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Liban - Médiation

Salam officialise l’intervention de Doha dans l’affaire des otages libanais

Le Liban s'en est officiellement remis au Qatar pour obtenir la libération des militaires et des policiers détenus par al-Nosra et par l'État islamique.

Accompagné d’une délégation ministérielle, le chef du gouvernement a effectué une visite de quelques heures à Doha. Photo Dalati et Nohra

Il est difficile d'obtenir du chef du gouvernement, Tammam Salam, la moindre indication sur les négociations qui devraient aboutir à la libération des soldats et des agents des FSI détenus par les deux organisations jihadistes, al-Nosra et l'État islamique (ex-Daech). Et pour cause : elles sont délicates et pour qu'elles réussissent, il faut impérativement qu'elles restent secrètes, insiste-t-il auprès de tous ceux qui l'interrogent là-dessus.

Le Premier ministre a pris hier l'avion pour une visite de quelques heures à Doha. Objectif : solliciter officiellement l'intervention de Doha pour un règlement de ce dossier. Il était accompagné des ministres de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, du Travail, Sejaan Azzi, de la Culture, Rony Araiji, des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter, ainsi que du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.

(Lire aussi : Al-Nosra diffuse une nouvelle vidéo sur des militaires pris en otage à Ersal)


Cette visite couronne une série de contacts que Tammam Salam a déjà entrepris avec les dirigeants qataris et turcs. Selon M. Machnouk, la Turquie n'a toujours pas de « rôle avancé » au niveau des pourparlers avec les ravisseurs, sachant que le Premier ministre n'a pas interrompu ses contacts avec ses dirigeants. Le général Ibrahim s'y était rendu il y a quelques jours. Hier, il est resté à Doha alors que la délégation libanaise devait regagner Beyrouth en soirée. Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, est attendu prochainement au Qatar, pour des entretiens sur la situation dans la région et la coalition internationale qui se met en place contre l'État islamique, ainsi que sur le dossier des détenus libanais aux mains des organisations jihadistes terroristes.

Dans l'avion qui les a conduits à Doha, le général Ibrahim a confirmé que Doha joue le rôle de médiateur et a souligné que « la roue des négociations a commencé à bouger lentement, les ravisseurs ayant posé des conditions rédhibitoires » à la libération des militaires et des policiers. Le ministre de l'Intérieur et lui ont assuré que « des développements positifs sont à prévoir sur le plan politique et sont de nature à réduire la tension communautaire dans le pays ». M. Machnouk a laissé entendre qu'une « action commune est envisagée dans ce cadre entre le courant du Futur et le Hezbollah, à travers le bloc parlementaire de ce dernier ».

(Lire aussi : Joumblatt s'interroge sur les atermoiements dans les procès des islamistes)

Pour M. Salam, « réduire la tension dans la rue est primordial pour la réussite des négociations ». Il a appelé les hommes politiques à œuvrer pour y aboutir. « Ce dossier est très délicat. Donner des détails sur les négociations envisagées ou en cours n'aidera pas à son règlement », a-t-il dit aux journalistes qui le pressaient de questions au sujet de la nature de l'intervention qatarie. « La question, a poursuivi le chef du gouvernement, en réponse à une question, ne se rapporte pas au prestige de l'État mais plutôt à la confrontation du terrorisme que nous ne pourrons pas affronter si nous restons divisés ou si nous continuons de douter les uns des autres. »

Prié de dire comment il pourra contenir la rue et rassurer les parents des militaires et des gendarmes enlevés, il a répondu : « Cette responsabilité incombe à l'ensemble des forces politiques. Lorsqu'elles décideront dans le cadre du conflit en cours de mettre une veilleuse aux tiraillements auxquels nous assistons, elles pourront retenir la rue, sinon gare à ce qui risque d'arriver. »

(Lire aussi : Le sunnite et le chiite figés dans la même douleur)


À Doha, M. Salam et la délégation qui l'accompagne ont eu un entretien avec l'émir, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, en présence du Premier ministre qatari et ministre de l'Intérieur, cheikh Abdallah ben Nasser, du chef de la diplomatie, Khaled ben Hamad al-Attiya, et du chef du bureau princier, Abdallah ben Hamad al-Thani. Les discussions ont été suivies d'une réunion élargie à laquelle ont pris part les ministres qataris de la Culture, Hamad Abdel Rahman al-Kouwari, des Municipalités, Abdel Rahman Khalifa al-Thani, des Télécommunications, Jassem ben Seif al-Salliti, et des Affaires étrangères, Khaled ben Mohammad al-Attiya.

M. Salam et son homologue qatari ont eu ensuite une discussion en tête à tête, suivie d'une conférence de presse du Premier ministre qui a rendu un vibrant hommage au Qatar, saluant « les efforts constants qu'il déploie pour tenter d'obtenir la libération des otages » et se félicitant des « mots encourageants » qu'il a entendus au cours de ses entretiens. Le Premier ministre a annoncé que l'émir lui a fait part de sa volonté de venir au Liban.

(Eclairage : La rébellion prend racine dans les camps de réfugiés : ébauche d’un noyau islamiste avortée à Marjeyoun ?)

Le dossier des réfugiés syriens et son impact sur tous les aspects de la vie au Liban a été débattu avec les dirigeants qataris en même temps que celui des militaires et des policiers pris en otage par les deux groupes terroristes. M. Salam a de nouveau insisté sur l'unité des rangs libanais en vue d'un dénouement heureux. Il n'a pas voulu donner de détail au sujet des négociations, précisant que les informations nécessaires seront dévoilées en temps opportun, mais que des indiscrétions à l'heure actuelle pourraient les compromettre. « Les négociations, a-t-il insisté, en sont à leurs débuts et n'ont pas abouti au point où nous pouvons dévoiler des détails déterminés. »

M. Salam a mis dans le même temps l'accent sur le danger que représentent les organisations terroristes « dont la zone d'influence est en train de s'étendre et qui sont présentes au Liban » et a souligné la responsabilité de tous pour contrer ce danger.


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