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Liban - La situation

Militaires enlevés : la logique de l’affrontement est en marche

Des militaires portant le cercueil du soldat Ali Ahmed Hammadi al-Kharrat, tué vendredi dans une attaque ayant visé l'armée près de Ersal. Ali Hashisho/Reuters

En dépit de l'angoisse légitime des parents des otages militaires, chez qui les langues se délient de plus en plus pour réclamer que tout soit fait afin de faciliter la libération de leurs fils ; en dépit aussi de la claire inflexion dans la position du chef du PSP, Walid Joumblatt, qui a envisagé hier, pour la première fois, la possibilité d'un « échange » entre les otages et des détenus islamistes à la prison de Roumieh, l'option de l'affrontement entre l'État et les terroristes jihadistes de l'État islamique (EI, ex-Daech) et du Front al-Nosra paraît pour le moment inévitable.

C'est ce qui ressort essentiellement des propos tenus samedi par le Premier ministre, Tammam Salam, à sa sortie d'une entrevue avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et avant la réunion sécuritaire qu'il devait diriger un peu plus tard au Grand Sérail.

En précipitant le meurtre du soldat Mohammad Hamiyé, les terroristes avaient, si l'on ose dire, facilité la tâche à M. Salam. Avant l'annonce de ce nouveau meurtre, il assistait en effet à la montée des divisions au sein de son cabinet autour des moyens qui devraient être mis en œuvre pour obtenir la libération des otages, certaines composantes du gouvernement plaidant pour que l'État mette de l'eau dans son vin et fasse écho positivement aux cris de douleur des familles des soldats retenus.

(Lire aussi : Le père de Mohammad Hamiyé : L'État est responsable de la mort de mon fils)

Mais cet assassinat fait le jeu des radicaux du gouvernement – essentiellement le Hezbollah et le CPL – qui ne veulent entendre parler d'aucune forme de bazar avec Daech et al-Nosra. Le Hezb a d'ailleurs été ouvertement accusé hier par une partie des familles d'otages d'entraver les efforts en cours pour les libérer.
D'un point de vue purement technique, souligne-t-on dans les milieux qualifiés, il est très difficile pour l'État libanais d'entériner l'idée d'un échange pur et simple avec les détenus islamistes de Roumieh. Parmi ceux-ci, il y a des condamnés qui ne peuvent être libérés que suite à une grâce présidentielle ou à une amnistie spéciale votée par la Chambre. Or, il n'y a guère de président à l'heure actuelle au Liban et bien d'eau coulera sous les ponts avant que le Parlement soit en mesure de se réunir pour voter une telle amnistie.

Le gouvernement continue donc de se rabattre, sans se faire trop d'illusions, sur les efforts indirects menés par le biais du Qatar en espérant que la tentation financière induite par la présence d'un tel médiateur puisse faire son effet.

(Lire aussi : L'armée réaffirme son droit d'utiliser « tous les moyens » pour combattre les terroristes)

Dans l'intervalle, l'attention restera rivée sur la Békaa-Nord, et en particulier sur cette « zone de guerre » adjacente du Qalamoun syrien – censé avoir été « nettoyé » l'hiver dernier – et qui couvre un périmètre s'étirant en longueur des hauteurs de Ersal jusqu'à Khraybé. C'est à proximité de ce village qu'un attentat à l'explosif a été perpétré samedi soir contre une position du Hezbollah. Comme on pouvait s'y attendre, les détails de cette attaque demeurent parfaitement obscurs, la presse n'ayant été autorisée à visiter le site qu'hier après-midi.

Sur le plan politique, et alors que le Premier ministre s'apprête ce lundi à se rendre à New York pour prendre part à l'Assemblée générale de l'Onu, les tractations en cours en vue d'un accord sur la tenue d'une séance législative du Parlement semblent avoir sérieusement progressé. Une réunion du bureau de la Chambre aurait lieu dans les prochains jours afin de préparer cette séance, qui devrait être consacrée uniquement aux dossiers urgents, à l'instar de la grille des salaires dans le secteur public.
D'aucuns voient déjà dans ce possible déblocage la perspective d'un marché incluant, en premier lieu, la prorogation de la législature puis, peut-être, le règlement de la crise présidentielle.


