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Liban - Terrorisme

Al-Nosra annonce avoir exécuté par balle le soldat Mohammad Hamiyé

L'armée libanaise ciblée par un attentat à Ersal.

Un commandant du Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie) au Qalamoun, à la frontière avec le Liban, a annoncé hier soir à l'agence turque Anatolie que le groupe jihadiste a bel et bien tué, par balle, le soldat libanais Mohammad Hamiyé aux mains de ce groupe jihadiste depuis les combats de Ersal (Békaa), début août. Ce alors que la chaîne de télévision FutureTV rapportait que le père de Mohammad Hamiyé avait entrepris des contacts avec des médiateurs à Ersal qui lui ont assuré que son fils était en bonne santé. Une information totalement contredite un peu plus tard par des rumeurs rapportées sur les réseaux sociaux selon lesquelles le clan Hamiyé (Békaa, Beyrouth et banlieue sud) a menacé de toute une série de mesures de rétorsion « négatives » à tous les niveaux : couper les routes, changement de ton avec le gouvernement Salam, etc. Ces rumeurs ont ensuite carrément évoqué l'apparition assez intense d'éléments armés appartenant à la tribu Hamiyé dans la Békaa-Nord, dans la capitale et la banlieue et dans le Metn-Sud...


En soirée également, l'État islamique a enlevé le Libanais Ali Sukkariyé, originaire du village de Fekha, alors qu'il rendait visite à des amis à Ersal, et l'a conduit vers le jurd de la localité. Quant à l'armée, elle a perquisitionné trois camps de réfugiés syriens à Ersal et a arrêté près de 250 personnes dont certaines sont impliquées dans les combats contre la troupe.

 

(Lire aussi : Exorciser l'anxiété et la peur des jihadistes par l'humour (noir))


C'est dans la journée qu'al-Nosra avait d'abord menacé de tuer le soldat Hamiyé, dans un message extrêmement ambigu sur Twitter illustré d'une terrible photo représentant le soldat, son nom et le numéro 1 inscrit au centre d'une tache rouge, suivi du hashtag « L'armée libanaise tue ses soldats ». Le groupe jihadiste a également posté : « Bonne nouvelle au gouvernement du Liban et au parti d'Iran (le Hezbollah, NDLR), voici votre première victime, vous l'avez tuée, payez donc le prix. » Le groupe évoque dans son tweet « la première victime de l'entêtement de l'armée libanaise qui est devenue un jouet entre les mains du parti iranien ». Et le Front de menacer à la fin : « La suite sera encore plus amère. » A ce moment-là de la journée, une source syrienne au Qalamoun avait néanmoins assuré à la MTV que le groupe n'avait pas encore tué le militaire mais menaçait de le faire bientôt.

 


Le Front al-Nosra a accusé par ailleurs l'armée libanaise et le Hezbollah d'avoir « fabriqué l'attaque de Ersal », dans la Békaa, dans le but de torpiller les négociations entre les jihadistes et l'État libanais en vue de libérer les militaires otages. « Après la fabrication par l'armée libanaise, avec le Hezbollah, de l'opération, ses bombardements du jurd du Qalamoun et ses arrestations de civils à Ersal... le temps est venu. », est-il encore écrit avec le mot dièse « Qui paiera le prix ? ».

 

(Lire aussi : Le commandement de l'armée tente, tant bien que mal, de contenir ses soldats à Ersal)

 

