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Liban - Sciences

Au Liban, un nouveau club d’astronomie place l’Univers à la portée des jeunes

Nébuleuses, Voie lactée, planètes, toutes ces merveilles sont désormais accessibles aux jeunes curieux. Le but : contempler l'étendue de l'Univers pour sensibiliser à la protection de notre planète.

Antoine Tyan (gauche) et Marc Bou Zeid avec des membres du Club des sciences, autour du télescope braqué sur la lune. Photo Gilbert Carlson

La pleine lune vient tout juste de surgir de derrière la montagne. À la terrasse d'un restaurant de Harissa, une petite dizaine de personnes se presse autour d'un télescope. Marc Bou Zeid finit de régler l'orientation de son outil. Le disque lunaire apparaît, complet et brillant, dans la lunette de l'appareil. À tour de rôle, les autres participants se penchent, ferment un œil et concentrent l'autre sur le viseur avant de s'émerveiller. Pour la majorité des passionnés de sciences présents, c'est la première fois qu'ils voient la lune de si près. Ce n'est plus un simple cercle blanc dans lequel on croit deviner un visage. Grâce au télescope, les astronomes amateurs découvrent un globe radieux orné de cratères et de reliefs.


Marc Bou Zeid finit cette année un master d'astrophysique en codiplôme à l'Université Saint-Joseph et la Notre Dame University. Il a déployé son matériel ce soir pour fêter la naissance du plus jeune club d'astronomie du Liban. À la différence des clubs universitaires, ou des groupes d'astronomes amateurs passionnés, ce club vise à initier un public novice et de tous les âges. La seule exigence, c'est d'être curieux. Pour Marc, la vulgarisation, c'est-à-dire la mise à portée de tous de notions scientifiques compliquées, est une priorité : « Il faut vulgariser pour atteindre un public large et initier les gens à l'amour de la science », explique le jeune homme de 23 ans. « Cela peut passer par des expériences, comme lancer des cailloux dans du sel pour comprendre comment les cratères se sont formés, ou par des observations comme ce soir. »


Le club d'astronomie est un chapitre d'une structure plus ancienne : le Club des sciences, une association fondée en 1990 et situé à la rue Adib Ishac, à Achrafieh. Il a pour but d'intéresser les jeunes à la science et au respect de l'environnement. Une dizaine de membres se réunissent régulièrement pour organiser des activités éducatives dans des centres culturels, des paroisses ou en pleine nature. À l'origine de l'association, il y a Antoine Tyan, un professeur de sciences au Collège du Sacré-Cœur de Gemmayzé, qui a fondé le club pour partager sa passion en dehors des heures de cours.


Marc a 14 ans lorsqu'il atterrit dans la classe d'Antoine et adhère au Club des sciences. Son premier contact avec le club est cependant bien plus précoce. À l'âge de 6 ans il participe à une activité organisée par l'association. Une découverte qu'il n'allait pas oublier : « Quand on est exposé à quelque chose très jeune, l'effet est marquant. C'est ce qui m'est arrivé avec les sciences », explique-t-il.
Pour Marc, l'astronomie dépasse de loin la simple observation du ciel : « C'est la science la plus ancienne et elle affecte tous les aspects du développement, que ce soit technologique, scientifique ou culturel. »

 

Un message d'écologie
Cette discipline permet aussi de faire passer le message d'écologie qui est au cœur de la mission du Club des sciences. « Chaque nouvelle planète que nous découvrons nous rappelle à quel point notre Terre est unique et mérite qu'on la respecte », argumente l'astrophysicien.
Pour Antoine Tyan, l'étude du ciel s'intègre parfaitement dans les activités et les objectifs du Club des sciences : « L'astronomie est une très bonne façon d'initier les jeunes à la science. La curiosité scientifique mène à la sensibilité environnementale car quelqu'un qui est initié à la science respecte tout, y compris son environnement. »


L'approche du professeur Tyan semble porter ses fruits. Depuis le début des années 1990, il prêche inlassablement pour une meilleure connaissance de l'écologie via la science. Son rôle de professeur du collège lui donne un accès privilégié aux adolescents. « C'est par les jeunes qu'on peut changer les choses, ce sont eux les moteurs du changement. »
Rita, la secrétaire de l'association, entame la dernière année de ses études de décoration d'intérieur. Antoine Tyan était son professeur de sciences au Collège du Sacré-Cœur de Gemmayzé. Si elle n'a pas poursuivi un cursus scientifique à l'université, elle s'efforce néanmoins d'intégrer sa passion pour l'écologie dans son travail. Pour son projet de fin d'étude, elle réalise un design entièrement vert. « Vraiment vert, pas juste vert pour faire joli », approuve le mentor.


Le professeur ne désespère pas de voir les Libanais se tourner vers l'écologie. « Nous sommes un pays d'écologie, c'est ancré dans nos traditions. Aujourd'hui, nous traversons une phase désagréable, comme une crise d'adolescence. Mais je ne suis pas isolé, loin de là ! Le Liban véritable est écologique et c'est cette image du pays que nous devons faire ressortir. » Antoine Tyan est intarissable à ce sujet. Pour lui, science et écologie sont vecteurs de paix et de salut national « Celui qui respecte les fourmis et les oiseaux respectera forcément les autres humains, c'est logique », explique-t-il avec un sourire qui traduit son inépuisable optimisme. Une force qui lui vient de sa foi, une foi qui joue un rôle crucial dans son engagement : « Respecter l'environnement est un devoir religieux, car il s'agit de respecter l'œuvre du Créateur. »

La pleine lune vient tout juste de surgir de derrière la montagne. À la terrasse d'un restaurant de Harissa, une petite dizaine de personnes se presse autour d'un télescope. Marc Bou Zeid finit de régler l'orientation de son outil. Le disque lunaire apparaît, complet et brillant, dans la lunette de l'appareil. À tour de rôle, les autres participants se penchent, ferment un œil et...

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