Neuc cède face à la pression des journaliers

Une partie des journaliers d'Électricité du Liban ont bloqué, hier matin, l'accès du siège de la National Electrical Utility Company (Neuc), situé dans l'immeuble Royal Tower, à Beyrouth, selon un communiqué. Rappelons que Neuc, Bus et KVA sont les trois prestataires de services privés liés à EDL depuis 2012 pour sous-traiter une partie de l'activité du fournisseur d'électricité. Les personnes mobilisées affirment avoir mené cette action afin de contester le licenciement de cinq d'entre eux à Jezzine, ainsi que pour réclamer le paiement de leurs salaires pour le mois d'août. Sur place, un des journaliers a commencé à s'automutiler, alors qu'un autre s'est aspergé d'essence avant de menacer de s'immoler par le feu.
Ces débordements ont eu lieu après l'annonce faite par Neuc informant que sa décision concernant les revendications sociales des grévistes ne serait pas arrêtée avant une période de « 5 ou 6 jours ». Le prestataire de services devait d'ailleurs finir par céder en début d'après-midi à une partie des exigences des journaliers, lesquels ont alors levé le siège afin de poursuivre leur effort de mobilisation devant le bâtiment d'EDL à la corniche du Fleuve. De son côté, l'un des membres-clefs du Comité des journaliers, Ahmad Chouaib, s'est exprimé pour rappeler la nature « sociale » de son mouvement, refusant que ce dernier soit associé à toute forme de manœuvre politique sous-jacente.
En parallèle, le président de l'Union générale des syndicats des travailleurs du Liban, Maroun el-Khaouli, a vivement critiqué le « manque d'initiative » du gouvernement dans la gestion de la crise d'approvisionnement en électricité et en eau que traverse actuellement le pays. M. Khaouli a ainsi déploré que « le niveau de la pénurie et du rationnement a atteint des sommets inégalés, même pendant la guerre civile ». Il a également mis en garde contre les conséquences directes de la défaillance des pouvoirs publics sur le marché local de l'énergie domestique, pointant du doigt le monopole incontrôlé des propriétaires de générateurs privés et de réservoirs d'eau, dont il a réclamé la « nationalisation ». M. Khaouli a enfin directement reproché au ministre de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, de « fuir ses responsabilités ». À noter que ce dernier effectuait hier une tournée d'inspection sur les chantiers de barrages hydrauliques de Beqaata et de Chabrouh.