Rechercher
Rechercher

Liban

Mort d’un transparent

Cheikh Hani Fahs prenant la parole au pupitre d’une église.

Le décès de cheikh Hani Fahs a soulevé une vive émotion dans la communauté politique et religieuse libanaise ; une émotion sans proportion avec la notoriété dont il jouissait ouvertement. C'est comme si, en le perdant, on avait enfin mesuré la stature de cet homme d'ouverture qui s'imposait aussi bien par son naturel que par son savoir et sa foi.

Le père Fadi Daou, fondateur de l'association Adyane, a été l'un des derniers amis à rendre visite au grand uléma à la salle des soins intensifs où il était hospitalisé. Debout près du lit, devant le corps intubé d'un maître agonisant, le P. Daou a prié « pour que le Liban et le monde arabe ne soient jamais privés par Dieu de figures paternelles de sa transparence, qui vivent en cohérence avec leur foi et pratiquent ce qu'ils disent ».


La fondation Adyane a décidé d'accorder au grand uléma le prix de la solidarité spirituelle qu'elle décerne annuellement. Le P. Fadi Daou a ajouté, dans le texte d'annonce de la remise du prix, qu'il appréciait particulièrement chez Hani Fahs « sa défiance à l'égard des hommes de religion brandissant des arguments d'autorité, et sa proximité de ceux qui cherchent Dieu humblement, courageusement, librement, à quelque religion à laquelle ils appartiennent ».
« Tu me disais : Je suis un mendiant, je mendie l'amour de Dieu et des hommes, a affirmé le P. Daou, citant le grand uléma disparu. Cette liberté intérieure t'a conduit à te sentir responsable à l'égard des hommes, à assumer leurs causes, sans jamais hésiter ni mesurer ton effort, pour les défendre. »
« Tu as aimé les jeunes. Toi le savant, l'uléma et le maître », a ajouté le fondateur d'Adyane, précisant que « dans l'élan de la jeunesse, malgré les égarements possibles », Hani Fahs voyait « au moins un mouvement vers l'avenir, à une époque ou tant de déclarations et de positions nous ramènent en arrière ».
Le père Daou a salué en Hani Fahs « un véritable musulman » qui vivait sa foi en profondeur, dans sa coloration chiite, « à une époque ou beaucoup prétendent qu'ils sont sunnites ou chiites et se battent en conséquence sans même être vraiment des musulmans ». Et de révéler que l'un des derniers projets que formait cheikh Hani Fahs consistait à organiser une retraite spirituelle à laquelle participeraient des chrétiens et musulmans, au couvent du Christ rédempteur, à Zahlé.


Saad Hariri, Nagib Mikati, Boutros Harb, Samir Geagea, Walid Joumblatt, le Renouveau démocratique, l'Option libanaise, les Chiites libres, la rencontre de Saydet el-Jabal et le Comité national islamo-chrétien pour le dialogue figurent parmi ceux qui ont salué hier la mémoire de Hani Fahs et pleuré la disparition d'un homme qui restera « un signe lumineux dans l'histoire du Liban » (le mot est de Nagib Mikati).
Né en 1946, décédé à 68 ans des suites d'une longue maladie qui avait affecté ses poumons, le grand uléma sera inhumé aujourd'hui à 15h, en son village de Jibchit (Liban-Sud). Des faire-part de son décès ont émané aussi bien du Conseil supérieur chiite que de Dar el-Fatwa.


Au terme de ses études secondaires, qu'il avait suivies à Jibchit et à Nabatiyeh, Hani Fahs s'était rendu dans la ville sainte de Najaf, en Irak, dont il n'était revenu qu'en 1972. Marié à 19 ans, Hani Fahs était père de sept enfants, cinq garçons et deux filles.

Le décès de cheikh Hani Fahs a soulevé une vive émotion dans la communauté politique et religieuse libanaise ; une émotion sans proportion avec la notoriété dont il jouissait ouvertement. C'est comme si, en le perdant, on avait enfin mesuré la stature de cet homme d'ouverture qui s'imposait aussi bien par son naturel que par son savoir et sa foi.
Le père Fadi Daou, fondateur de...

commentaires (1)

Paix à sa belle âme.

Paul-René Safa

11 h 46, le 19 septembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Paix à sa belle âme.

    Paul-René Safa

    11 h 46, le 19 septembre 2014

Retour en haut