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À La Une - Soldats enlevés

Le gouvernement libanais persiste et signe : pas de compromis aux dépens de l'armée

Après Mohammad Hamiyé, al-Nosra menace d’exécuter le soldat Ali el-Bazzal ; l’armée bombarde violemment des positions des jihadistes dans le jurd de Ersal.

Des militaires pleurant la mort du soldat Ali Ahmed Hammadi al-Kharrat, tué vendredi dans une attaque contre l'armée près de Ersal. Ali Hashisho/Reuters

Quelques heures après la diffusion samedi d'une vidéo montrant l'exécution par balles du soldat libanais Mohammad Hamiyé par le Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie), une réunion sécuritaire s'est tenue au Grand Sérail de Beyrouth sous la présidence du Premier ministre Tammam Salam. La réunion a regroupé plusieurs hauts responsables dont le ministre de la Défense Samir Mokbel, le ministre de la Justice Achraf Rifi, le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, le secrétaire général du Conseil supérieur de défense, Mohammad Kheir, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et le chef des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Ibrahim Basbous.

"Le gouvernement rejette tout chantage dans l'affaire des soldats enlevés, a affirmé le ministre Mokbel à la fin de la réunion qui a duré une heure et demi. Nous sommes déterminés à protéger la sécurité du pays et à combattre le terrorisme. Nous refusons tout compromis aux dépens de l'armée", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, à l'issue d'une rencontre avec le président du Parlement Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, M. Salam avait souligné l'importance de la solidarité des Libanais face au terrorisme. "Nous ne devons pas donner l'impression que nous sommes faibles. Nous allons, Etat et armée, faire face (à la situation) sans faire des concessions qui pourraient nous coûter très cher, a-t-il déclaré. Nous ne ferons pas de compromis aux dépens de l'héroïsme de la troupe et de la dignité du pays, a poursuivi le chef du gouvernement. Nous sommes, gouvernement, partis politiques, armée et parents des militaires otages, tous d'accord sur la préservation de la dignité du pays".

 

(Lire aussi : Nawaf Salam à l'ONU : Aidez mon pays)

 

Début août, des combats ont opposé, à Ersal (Békaa), l'armée à des groupes jihadistes, faisant des dizaines de morts, dont une vingtaine de soldats. Depuis la fin des combats, plusieurs accrochages ont eu lieu entre l'armée et des assaillants islamistes. Une trentaine de soldats et policiers sont en outre toujours otages des islamistes du Front al-Nosra et du groupe État islamique. L'EI a décapité deux soldats, Ali Sayyed et Abbas Medlej.

Les jihadistes exigent la libération de détenus islamistes dans la prison de Roumieh ainsi que le retrait du Hezbollah de Syrie, où les combattants du parti chiite prêtent main forte aux troupes de Bachar el-Assad.

 

L'armée bombarde des positions islamistes
Samedi soir, après la réunion gouvernementale, l’armée a violemment bombardé les poches des jihadistes dans le jurd de Ersal, tuant plusieurs d'entre eux. Dimanche, la LBC rapportait qu'un calme précaire régnait dans le secteur.

La troupe avait lancé son opération vendredi soir après avoir la cible d'un attentat dans la journée. Un camion militaire a été visé par une charge explosive de 10 Kg alors qu'il se dirigeait vers la ville de Ersal, a indiqué l'armée dans un communiqué. Deux soldats ont été tués et trois autres blessés, précise l'armée. Auparavant, un porte-parole militaire avait indiqué à l'AFP que le véhicule avait été "la cible probablement d'une roquette antichar".

Dans un communiqué publié dans la journée de samedi, la troupe a annoncé avoir poursuivi dans la nuit ses bombardements contre des positions des jihadistes dans le jurd de Ersal. Au moins 11 membres d'al-Nosra et des rebelles islamistes ont péri dans ces bombardements, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans son communiqué, l'institution militaire a assuré qu'elle poursuivra ses opérations sur le terrain en vue de protéger les Libanais et s'est dite "attachée à son droit d'user de tous les moyens dont elle dispose" face aux organisations terroristes "quelle que soit l'ampleur des sacrifices".

 

(Lire aussi : Le commandement de l'armée tente, tant bien que mal, de contenir ses soldats à Ersal)

 

Parallèlement, l'aviation syrienne a mené samedi des raids sur le jurd de cette localité sunnite frontalière de Syrie, visant des positions des jihadistes.

L’armée a en outre poursuivi samedi ses perquisitions et a annoncé l'arrestation du Libanais Seifeddine Hojeiry pour son implication dans une attaque contre une position de l’armée dans la localité, ainsi que le Syrien Khaled Abdel Rahman suspecté d'appartenir à une organisation terroriste.



Al-Nosra menace d'exécuter un nouveau soldat
Sur la vidéo diffusée samedi par al-Nosra, et qui montre l’exécution du soldat Hamiyé, apparaît également le soldat Ali el-Bazzal exhortant sa famille à agir sinon il serait assassiné lui aussi. Quelques minutes plus tard, la famille du soldat Bazzal a réagi en coupant brièvement la route dans la région de Bazzaliyé, à Baalbeck (Békaa).
Un compte lié au Front al-Nosra sur Twitter a d'ailleurs publié la photo du soldat Ali el-Bazzal, illustrée par le numéro 2, les "accusations" portées à son encontre - celles d'appartenir à l'institution militaire et d'être de confession chiite - et les conditions pour qu'il ne soit pas exécuté : le retour de la situation à Ersal à la normale et la libération de tous les détenus sunnites.