Attentat contre un camion de l'armée
Vendredi matin, l'institution militaire a en outre été visée dans la région de Ersal par les terroristes. Un camion de l'armée libanaise a été la cible d'une attaque. Deux soldats, Ali Ahmad Kharrat et Mohammad Daher, ont été tués et trois autres blessés.
Une charge de 25 kg placée sur le bord de la route reliant Masyada et Wadi Hmayed a explosé au passage du camion alors qu'il se dirigeait vers la ville de Ersal. La charge a été actionnée à distance. Dans un premier temps, un porte-parole militaire avait indiqué à l'AFP que le véhicule avait été « la cible probablement d'une roquette antichar ». Un avion de surveillance libanais a survolé le secteur après la déflagration. Quelques heures après l'attaque, la troupe a envoyé des renforts à Ersal et effectué des perquisitions dans la région. Plusieurs Syriens ont été arrêtés, dont deux qui ont reconnu appartenir à des groupes terroristes.
La troupe a en outre bombardé à l'artillerie lourde le jurd de la localité, visant des jihadistes en mouvement au niveau de la chaîne de l'anti-Liban. Parallèlement, l'aviation syrienne a mené des raids sur le jurd de Ersal, visant des positions des jihadistes, une initiative plutôt rare depuis que les combattants islamistes ont investi cette localité. La concomitance des deux offensives, libanaise et syrienne, contre les jihadistes est surprenante et laisserait croire à une action coordonnée qui reste toutefois à vérifier.
En cours de journée, une roquette est tombée à Laboué (localité chiite), en provenance de l'anti-Liban. Le projectile n'a pas fait de victimes.

 

(Lire aussi : La coalition contre l'EI radicalise la position iranienne au Liban, l'éclairage de Philippe Abi-Akl)

 

Se rallier autour de l'armée
Dénonçant l'attentat contre la troupe, le Premier ministre Tammam Salam a souligné « la nécessité d'être vigilant et prêt à combattre les groupes takfiristes qui poursuivent leurs agressions dans le jurd de Ersal ».
Le Hezbollah a de son côté condamné l'attaque et salué « le courage des soldats qui stoppent les infiltrations terroristes » en territoire libanais. Le parti chiite a ajouté que « l'important est de se tenir aux côtés de l'institution militaire face aux dangers qui la menacent ».
L'ancien Premier ministre Saad Hariri a pour sa part estimé que l'attaque contre la troupe, qui porte les empreintes des terroristes, ne pourra pas affaiblir la confiance dans l'institution militaire. Selon lui, l'attaque vise à placer la localité et ses habitants dans une situation difficile. Le chef du courant du Futur a en outre souligné la nécessité de soutenir les efforts déployés actuellement pour libérer les otages militaires des mains des jihadistes.

 

Des arrestations et des aveux
Entre-temps, l'information sur l'arrestation, dans la région de Masyada dans le caza de Baalbeck, de trois terroristes – un Libanais et deux Syriens – qui seraient impliqués dans la décapitation du soldat Abbas Medlej est parvenue à la famille. Celle-ci a organisé hier une manifestation sur l'axe Baalbeck-Douris qu'elle a coupé à la circulation. Le père du soldat a demandé à l'État de leur infliger les sanctions les plus lourdes ou, à défaut, de les lui remettre pour qu'il fasse justice lui-même.
L'enquête avec les trois terroristes a montré qu'ils étaient présents lors de la décapitation du soldat Medlej par l'EI le 6 septembre. L'un d'entre eux, Douham Abdel Aziz Ramadan, aurait creusé le fossé dans lequel devait être enterré le corps.
Entrés clandestinement sur le territoire libanais, ils auraient avoué, lors de leur interrogatoire, appartenir au groupe de Imad Jomaa, un jihadiste arrêté début août par l'armée libanaise. Son arrestation avait marqué le début des combats entre la troupe et les islamistes à Ersal.
Notons que vingt-huit soldats et policiers sont toujours otages des islamistes du Front al-Nosra et du groupe « État islamique ». L'EI a décapité deux soldats, Ali Sayyed et Abbas Medlej, et menacé, mercredi, d'en exécuter un troisième.

