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Moyen Orient et Monde - Le point

Arabia infelix

Inconsolables depuis la chute de l'imamat, en 1962, les houthis viennent d'obtenir un début de satisfaction avec l'accord conclu en week-end sous l'égide des Nations unies. Le document, dont la première conséquence aura été la démission du Premier ministre Mohammad Basindawa, suscite beaucoup plus de problèmes qu'il n'en résout et de questions qui demeurent pour l'instant sans réponses, en raison de l'extrême complexité d'une conjoncture qui n'a cessé de décourager l'une après l'autre de volontés bonnes peut-être, mais pas toujours désintéressées.
Avec une population d'une vingtaine de millions d'âmes dont 55 pour cent de sunnites chaféites et 45 pour cent (35 pour cent selon certaines sources) de zeidites (une branche du chiisme), une frontière avec l'Arabie saoudite, une union entre le Nord et le Sud réalisée en 1990 au forceps et qui n'a jamais été réellement viable, l'antique Arabia felix des Romains n'a cessé de traverser, avec plus ou moins de bonheur, les crises qui ont parsemé son existence. Jusqu'à l'irruption sur la scène politique (et militaire) d'un homme de religion, Hussein Badreddine el-Houthi, dont la rébellion, d'abord circonscrite à la province de Saada, ne devait pas tarder à gagner les gouvernorats de Hejjah, Amran, el-Jauf et même Jizane, dans le royaume wahhabite.
À Riyad où, depuis la désastreuse expédition entreprise dans la région par Abdel Nasser, existe une tendance à considérer le Yémen comme une chasse gardée, on n'a jamais hésité à intervenir pour influer sur le cours des événements, au besoin avec le soutien des États-Unis dont l'aviation devait prêter main-forte à l'armée, déclenchant en décembre 2009 non moins de 28 raids contre des position tenues par les rebelles. Avant le dernier round, les deux parties avaient eu recours aux armes à six reprises pour régler leurs différends portant aussi bien sur le retour au système du califat prévalant jusqu'au coup d'État de Abdallah Sallal (soutenu par l'Égypte nassérienne) que sur le sous-développement des zones chiites.
Il est douteux que le dernier accord, prévoyant la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale, le retour de l'autorité centrale dans les zones rebelles et la désignation de conseillers chiites et sunnites auprès du chef de l'État, tienne au-delà d'un laps de temps limité tant la méfiance est grande de part et d'autre. Les zeidites, regroupés désormais sous la bannière des Ansarullah, sont soupçonnés par leurs adversaires de vouloir installer un État dans l'État, contrôler le gouvernement et disposer d'une forme d'autonomie que l'autorité centrale, déjà confrontée à un retour de l'irrédentisme du Sud, n'est pas disposée à leur accorder.
Plutôt que de voir se poursuivre les combats en cours jusqu'à samedi dernier, le président Abed Rabbo Mansour el-Hadi a voulu, avant même un début de normalisation, brusquer les choses « pour éviter à la nation une nouvelle épreuve ».
Les efforts en cours tendent à éviter des débordements dont les pays voisins, l'Arabie saoudite et Bahreïn principalement, mais aussi l'ancienne République démocratique populaire du Yémen (Sud), feraient les frais. D'un bout à l'autre du Golfe, on se dit convaincu aujourd'hui que les développements intervenus ces dernières semaines sont l'œuvre de la République islamique qui tente ainsi de parachever la mise en place d'un vaste arc de cercle allant du Liban au Yémen, en passant par la Syrie et l'Irak. Le problème pour Téhéran, c'est qu'en Syrie tout comme en Irak, rien ne se déroule comme prévu, surtout depuis l'entrée en lice « sélective » de l'aviation US. Malgré cela, les hommes de Abdel Malek el-Houthi, qui a succédé à son frère alors que leur père Badreddine a été intronisé chef spirituel de la communauté, demeurent sur le pied de guerre.
Le monde arabe ne trouve apparemment pas à redire au fait que jadis les Saoudiens avaient soutenu la lutte de l'imam Badr, un zeidite issu d'une secte qui avait gouverné le pays un millier d'années durant, contre des putschistes sunnites. Pas plus qu'il n'esquisse un semblant de dénonciation – pour l'heure à tout le moins... – de l'intrusion des houthis dans la vie publique. C'est qu'il y a plus grave dans l'immédiat et plus prioritaire. Le temps consacré à régler les mille et un problèmes irakiens et syriens sera mis ainsi à profit par les hommes de Saada pour parachever la consolidation de leur emprise sur l'administration, l'armée, les forces de sécurité et même l'économie. Ce qui s'appelle de la macropolitique.

Inconsolables depuis la chute de l'imamat, en 1962, les houthis viennent d'obtenir un début de satisfaction avec l'accord conclu en week-end sous l'égide des Nations unies. Le document, dont la première conséquence aura été la démission du Premier ministre Mohammad Basindawa, suscite beaucoup plus de problèmes qu'il n'en résout et de questions qui demeurent pour l'instant sans réponses,...

commentaires (2)

C'EST QUE LES CHIITES QUI FORMENT PRESQUE LA MOITIÉ DE LA POPULATION AVAIENT ÉTÉ MARGINALISÉS POUR DES DÉCENNIES ET PLUS ! L'IRAN A AIDÉ CERTES, MAIS IL A AIDÉ L'ÉQUITÉ DANS LE CAS DU YÉMEN !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 16, le 23 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • C'EST QUE LES CHIITES QUI FORMENT PRESQUE LA MOITIÉ DE LA POPULATION AVAIENT ÉTÉ MARGINALISÉS POUR DES DÉCENNIES ET PLUS ! L'IRAN A AIDÉ CERTES, MAIS IL A AIDÉ L'ÉQUITÉ DANS LE CAS DU YÉMEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 23 septembre 2014

  • Dans l'antique Arabia felix des romains, il n'y avait ni sunnisme ni chiisme, ni sunnites ni chiites. C'est pourquoi c'était l'Arabia felix. Avec chafeites sunnites et zeidites chiites, c'est devenu l'Arabia infelix depuis très, très longtemps.

    Halim Abou Chacra

    03 h 05, le 23 septembre 2014

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