 


Vendredi soir, un commandant d'al-Nosra au Qalamoun (localité syrienne à la frontière avec le Liban) avait déjà confirmé à l'agence de presse turque Anatolie que le groupe jihadiste a bel et bien tué le soldat Hamiyé. Al-Nosra avait quelques heures plus tôt menacé, dans un message extrêmement ambigu posté sur Twitter, de tuer le soldat Hamiyé. Avec une photo du soldat, son nom, le "numéro un" sur une tache rouge sang et le mot-dièse "L'armée libanaise tue ses soldats", le groupe jihadiste avait posté : "Bonne nouvelle au gouvernement du Liban et au parti d'Iran (le Hezbollah, ndlr), voici votre première victime, vous l'avez tuée, payez donc le prix". Et le Front de menacer à la fin : "La suite sera encore plus amère".

Al-Norsa accusait l'armée et le Hezbollah d'avoir "fabriqué l'attaque de Ersal", dans le but de "torpiller les négociations entre les jihadistes et l'Etat libanais en vue de libérer les militaires otages". "Après la fabrication de l'opération par l'armée libanaise, avec le Hezbollah , ses bombardements du jurd du Qalamoun et ses arrestations de civils à Ersal... le temps est venu", avait posté le groupe sur Twitter.

 

(Lire aussi : Exorciser l'anxiété et la peur des jihadistes par l'humour (noir))

 

"Nous allons prendre ce qui est de notre droit"
Le père du soldat affirmait néanmoins vendredi que des médiateurs à Ersal lui ont assuré que son fils était en bonne santé. Samedi encore, quelques heures avant la diffusion de la vidéo, Maarouf Hamiyé a assuré lors d'une conférence de presse que les informations faisant état de l’exécution de son fils ne sont pas exactes et qu'il s'agit de menaces proférées par les jihadistes pour faire pression. "La famille Hamiyé s'attache à l'espoir jusqu'au dernier moment", a ajouté le père du soldat. "Mais s'il s’avère qu'un acte criminel a bel et bien eu lieu, nous tenons l'Etat libanais, le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiry, et cheikh Moustapha Hojeiry pour responsables", a-t-il menacé.


Samedi, après la confirmation de l'exécution de son fils, Maarouf Hamiyé a appelé à ne pas s'en prendre aux réfugiés syriens, indiquant qu'il fait assumer à la famille Hojeiry (de Ersal) la responsabilité de la mort de son fils. "Nous n'avons pas de gouvernement, toute tribu est un gouvernement, a martelé le père du soldat martyr. Nous allons prendre ce qui est de notre droit".

Quelques heures plus tard, plusieurs individus ont été enlevés à Beyrouth et dans la Békaa. Certains d'entre eux, l'un de la famille Braïdy et deux de la famille Fliti, ont par la suite été relâchés. Deux personnes de la familles Hojeiry sont toutefois toujours détenues. 

 


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SVP DERNIÈRE QUESTION: EST CE QUE LE PROPRE FILS DE JEAN KAHWAGI OSE TRAVERSER LES BARRAGES DE HEZBOLLAH MALGRÉ QUE SON PÈRE EST EN BONNE RELATION AVEC EUX ET LES LAISSE FAIRE CES MERCENAIRES CHEZ NOUS ?

Gebran Eid

15 h 45, le 21 septembre 2014

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Commentaires (5)

  • SVP DERNIÈRE QUESTION: EST CE QUE LE PROPRE FILS DE JEAN KAHWAGI OSE TRAVERSER LES BARRAGES DE HEZBOLLAH MALGRÉ QUE SON PÈRE EST EN BONNE RELATION AVEC EUX ET LES LAISSE FAIRE CES MERCENAIRES CHEZ NOUS ?

    Gebran Eid

    15 h 45, le 21 septembre 2014

  • ON VIENT D'APPRENDRE QU'IL Y A DES BARRAGES GÉRÉS PAR LE HEZBOLLAH AU LIBAN ! ? QUI OSE TRAVERSER CES BARRAGES À PART BERRI, AOUN ET GEBRAN BASSIL ? C'EST INSUPPORTABLE CETTE SITUATION. MÊME KHAHWAGI HABILLÉ EN CIVIL, OSE PASSER ? C'EST NORMAL QUE LES GENS SE POSENT DES QUESTIONS SUR LE RÔLE DE L'ARMÉE. EST CE QUE NOTRE ARMÉE EST SOUMISE OU BIEN QU'ELLE EST COMPLICE POUR LAISSER FAIRE LE HEZBOLLAH ?.

    Gebran Eid

    15 h 36, le 21 septembre 2014

  • Il ne faut surtout pas transiger contre la barbarie salafowahabite qui sert de couverture aux sionistes d'israel a kuneitra . Plutot que de chercher a aller liberer Jerusalem , ils parlent de liberer Damas de la resistance a la coalition de la barbarie daechisto sioniste .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 49, le 21 septembre 2014

  • EST-CE DÉFENDRE L'ARMÉE QUE D'EXPOSER SES MEMBRES AUX MAINS DES CANNIBALES À L'ÉGORGEMENT OU AUX TUERIES ? GARE AUX DÉCISIONS ERRONNÉES !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 42, le 21 septembre 2014

  • Ah quelle rage incontrôlable ! La sale et mille fois maudite guerre sunnito-chiite emporte le Liban. Le con petit Hitler, qui a promis cette issue, en jubile.

    Halim Abou Chacra

    06 h 26, le 21 septembre 2014

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