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Liban - En dents de scie

Tammam Salam et le gouffre

« Les petite filles aiment les poupées ; les petits garçons aiment les soldats ;
les grandes filles aiment les soldats ; les grands garçons aiment les poupées. »
Anonyme

Qu'il soit américain, suisse, nigérian, colombien ou libanais, qu'il soit brillant ou légèrement crétin, qu'il soit endoctriné ou libre penseur, simple troufion ou général très étoilé, que l'uniforme lui aille ou pas, qu'il soit drogué jusqu'à la moelle ou ultraconscient de tout, qu'il (se) défende ou qu'il attaque, un soldat sent les choses. Un soldat sait. Sa tête, son cœur, ses tripes, tout, à un moment donné, aussi fugace, aussi bref soit-il, sait : qu'il va souffrir, qu'il va s'en sortir, qu'il va tuer, qu'il va mourir, qu'il va être torturé, qu'il va torturer, qu'il va aider, qu'il va prendre une main tendue, peu importe, il sait, et surtout, il sait quand. Il sait même, ce soldat, chaque plus petite nuance de ces fifty shades of grey qui font la guerre et/ou les guéguerres : que rien n'est tout noir ou tout blanc, tout méchant ou tout bon, tout propre ou tout immonde, tout juste ou tout inique. Un soldat, ça sait.
Pas sa maman. Pas son papa. Eux ne savent rien. Ne veulent rien (sa)voir. Juste (que) leur fils revenir à la maison.
Au-delà de tout ce qui fait aujourd'hui l'insensée, l'insupportable singularité du Liban : l'absence de président de la République et toutes les magouilles corollaires ; l'autoprorogation ad vitam d'une Chambre sclérosée ; la banqueroute assurément très prochaine de tout un pays ; la criminelle fusion du Hezbollah dans le conflit syrien ; les centaines de milliers de réfugiés syriens ; l'endémique crise de l'électricité et de l'eau ; l'hypermétamorphose de la région, au-delà de tous ces défis et de bien d'autres encore, le gouvernement libanais en général et le Premier ministre Tammam Salam en particulier doivent gérer aujourd'hui la pire des crises : l'attente des mamans et des papas des soldats kidnappés par l'État islamique et par le Front al-Nosra.
Les monstres sont primitifs, certes, mais furieusement intelligents. Redoutables. Rien n'est pire que cette barbarie psychologique infligée aux parents : cette attente, ce suspense immonde, qui sera le prochain décapité, le prochain kidnappé... Rien n'est pire, par capillarité, par contamination directe, que cette barbarie imposée à tout un peuple : quel Libanais désormais est convaincu d'être à l'abri d'un rapt, d'un sabre, de huit balles dans la tête ?
C'est très vite que le gouvernement Salam fera face à une véritable pandémie. Couplées à la psychose et à la terreur, la colère, la rage, risquent d'enflammer le pays dans son ensemble. De dynamiter des digues que même la guerre civile n'a pas pu fracasser. Aussi humain, aussi empathique que soit le Premier ministre, il n'a pas réussi à rassurer, et il mesurait toute la vanité de son acte, ces mamans et ces papas (de soldats) sur le point de perdre les nerfs et la tête. On le ferait à moins.
Plus rien n'a de l'importance aujourd'hui à part la gestion au quotidien, heure par heure, de cette crise globale, dernière, ultime chance de réunifier ce pays. Le Hezbollah n'a plus rien à faire en Syrie, Nouhad Machnouk n'a rien à faire à Moscou, Gebran Bassil n'a rien à faire à New York, même Abbas Ibrahim devrait oublier le Qatar. Les familles Hamiyé commencent, disent les rumeurs, à kidnapper à tout va, pas plus loin qu'à Kfarchima ou Choueifate. Pures rumeurs, peut-être, mais vite, très vite, ce ne seront plus des intox, mais des infos.
Il n'y a pas de hasard. Si Tammam Salam est aujourd'hui au Sérail, c'est pour une raison. Peu importe laquelle. Il faut impérativement le laisser faire. Que toutes les parties libanaises le laissent faire. Sinon, elles tomberont avec lui. Parce qu'une maman, un papa ne savent pas. Et qu'en réalité, il ne leur est pas demandé de savoir.

Qu'il soit américain, suisse, nigérian, colombien ou libanais, qu'il soit brillant ou légèrement crétin, qu'il soit endoctriné ou libre penseur, simple troufion ou général très étoilé, que l'uniforme lui aille ou pas, qu'il soit drogué jusqu'à la moelle ou ultraconscient de tout, qu'il (se) défende ou qu'il attaque, un soldat sent les choses. Un soldat sait. Sa tête, son cœur, ses...

commentaires (2)

Tammam Salam est aujourd'hui au Sérail, il est sérieux au moins . Mes les autres pourquoi ne sont-ils pas solidaires avec lui ?

Sabbagha Antoine

11 h 14, le 20 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • Tammam Salam est aujourd'hui au Sérail, il est sérieux au moins . Mes les autres pourquoi ne sont-ils pas solidaires avec lui ?

    Sabbagha Antoine

    11 h 14, le 20 septembre 2014

  • Ca se lit .. sans plus. Tammam la solution ? on veut bien voir !

    FRIK-A-FRAK

    10 h 39, le 20 septembre 2014

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