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Lifestyle - Loisirs

« Wurst » et bière à gogo à l’Oktoberfest d’une Munich en liesse

Des défilés en costumes traditionnels bavarois, de la bière, des « wurst » (saucisses), de la choucroute et une foule immense en liesse. Boire, chanter, aimer, comme le titre de la valse de Strauss. Par-delà cette gigantesque fête foraine populaire, l'« Oktoberfest » de Munich a ouvert les portes d'une ville, loin de toute morosité, ivre de vivre dans la joie...

Ripailles et chopes de bière... Gargantuesque et pantagruélique !

La capitale bavaroise parade et pavoise. Sous des cumulus menaçants. Pluie fine par intermittence car le soleil fait sa mijaurée... Depuis un bout de temps déjà, toutes les vitrines des magasins exhibent « Lederhose » (pantalon ou culotte de peau) et « Dirndl » (robes aux manches bouffantes, rubans et tablier), ainsi que chapeaux à plumes, fleurettes des champs ou minibottes de radis... Voilà une population au sens civique incomparable et où les chiens sont si bien dressés qu'on ne les entend presque jamais aboyer... « Cools » sont ces citoyens germaniques qui se réveillent à l'approche de la fête de la bière. Pour la célébrer joyeusement en famille. Avec les enfants et les vieux au-devant de la scène. Et les amis aussi ! Ils répondent présent à l'événement, sans faux-pas. Avec cœur et enthousiasme, sans parler de ce grain de fierté d'un patrimoine soigneusement entretenu. Sur des rues et des places publiques noires de gens avec leurs parapluies ouverts ce matin-là...
En ce samedi de septembre, premier week-end après le 15 du même mois, s'ouvrent les festivités. Déjà les rues, depuis jeudi matin, sont envahies par des groupes de jeunes qui s'assemblent aux coins des trottoirs avec chaises pliables, lits de fortune et baluchons à même le sol. Mais renseignement pris, il s'agit aussi de la ruée pour l'attente et l'achat des iPhone 6 de Apple dont le lancement sur le marché est prévu pour la veille de l'ouverture de la ronde des blondes... Un effervescent apprêt pour assemblement, groupement, regroupement, bain de foule, ripailles, zizique, Luna Parks et chopes de bière. Gargantuesques !
Plus de 6 millions de visiteurs en deux semaines et plus de 6 millions de litres de bière. Plus d'une dizaine de tentes colossales pour « wurster », « kartoffler » (le kartoffel étant la pomme de terre, richesse agricole de la région) et « brezeler » (le brezel est la galette de pain salée pour tout encas de la journée) avec opulence, en toute gourmande convivialité. Une nouba sans frein, un défilé de costumes, une débauche de couleurs, une kermesse de tous crins et où jamais, depuis des lustres, aucun sérieusement fâcheux incident n'est venu ternir l'atmosphère...

Une tradition qui remonte à 1810
À midi pile, après que le maire Dieter Reiter, d'un coup de maillet sur le tonneau (en fait quatre coups, ne rompant guère le record des deux coups du maire sortant de l'année dernière), libère le premier flot de bière des fûts fraîchement débarqués des brasseries, le « la » est donné. Avec sa déclaration de « O'zapft is » (la bière est tirée), les festivités commencent... Haro sur toute mesure et « Willkommen » frénésie !
Sur les grandes artères et les grandes places (Marienplatz, Theresienwiese) littéralement prises d'assaut, l'animation bat son plein. Les cortèges des métiers de la brasserie, en fringants habits folkloriques bavarois, colorés, bariolés et pimpants comme des sous neufs, rivalisent avec les chars décorés, fleuris et tirés par des chevaux aux sabots lourds. Une fanfare endimanchée les précède ou les suit.
Une tradition qui remonte à 1810, entamée à l'occasion du mariage du futur roi Louis Ier de Bavière avec la princesse Thérèse de Saxe-Hildburghausen. Tradition qui s'est imposée et perpétrée avec succès avec le temps. Mais qui a été interrompue au cours de l'histoire avec les Première et Seconde Guerres mondiales, et lors d'une épidémie de choléra. Ruptures vite épongées, l'instinct de bougeotte, de liberté, d'exaltation et d'expression positive prenant péremptoirement le dessus. Pour l'image de marque et d'accueil de la troisième ville du pays de Lorelei. Rendez-vous incontournable des Allemands amoureux de la bière, mais aussi des Américains et des Italiens qui ne sont pas en reste et viennent nombreux pour ces dionysiaques libations.
Par la même occasion, l'Oktoberfest est aussi une révélation de la gastronomie bavaroise. Dans toute sa plantureuse confection culinaire où le gras a des atouts alléchants : poissons, quenelles, cochonnailles et un riche assortiment de salades de pommes de terre. Et non seulement des frites pour ceux qui seraient en manque d'imagination alimentaire. Poulets et canards (« Hendl » et « Ente ») sont aussi des favoris sur les comptoirs de demande à la buvette. Sans oublier ces délicieux « Käsekuchen » ou gâteaux au fromage, ces savoureux « Strudel » aux pommes, aux prunes, le « Kaiserschmarrn » (version allemande des pancakes)... En gardant en tête que pour faire gogaille ou bombance, le prix d'une bière actuellement est de 10 euros !

