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Liban

Bassil privilégie une rencontre avec la diaspora à une réunion sécuritaire à l’Onu

« Investir pour rester », une initiative lancée par le ministère et Philippe Ziadé, un homme d’affaires qui a réussi au Nevada dans le domaine de l’immobilier.

Le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil était bien présent ce week-end aux États-Unis, mais il n'a pas pour autant participé à la réunion des ministres des Affaires étrangères qui se tenait au Conseil de sécurité à New York. En effet, le ministre s'était excusé auprès de son homologue américain John Kerry de ne pas pouvoir participer à la réunion, refusant d'abord de révéler l'objectif de sa visite, qui s'est finalement avérée être en rapport avec la diaspora. Gebran Bassil a en effet rencontré de nombreux émigrés libanais lors de sa tournée américaine et a notamment lancé le projet « Investir pour rester ».

Un expert en émigration a noté que « les efforts du chef de la diplomatie libanaise pour rester en contact avec la diaspora sont bons et importants », mais que M. Bassil aurait pu ajourner sa rencontre avec les émigrés puisqu'il compte rester en tout cas aux États-Unis pour quelques jours. Une source autorisée a estimé pour sa part que le ministre des Affaires étrangères a peut-être tenté d'éviter de s'impliquer dans une réunion concernant la lutte contre l'État islamique, surtout après sa participation à une réunion à ce sujet en Arabie saoudite et à une autre en France. Une réunion à laquelle avait appelé le président français François Hollande et après laquelle le ministre Bassil a dû subir les critiques de ses alliés du 8 Mars, notamment celles du chef du Courant patriotique libre Michel Aoun qui avait appelé le ministre au téléphone pour le sommer de changer de position avant de rentrer à Beyrouth, et d'affirmer que le Liban ne fait partie d'aucun axe et qu'il ne peut se ranger dans l'alliance arabo-américaine.

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Un responsable ministériel a quant à lui critiqué le fait que le ministre ait préféré la réunion des émigrés à celle du Conseil de sécurité qui traite des crimes de Daech en Irak et en Syrie. « Le ministre aurait dû être présent pour montrer, vidéo à l'appui, les crimes perpétrés par le groupe terroriste contre des soldats libanais et œuvrer pour la libération des 25 otages, a noté le responsable. Le représentant permanent du Liban auprès de l'Onu Nawaf Salam a pourtant prononcé une allocution remarquable appelant la communauté internationale à soutenir le Liban dans sa lutte contre l'État islamique et à armer davantage la troupe libanaise. »

Et le responsable d'ajouter : « Le communiqué publié à l'issue de la réunion a mentionné le Liban parmi les pays qui s'opposent aux agressions de Daech mais sans mentionner une intervention militaire. Un diplomate présent a toutefois mis l'accent sur les exploits de l'armée libanaise, qui a prouvé qu'elle était capable de contrer toute attaque de Daech et du Front al-Nosra, et qu'il faut nettoyer le jurd de Ersal des terroristes avant que la discorde ne s'étende aux frontières. »

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Si Gebran Bassil n'a pas participé à la réunion de sécurité concernant Daech, il n'a toutefois pas oublié d'aborder le dossier des otages lors d'un meeting qui s'est tenu hier avec la diaspora libanaise à Los Angeles. Le ministre a sur ce plan assuré que « le gouvernement fait ce qu'il faut pour obtenir la libération des militaires ».
« Nous ne devons pas ployer sous la menace de l'enlèvement et nous ne voulons pas que le Liban soit pris en otage. Nous sommes attachés à la sécurité des soldats et de l'armée libanaise. Nous avons besoin d'un langage ferme et décisif face à la barbarie pour ne pas assister à la prise en otage de l'institution militaire tout entière après le rapt des 28 militaires », a-t-il clamé. Le ministre s'est par ailleurs dit surpris par les déclarations sur la prorogation du mandat du Parlement pour trois ans, assurant que « l'atteinte au prestige de l'État favorise à chaque fois le chaos, qui facilite l'implantation de groupes comme Daech ». « Vous constatez que nous patientons sans broncher et sommes toujours au sein du gouvernement d'unité nationale. C'est parce que nous sommes inquiets pour le pays et que nous ne voulons pas qu'il glisse vers le chaos », a-t-il ajouté.

(Pour mémoire : Le Liban réclame l'éradication de l'EI)

Concernant la participation du Liban à l'alliance pour la lutte contre l'État islamique, M. Bassil a affirmé que « notre pays a participé politiquement à cet appel ». « Le Liban combat en effet Daech sur son territoire et nous sommes au cœur de la bataille. Nous avons aussi participé car cette alliance internationale est correcte et ne compte pas régler de comptes politiques ni dans la région ni dans le monde. Nous avons surtout besoin d'extraire le concept de l'État islamique de la pensée. Cela nous pousse à jouer un rôle en toute connaissance de cause en Orient et à encourager la modération islamique pour combattre ce fléau. Mais le Liban ne constituera pas une zone de combat des forces étrangères contre l'EI dans la région ni un passage aérien. La lutte a déjà lieu sur notre territoire. Ceux qui veulent nous aider doivent soutenir notre armée. Nous avons besoin d'armes, d'avions militaires et de sources de financement », a-t-il martelé.

Sur un autre plan, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux émigrés « de ne pas oublier leur langue maternelle ». « Notre ministère fournit des efforts en coopération avec le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur afin d'édifier des établissements scolaires libanais dans les pays de l'émigration », a déclaré le ministre, qui a exhorté les émigrés « à encourager leurs familles restées au pays à s'attacher au Liban » et à acheter les produits libanais. Il a également réitéré son appel en faveur d'une participation des émigrés aux législatives, avant de les appeler à investir au pays à travers le projet intitulé « Investir pour rester ».

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La veille, en effet, Gebran Bassil avait lancé ce projet qui vient dans le prolongement de la conférence que le ministère avait organisée il y a quelques mois pour exploiter les capacités de la diaspora libanaise. Le projet vise à encourager les investissements des émigrés dans les pays où ils se trouvent, quitte à ce que 20 pour cent des profits soient réinvestis au Liban. Lors de la cérémonie de lancement du projet, des nombreux émigrés étaient présents, notamment le superviseur du projet en Californie, Philippe Ziadé, qui a affirmé qu'il compte construire bientôt des appartements à Los Angeles à ses propres frais, quitte à réinvestir les profits au Liban. Pour sa part, la réalisatrice Rouba Zaarour et le producteur Ron Senkowski, qui produisent actuellement une adaptation cinématographique du livre Le Prophète de Gebran Khalil Gebran, ont annoncé qu'une partie des profits sera offerte au Liban. De son côté, le ministre Bassil a affirmé qu'un décret ministériel sera publié bientôt par le gouvernement afin d'impliquer tous les ministères dans la cause de l'investissement au pays, souhaitant la création d'une maison de l'émigration libano-américaine, comme cela a été le cas en Russie et en Australie.

Par ailleurs, notons que le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, a quitté samedi Beyrouth pour New York afin de participer aux travaux de l'Assemblée générale des Nations unies visant à assurer l'aide nécessaire au Liban pour l'éducation des 350 000 déplacés syriens qui n'ont pas pu intégrer les écoles libanaises.


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