Les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'el-Qaëda ont appelé les jihadistes en Irak et en Syrie à s'unir contre la coalition hostile au groupe de l'État islamique (EI), dans un communiqué commun mis en ligne hier.
Dans ce communiqué sans précédent, les deux groupes exhortent leurs « frères moujahidine en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique qui nous guette tous ». L'appel se réfère aux divergences entre le groupe EI, qui a pris ses distances avec el-Qaëda et proclamé un califat (État islamique) sur une partie de l'Irak et de la Syrie, et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, qui est restée fidèle au chef de l'organisation Ayman al-Zawahiri. « Faites de votre rejet de la mécréance un facteur d'unité », ajoutent les deux organisations.
Cet appel s'adresse aussi à l'opposition syrienne modérée, soutenue par les États-Unis et leurs alliés arabes, qui cherchent à renverser le président Bachar el-Assad. Aqmi et Aqpa invitent ainsi, dans leur communiqué, « tous ceux qui ont pris les armes contre le tyran Bachar et ses milices à ne pas se laisser berner par l'Amérique et à ne pas devenir ses pions ». Les deux branches sollicitent également les tribus sunnites d'Irak et de Syrie pour qu'elles « ne fassent pas partie de la coalition ». Plus généralement, les deux branches exhortent les musulmans, notamment ceux de la péninsule Arabique, à « empêcher leurs soldats de participer à la guerre (qui s'annonce) contre les jihadistes de l'EI ». Elles appellent ces musulmans à se « soulever contre leurs gouvernements » qu'elles qualifient d'« agents de l'Occident » et de les « empêcher de se lancer dans une guerre contre l'islam sous le couvert de la lutte contre le terrorisme ». À la coalition anti-EI, les deux branches d'el-Qaëda « promettent des journées noires », une menace à peine voilée d'actions violentes contre les pays occidentaux et leurs alliés arabes. Néanmoins, l'agence spécialisée dans l'information sur la défense et la sécurité Jane's a minimisé la portée d'un tel appel, estimant qu'il ne signifiait pas pour autant un appui clair à l'EI.
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« Journées noires »
En outre, selon le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, le Pentagone n'exclut plus d'envoyer certains de ses conseillers militaires au combat pour épauler l'armée irakienne dans son offensive contre les jihadistes, qui contrôlent de larges pans de territoires en Irak et en Syrie. Ces missions se feront « au cas par cas », a-t-il ajouté. Mais la Maison-Blanche s'est empressée de tempérer ces déclarations. Pour Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama, M. Dempsey « se basait sur un scénario hypothétique (...) dans lequel il formulerait une recommandation tactique au président concernant l'usage de troupes au sol ». Et de marteler que le déploiement de soldats américains au combat n'était pas à l'ordre du jour. Sur le terrain, pour la première fois, des avions de chasse américains ont visé une position du groupe près de Bagdad, à 25 km au sud-ouest de la capitale. En effet, la ville de Sadr al-Youssoufiya est située entre le bastion jihadiste de Fallouja et la zone d'affrontements de Jourf al-Sakhr, où l'armée Irakienne appuyée par des milices alliées a du mal à tenir ses positions.
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Plus au nord, les combattants kurdes ont repris hier sept villages chrétiens après des combats contre les jihadistes. À Mossoul, les jihadistes qui contrôlent la ville forcent les commerçants sunnites à leur céder les avoirs détenus par leurs éventuels partenaires chrétiens ou chiites ayant fui la cité, ont rapporté hier des témoins. « Cela a été dit verbalement par de petites unités qui se sont arrêtées dans chaque magasin et entreprise », a indiqué le propriétaire d'un commerce qui n'a pas souhaité être identifié par peur de représailles. « Ils nous donnent très peu de temps pour remettre les avoirs et nous disent : "Si vous n'obéissez pas, on saisira tout ce que vous possédez" », a-t-il ajouté.
« Ils disent que tout habitant sunnite de Mossoul qui ne revient pas vivre dans le califat sera déclaré apostat », a affirmé un habitant. Enfin, deux évêques du Moyen-Orient ont appelé hier de Rome à sauver chrétiens et musulmans modérés face à la menace que font peser sur eux les jihadistes en Irak et Syrie, mais l'un d'eux a clairement désapprouvé toute intervention en Syrie sans l'accord de Damas.
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commentaires (3)
AVANT... UNE COALITION D'INTERVENTION NE POUVAIT POINT ÊTRE MONTÉE. IL A FALLU DAECH (DE QUI ?) POUR QUE LES OPINIONS INTERNATIONALES, N'ACCEPTENT SEULEMENT PAS LES INTERVENTIONS, MAIS Y POUSSENT MÊME ! UNE ANALYSE OMPARTIALE ET OBJECTIVE Y EST REQUISE...
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 43, le 17 septembre 2014