Vaste et mouvante rencontre humaine
Sans nul doute, cet événement est des plus spectaculaires. Au sens premier du terme. Avec un aspect de fête foraine proche de l'agitation du cirque ou des jeux d'acrobatie et d'amusement tels que grandes roues, toboggans, balançoires, carrousels ou « Zug » (trains) qui zigzaguent sur des rails provisoires... Tout au plaisir et folâtreries des petits et des grands !
Une fête n'est jamais complète sans la musique. Et là elle y est en force et partout. En fanfare, en groupes fantaisistes, en petits ensembles, en miniorchestres. En plein air ou sous « gazebo ». Tous jouant des airs folkloriques bavarois, mais aussi des mélodies plus connues internationalement. « Macarena » et mambo voisinent brusquement avec des airs aux flonflons venus des profondeurs des villages avoisinants. Une musique à deux ou trois temps. Vive et martiale. De préférence pour battre des mains, dodeliner de la tête et avoir la cheville frétillante. Autrement dit, une musique à rythme. Une musique qui vibrionne et jette du baume sur le cœur. Pour tourbillonner, jeter aux orties les humeurs sombres, avoir l'esprit léger et prendre allègrement le pas et la taille à ces flots écumants de bière, blonde, brune ou rousse...
Munich, la ville du moine (munch, le moine, le moinillon, l'emblème des lieux), se transforme, en cette fin de septembre vaguement ensoleillée et mouillée par la bruine, en une vaste et mouvante rencontre humaine. Bigarrée, émoustillée et gentiment éméchée. Affichant avec désinvolture bonne humeur et insouciance. Un véritable raz-de-marée humain à chapiteaux ouverts et fermés (les toitures en bois pour mégaconvivialité ont commencé à être érigées dès août), grouillant de vitalité, fourmillant et exubérant comme un forum. Un forum où la rafraîchissante boisson, née de l'orge, du houblon et du malt, est le langage commun d'un tonitruant capharnaüm.
On trinque, on sourit, on fait un brin de causette, on se lâche, on chantonne, on fredonne. En coude-à-coude, sur des tables d'internat. Mais en version libre et festive ! Les regards ne sont jamais ni ternes ni indifférents. Tout simplement humains et chaleureux. Le fanatisme ici n'a pas de prise ! Sauf celui de mettre une note bleue au quotidien. Allez, « Prost ». À la vôtre ! « Késsak », diraient les Libanais. En cognant bruyamment pintes de bière contre bocks débordants, tout en louchant du côté d'un « Maß » ou d'un Tankard (place aux Anglais aussi en la matière) pour une tournée nouvelle, encore plus étourdissante, plus euphorisante. Ah, ce plaisir du vertige qui guette et titille...
Une ville bulle de joie de vivre que celle de Munich en sa rabelaisienne Oktoberfest. Entre panses gonflées et urgente nécessité d'uriner– torrents de boissons oblige–, les toilettes sont des lieux encombrés. Avec longue file pour dames qui attendent sagement et, côté messieurs, des vespasiennes à allure d'interminables gouttières, facilitant, sans complexe, l'alcool aidant sans doute, avec voix haute de stentor, blagues grivoises et grasses ! Par ailleurs, ce qu'il y a dans l'assiette, entre deux bouchées copieusement arrosées de bière, ressemble souvent à des agapes pantagruéliques. Voilà une détonante joie de vivre. Sainement contagieuse.
C'est comme ça, il y a des villes guillerettes qui savent conjurer toute noirceur et cultiver le bonheur. Pour leurs citoyens ainsi que pour les gens de passage. Car la joie, comme le pain, le sel et la bière, se partage...

La capitale bavaroise parade et pavoise. Sous des cumulus menaçants. Pluie fine par intermittence car le soleil fait sa mijaurée... Depuis un bout de temps déjà, toutes les vitrines des magasins exhibent « Lederhose » (pantalon ou culotte de peau) et « Dirndl » (robes aux manches bouffantes, rubans et tablier), ainsi que chapeaux à plumes, fleurettes des champs ou minibottes de...

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