons qu'elle arrête le financement, l'armement et l'entraînement des organisations terroristes qui attaquent le Liban, a lancé Hassan Nasrallah. "Nous appelons également à ce que ces pays aident le Liban à résoudre l'affaire des réfugiés syriens et accélèrent leur soutien à l’armée et aux forces de sécurité".

"Les Libanais sont capables de faire face à toute menace terroriste et toutes les régions libanaises doivent être protégées et le seront, a-t-il conclu. Il suffit pour cela que nous nous rallions tous derrière l'Etat et l’armée".

 

(Pour mémoire : « Pas de danger existentiel pour le Liban en cas de frappes internationales contre Daech... »)

 

Quelques heures avant le discours du chef du Hezbollah, la coalition anti-EI a pour la première fois attaqué par air et par mer des positions du groupe terroriste en Syrie, ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ces jihadistes cibles de frappes en Irak.  Il s'agit de la première intervention étrangère en Syrie depuis le début de la guerre civile en mars 2011 dans ce pays, où les jihadistes de l'EI occupent depuis 2013 de vastes régions dans le nord, frontalières de l'Irak et la Turquie. Cinq "nations partenaires" moyen-orientales -Jordanie, Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis- "ont participé ou appuyé" ces frappes, a indiqué mardi le Pentagone.

Le régime syrien de Bachar el-Assad, allié du Hezbollah et considéré comme illégitime par les Etats-Unis, a affirmé avoir été informé lundi de l'intention de Washington de frapper les positions jihadistes. Le président Bachar el-Assad a d'ailleurs affirmé mardi que son pays soutenait tout "effort international" visant à lutter contre le terrorisme. Selon M. Assad, "le succès de cet effort n'est pas seulement lié à l'action militaire - qui est importante - mais aussi à l'engagement des Etats à appliquer les résolutions internationales" ayant trait à la lutte contre le terrorisme.

 

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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a abordé, mardi soir, dans un discours télévisé retransmis sur la chaîne al-Manar, l'affaire des militaires libanais pris en otage par les jihadistes en commençant par présenter ses condoléances aux familles des trois soldats exécutés, Ali Sayyed, Abbas Medlej et Mohammad Hamiyé.
Selon Nasrallah, l'affaire des militaires est...

commentaires (2)

UNE CORRECTION DÛ AU CLAVIER QUI AVAIT SAUTÉ QUATRE MOTS. JE CORRIGE : LE DERNIÈRE LIGNE DE MA RÉACTION FINIT COMME SUIT : DISCOURS DE COQ AUX COQS DE BASSE-COUR. MERCI DE PUBLIER.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 57, le 24 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • UNE CORRECTION DÛ AU CLAVIER QUI AVAIT SAUTÉ QUATRE MOTS. JE CORRIGE : LE DERNIÈRE LIGNE DE MA RÉACTION FINIT COMME SUIT : DISCOURS DE COQ AUX COQS DE BASSE-COUR. MERCI DE PUBLIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 57, le 24 septembre 2014

  • DU : MA ALLI OU ILTILLOU... OU DRIBOU OU MA TIDRIBOU... PARAVENT-AOUN S'UTILISE AU GRÉ DE LA BRISE... PUIS TOUS DERRIÈRE L'ETAT ET L'ARMÉE SUR NOTRE TORPILLE... DICOURS DE BASSE-COUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 30, le 23 septembre 2014

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