EDL brandit la menace d’une suspension « totale » de la production d’électricité

Un communiqué du fournisseur d'électricité a fait état d'une nouvelle panne provoquée par « l'isolement de plusieurs unités de production qui alimentent le réseau de distribution ». Les causes de ce nouveau dysfonctionnement d'envergure n'avaient pas encore été identifiées en début de soirée, selon une source proche d'EDL. L'administration de l'établissement public a néanmoins rappelé que les difficultés rencontrées par ses techniciens dans l'exercice de leurs tâches étaient « étroitement liées à la situation anormale dans laquelle se trouve l'établissement ». Une affirmation qui fait référence, une fois de plus, au conflit social qui oppose l'institution aux journaliers depuis plus d'un mois.

Un autre communiqué émanant du conseil d'administration d'EDL, publié plus tôt dans l'après-midi, a par ailleurs fait état de la gravité de la situation financière dans laquelle se trouve le fournisseur d'électricité. Réunis dans les locaux de la centrale thermique de Zouk, en raison du maintien du blocage par les journaliers du siège de l'établissement à Beyrouth, les membres de la direction ont tiré la sonnette d'alarme. Ils déplorent en effet un manque à gagner d'environ 71,2 milliards de livres pour couvrir les 143,2 milliards qui doivent être réglés au titre de dépenses de fonctionnement arrêtées au mois de septembre 2014. La direction d'EDL impute également la responsabilité de ce déficit à la mobilisation des journaliers.

Le communiqué énumère, pour appuyer sa position, les différentes opérations rendues impossibles par les actions des journaliers, comme « l'impossibilité de percevoir les arriérés de paiements », « de régler les dépenses de fonctionnement » ou encore de « mettre la comptabilité à jour ». La direction d'EDL n'exclut pas la possibilité de devoir suspendre totalement la production et la distribution d'électricité si la situation restait en l'état.

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En soirée, le ministre de l'Énergie, Arthur Nazarian, a abondé dans le même sens, affirmant que le pays risque d'être plongé « dans le noir total à la fin du mois » si aucune solution n'est trouvée d'ici là.
Contactées par L'Orient-Le Jour, des sources proches des journaliers soupçonnent le fournisseur de « se livrer à une manœuvre de manipulation pour porter préjudice au mouvement légitime des journaliers ». « La confusion qui entoure la détermination de l'origine des pannes répétées de ces derniers jours semble plaider en faveur de cette hypothèse », ont-elles ajouté. Sur la question du manque à gagner de l'établissement public, ces mêmes sources soupçonnent la direction d'EDL de « faire pression sur les prestataires de services privés engagés à ses côtés depuis 2012 (KVA, NEUC et BUS) pour bloquer les opérations de facturation et de recouvrement ». Un avis « partagé par les journaliers », qui ne voient dans les annonces du fournisseur d'électricité qu'une « tentative de plus pour les discréditer ».

Autre son de cloche chez certains employés d'EDL, qui estiment ces accusations infondées et semblent tout aussi intrigués par la récurrence des pannes ces deux derniers jours. « Nous faisons actuellement face à un dysfonctionnement qui survient généralement pendant la période hivernale, lorsque le réseau est surchargé », nous a confié une source proche de l'établissement. « En tout état de cause, ces pannes font beaucoup plus de mal à l'institution et aux citoyens qu'à toute autre partie », affirme-t-elle, sans pour autant pouvoir communiquer davantage sur les origines de ces pannes. Concernant le blocage des opérations de facturation, la source en question rappelle enfin que « les bordereaux sont d'abord imprimés au siège d'EDL à Beyrouth avant d'être redistribués auprès des prestataires de service ».

Pour mémoire

L'affaire des journaliers d'EDL en cacherait-elle une autre ?