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commentaires (4)

Il ne fallait pas aller les chercher. Ils faisaient leur guerre avec le boucher de Damas chez eux, eh bien tant pis pour lui et pour eux. Maintenant les voici chez nous a cause, encore une fois, des victoires a la Pyrrhus du Hezbollah qui fait tout pour nous entraîner de gré ou de force dans le giron de la Syrie et de ses déboires. Quand aux usurpateurs de terre, leur seul et bon alliés sont ceux qui leur donnent toutes les raisons de nous détruire a petit feu, gué-guerre après gué-guerre pour ne jamais nous laissez prospérer.

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 54, le 22 septembre 2014

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Commentaires (4)

  • Il ne fallait pas aller les chercher. Ils faisaient leur guerre avec le boucher de Damas chez eux, eh bien tant pis pour lui et pour eux. Maintenant les voici chez nous a cause, encore une fois, des victoires a la Pyrrhus du Hezbollah qui fait tout pour nous entraîner de gré ou de force dans le giron de la Syrie et de ses déboires. Quand aux usurpateurs de terre, leur seul et bon alliés sont ceux qui leur donnent toutes les raisons de nous détruire a petit feu, gué-guerre après gué-guerre pour ne jamais nous laissez prospérer.

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 54, le 22 septembre 2014

  • There is no way out . Il faut leur rentrer dans leur lard de cochon a ces salafowahabites allies a l'ususrpateur de terre !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 24, le 22 septembre 2014

  • L'état doit se montrer ferme et intransigeant: Ou bien tous les soldats enlevés sont libérés sur-le-champ ou bien il exécute publiquement un prisonnier toutes les heures; et pour chaque nouveau soldat enlevé, 10 prisonniers seront alignés sur le mur et fusilliés dans l'heure qui suit l'enlèvement. En même temps, il fait donner l'assaut pour éradiquer là où ils se trouvent ces barbares d'un autre âge.

    Paul-René Safa

    09 h 32, le 22 septembre 2014

  • LA SITUATION. "L'option de l'affrontement entre l'Etat et les terroristes jihadistes de l'Etat islamique (EI, ex-Daech) et du Front al-Nosra paraît pour le moment inévitable" ? Mais c'est étonnant ça ! Il n'est pas resté un mollah, un cacique, un député du Hezbollah sans nous vociférer tous les jours, à toutes les heures : "sans notre intervention (entendre notre jihad) en Syrie, les takfiristes seraient arrivés même à Beyrouth" ? Comment se fait-il alors que ces takfiristes jihadistes criminels se sont rassemblés par centaines et peut-être par milliers dans le jurd de la Békaa-Nord, ont envahi Ersal, mené la plus lâche attaque contre notre armée, enlevé des dizaines de ses soldats, égorgent maintenant ces derniers l'un après l'autre et menacent d'un nouveau round lâche mais "inévitable" ? Quelle question, répondent les sources bien informées à cette question ! Ceux qui la posent ne savent-ils pas que la libération de Jérusalem au Qalamoun n'a fait que chasser et concentrer ces maudits takfiristes au jurd de la Békaa-Nord et que c'est exactement ça qu'a toujours voulu le petit Hitler de Damas en guise de cadeau, cette fois le plus monstrueusement empoisonné au Liban qu'il "chérit" tant ? Oui, il faut le dire en arabe "mouchabrah" : le Hezbollah est 100% responsable de la transposition de la sale et maudite guerre sectaire syrienne au Liban et de toutes ses conséquences. "wnoqtat 3ala al-satr" !

    Halim Abou Chacra

    04 h 30, le 22 septembre 2014

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