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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

« Il faudra au moins 10 ans pour reconstruire Gaza »

Dans les décombres de l'enclave palestinienne, on attend dans l'angoisse que la vie reprenne son cours normal.

Dans leur nouveau chez-eux, un mobile home offert par une association émiratie avec deux chambres, une kitchenette et une salle de bains, des Gazaouis partagent l’angoisse que le provisoire ne devienne permanent. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters

Avant la guerre, Mohammad al-Najjar avait une maison de trois étages à Khouzaa, dans le sud de la bande de Gaza. Maintenant, il se contente d'un mobile home exigu pour toute sa famille avec l'angoisse partagée par tant de Gazaouis que le provisoire ne devienne permanent.
En faisant visiter son nouveau chez-soi – un mobile home offert par une association émiratie avec deux chambres, une kitchenette et une salle de bains –, ce Gazaoui de 60 ans avoue à l'AFP avoir « peur que le blocus ne soit jamais levé et que les Israéliens ne laissent pas entrer les matériaux de construction ».


L'enclave palestinienne où s'entassent 1,8 million de Palestiniens coincés entre l'Égypte, Israël et la Méditerranée est soumise à un strict blocus depuis 2006. Israël dit redouter que le ciment ou d'autres matériaux ne soient détournés par des combattants pour construire des tunnels ou fabriquer des roquettes. En attendant l'allègement du blocus promis par Israël lors de l'accord de cessez-le-feu conclu fin août, ce sont 100 familles qui ont été relogées dans les mêmes mobile homes en vue de l'hiver. Ils ont eu de la chance, car 65 000 Palestiniens s'abritent toujours dans 14 écoles de l'Onu à travers la bande de Gaza, dans l'attente d'une solution de relogement. Environ 20 000 maisons ont été entièrement détruites par la guerre, 40 000 autres habitations ont été en partie détruites, selon l'Onu. L'Agence de l'Onu pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé qu'elle verserait chaque mois 200 à 250 dollars à chaque famille ayant perdu sa maison.

 

(Reportage : « Même si mon père est mort, je suis contente de faire ma rentrée »)

 

« Ils n'en profiteront jamais »
« Si les conditions d'entrée des matériaux de construction ne changent pas, il faudra au moins 10 ans pour reconstruire Gaza », prévient Adnane Abou Hasna, le porte-parole de l'Unrwa à Gaza.
Souheila Mohammadine, son mari et 45 de leurs enfants et petits-enfants vivent désormais sous une tente installée au milieu des décombres de leur maison. « On a mis dix ans à la construire et mes enfants n'en profiteront jamais, se lamente-t-elle, peut-être que je mourrai avant de l'avoir vue reconstruite. » Son époux, Zouheir, un commerçant de 57 ans, dort avec les garçons sous la tente, sans eau ni électricité ; Souheila, les autres femmes de la famille et les enfants rentrent chaque soir dans un appartement loué à prix d'or. Un des petits-enfants avoue ne pas dormir.


L'Onu a annoncé cette semaine un accord entre Israéliens et Palestiniens sur un « mécanisme provisoire » pour accélérer la reconstruction sous la surveillance onusienne, tout en s'assurant que les matériaux de construction restent à usage civil. Mais sur le terrain et comme tant de familles, les Mohammadine doivent prendre leur mal en patience. L'estimation la plus optimiste, celle du Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction (Pecdar), prévoit au moins cinq ans pour la reconstruction en cas de levée totale du blocus. Même si les restrictions sur les matériaux de construction étaient levées, il faudrait trouver six milliards d'euros pour reconstruire les pans entiers de l'enclave, l'unique centrale électrique fortement endommagée et les dizaines d'usines détruites.

 

(Commentaire : Le Hamas a-t-il gagné ?)

 

La conférence des donateurs
Le 12 octobre, Le Caire accueillera une conférence de donateurs et, selon le Hamas qui contrôle le territoire, l'Autorité palestinienne a déjà reçu des fonds mais n'a rien mis en route pour le moment. Mais après avoir vécu trois guerres en six ans, les Gazaouis disent avoir perdu patience. Saïd, qui dort avec sa famille sous les escaliers encore debout de sa maison en grande partie détruite, estime qu'il lui faudrait au moins huit mois pour la reconstruire. « D'ici là, où on va vivre ? On n'a ni nourriture ni eau, ni électricité, ni même des égoûts ! » Sa fille de 12 ans, Nagham, se demande, elle, comment elle va mener à bien son année scolaire : « Ma maison est détruite et mon école est en partie détruite, qu'est-ce que je vais faire, moi ? »
La reconstruction doit être lancée « tout de suite », affirme M. Abou Hasna, « c'est dans l'intérêt d'Israël car plus le temps passe, et plus la frustration et les tensions augmentent dans la bande de Gaza ».

 

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Avant la guerre, Mohammad al-Najjar avait une maison de trois étages à Khouzaa, dans le sud de la bande de Gaza. Maintenant, il se contente d'un mobile home exigu pour toute sa famille avec l'angoisse partagée par tant de Gazaouis que le provisoire ne devienne permanent.En faisant visiter son nouveau chez-soi – un mobile home offert par une association émiratie avec deux chambres, une...

commentaires (3)

ça prendra le temps que cela prendra.. c'est le prix à payer pour avoir choisi de résister à l'ennemi et construire l'histoire de la dignité de ses propres mains. Mais il y a fort à parier que Les gazaouis, en 10 ans, n'auront pas construit uniquement des maisons. Dans l'histoire de l'homme, y a des guerres qui sont faites pour durer hélas et que l'on transmet de père en fils; les croisades, la guerre de 100 ans, la guerre froide, les guerre d'indépendances etc etc.

Ali Farhat

02 h 24, le 20 septembre 2014

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Commentaires (3)

  • ça prendra le temps que cela prendra.. c'est le prix à payer pour avoir choisi de résister à l'ennemi et construire l'histoire de la dignité de ses propres mains. Mais il y a fort à parier que Les gazaouis, en 10 ans, n'auront pas construit uniquement des maisons. Dans l'histoire de l'homme, y a des guerres qui sont faites pour durer hélas et que l'on transmet de père en fils; les croisades, la guerre de 100 ans, la guerre froide, les guerre d'indépendances etc etc.

    Ali Farhat

    02 h 24, le 20 septembre 2014

  • Belle victoire pour le Hamas and Co. ! et pourquoi reconstruire ...? si les miliciens urbains sont capables de reprendre leurs guerre divine demain....!

    M.V.

    15 h 37, le 19 septembre 2014

  • LES VICTOIRES DIVINES... DES ABRUTIS DIVINS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 19 septembre 2014

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