 

Pas de demandes rédhibitoires
Le Front al-Nosra a, par ailleurs démenti auprès de l'agence d'information turque Anatolie avoir réclamé la libération de détenus incarcérés dans les geôles du régime syrien, contre la libération de ses otages.
« Nos conditions pour la libération des otages militaires libanais ne sont pas rédhibitoires et n'incluent pas une demande de libération de détenus dans les prisons du régime syrien », ont déclaré les jihadistes. Cette requête, confirmée par des sources libanaises autorisées, aurait été formulée par l'EI et non al-Nosra qui, dans ce message, cherche vraisemblablement à se démarquer de son concurrent jihadiste, notamment en matière de revendications pour la libération des otages.
Il y a quelques jours, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, avait fait état de « demandes rédhibitoires » de la part des jihadistes de l'EI et du Front al-Nosra pour libérer les militaires retenus en otages.
Les jihadistes exigent aussi le retrait du Hezbollah de Syrie, où les combattants du parti chiite prêtent main-forte aux troupes de Bachar el-Assad, et la libération d'islamistes détenus au Liban. Les jihadistes accusent l'armée libanaise de soutenir le Hezbollah.

 

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Un commandant du Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie) au Qalamoun, à la frontière avec le Liban, a annoncé hier soir à l'agence turque Anatolie que le groupe jihadiste a bel et bien tué, par balle, le soldat libanais Mohammad Hamiyé aux mains de ce groupe jihadiste depuis les combats de Ersal (Békaa), début août. Ce alors que la chaîne de télévision FutureTV rapportait que le...

commentaires (6)

Si negocier avec la barbarie wahabosalafiste pouvait regler les problemes des etats , il aurait fallu donc que les grandes puissances recoltent les fruits de leurs negociations passees . Ils ont toujours des otages et en auront toujours tant que cette plaie n'est pas eradiquee . Paix a ton ame vaillant combattant du Liban pour la cause juste pour laquelle tu es mort . Ceux qui t'ont pris la vie , mourront comme des chiens sans rien laisser de trace positive sur cette terre, a part d'avoir collabore avec la Mal sioniste .

FRIK-A-FRAK

18 h 37, le 20 septembre 2014

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Commentaires (6)

  • Si negocier avec la barbarie wahabosalafiste pouvait regler les problemes des etats , il aurait fallu donc que les grandes puissances recoltent les fruits de leurs negociations passees . Ils ont toujours des otages et en auront toujours tant que cette plaie n'est pas eradiquee . Paix a ton ame vaillant combattant du Liban pour la cause juste pour laquelle tu es mort . Ceux qui t'ont pris la vie , mourront comme des chiens sans rien laisser de trace positive sur cette terre, a part d'avoir collabore avec la Mal sioniste .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 37, le 20 septembre 2014

  • Se rallier autour de l'armée restera pour toujours l'unique planche de salut pour chaque libanais sans distinction .

    Sabbagha Antoine

    11 h 05, le 20 septembre 2014

  • CETTE AFFAIRE DE LAISSER ÉGORGER ET TUER NOS SOLDATS... POUR LE CAPRICE ET L'IRRESPONSABILITÉ IMPOSÉS PAR CERTAINS... SI ON N'Y PREND PAS URGEMMENT GARDE... PEUT FAIRE EXPLOSER LE PAYS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 56, le 20 septembre 2014

  • Mais qu'attend l'armée libanaise !, pour envahir le Qalamoun et liquider ces terroristes sataniques....!? et libérer les siens....!

    M.V.

    10 h 25, le 20 septembre 2014

  • Mon mot dièse : les salauds ! Le Liban ne mérite pas cette barbarie de leur part. La majorité de son peuple appuient leur révolution contre la tyrannie nazie. Malgré "la criminelle fusion du Hezbollah dans le conflit syrien" comme dit M Ziyad Makhoul dans sa chronique. Alors pourquoi, pourquoi leur terrorisme barbare contre ce pays ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 25, le 20 septembre 2014

  • ...a ceux qui, dans ces colonnes mêmes, decrivaient Al Nosra comme "modérés"!

    Kaldany Antoine

    03 h 01, le 20 septembre 2014

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