La décapitation d'un nouvel otage a renforcé la détermination de la communauté internationale à éradiquer les jihadistes de l'État islamique (EI, ex-Daech) en formant une large coalition dont les contours seront définis aujourd'hui à Paris.
« Nous traquerons les responsables (...) quel que soit le temps nécessaire », a déclaré hier le Premier ministre britannique David Cameron, le visage grave, après la diffusion d'une vidéo montrant le meurtre du travailleur humanitaire britannique David Haines. « Pas à pas, nous devons repousser, démanteler et finalement détruire l'État islamique », a-t-il ajouté dans une allocution télévisée, s'engageant à prendre « toutes nouvelles mesures nécessaires », sans toutefois en préciser la nature. Il s'est notamment gardé de lever les incertitudes concernant l'éventuelle association de son pays aux frappes aériennes américaines en Irak et en Syrie.
(Portrait : David Haines, "l'Ecossais fou" de l'humanitaire, décapité par l'EI)
Les représentants d'une vingtaine d'États doivent se réunir aujourd'hui à Paris pour permettre de définir le rôle de chacun dans la coalition internationale voulue par Washington afin de « détruire » l'EI. La conférence, qui s'ouvrira à 07h30 GMT, sera présidée par les chefs d'État français François Hollande et irakien Fouad Massoum. Selon les États-Unis, plus de 40 pays sont prêts à participer, d'une manière ou d'une autre, à cette alliance, comme le Canada, la Turquie, l'Italie, et les pays du Golfe. L'Australie a également annoncé hier sa participation, avec le déploiement de 600 de ses militaires aux Émirats.
Toutefois, l'Iran, qui n'a pas été invité à la conférence, a affirmé qu'il ne souhaitait pas de toute façon y participer. « Ce qui intéresse l'Iran, c'est une lutte réelle et non sélective contre le terrorisme dans la région et le monde. Nous allons continuer à soutenir avec force l'Irak et la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme », a affirmé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Le secrétaire d'État américain John Kerry est arrivé dans la capitale française samedi soir au terme d'un marathon diplomatique en Turquie et au Moyen-Orient, où il a obtenu le ralliement de dix pays arabes, dont l'Arabie saoudite. Le diplomate a toutefois réaffirmé hier qu'il n'y aurait pas de coordination avec Damas pour d'éventuelles frappes américaines contre l'EI en Syrie mais que tout serait fait pour éviter les interférences malencontreuses.
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Meurtre « barbare »
La décapitation de David Haines, 44 ans, est la troisième exécution de ce type en un mois, après celles de deux journalistes américains également enlevés en Syrie, James Foley et Steven Sotloff. Dans une vidéo intitulée Un message aux alliés de l'Amérique, dont Londres a confirmé l'authenticité, le groupe jihadiste menace d'exécuter un autre otage britannique, Alan Henning. Le bourreau, le visage dissimulé, s'adresse à David Cameron et reproche au Royaume-Uni d'avoir rejoint les États-Unis dans leur combat contre l'EI, en référence à l'envoi pour deux millions d'euros de mitrailleuses lourdes et de munitions aux forces kurdes d'Irak afin de lutter contre les jihadistes. « Vous êtes volontairement entrés dans une coalition avec les États-Unis contre l'État islamique, comme votre prédécesseur Tony Blair l'a fait avant vous, suivant une tendance parmi nos Premiers ministres britanniques qui ne peuvent pas trouver le courage de dire non aux Américains », juge-t-il. Cet homme à l'accent britannique, qui pourrait être le même que dans les vidéos des exécutions de Foley et de Sotloff, ajoute que cette alliance plongera les citoyens britanniques dans une « autre guerre sanglante et impossible à gagner ».
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La communauté internationale a aussitôt exprimé sa solidarité avec le Royaume-Uni, le président américain Barack Obama promettant lui aussi de traquer les responsables de ce meurtre « barbare ». Cet « odieux assassinat (...) montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daech », a réagi la France. La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté exprimé son « horreur » face à « l'acte injustifiable des terroristes qu'il faut punir », tandis qu'un porte-parole de la diplomatie européenne affirmait que l'UE, après cette décapitation, « était plus déterminée que jamais à soutenir les efforts internationaux en vue de lutter contre les groupes terroristes qui mettent en danger la stabilité internationale ».
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12 h 30, le 15 septembre 2014