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CD, DVD - Un peu plus de...

J’traîne des pieds

Tu seras en CM1-C, en 5e A, en 2nde Bleue, en Terminale 2. Rebelote. On pensait en avoir fini avec ces quinze années de calvaire. Le stress de la rentrée, du choix des profs, le stress des contrôles, des dictées, des problèmes de maths, de la dissection d'une grenouille, du cours d'allemand, de la remise des carnets, du brevet, du bac, de l'oral. On croyait que ces années-là étaient révolues. Qu'on était passé à autre chose. Aux bancs de l'université, une licence d'économie, une grande école, un PHD, un master en social medias. Qu'on avait par la suite opté pour une carrière somme toute agréable et qu'on avait jeté les cahiers et les profs au milieu. Les devoirs aussi, ainsi que le proviseur, les sièges de l'autocar, les cours d'athlétisme, l'odeur du chlore et le bonnet à la piscine. Eh bien non. Septembre, c'est la saint cartable pour tout le monde. Pour les enfants, bien évidemment, mais aussi les parents, les profs. Pour ceux qui bossent, pour les auteurs, les musiciens. Septembre, c'est la rentrée. Le mois qui sonne le glas de l'été, même si on ira se dorer les fesses au bord de l'eau jusqu'en novembre. Le neuvième mois de l'année annonce les retours. Tous les retours. Le retour des expats chez eux, d'abord, avec les larmes, les valises contenant pistaches, bouteille d'arak et me7ché wara' enab. Le retour de la montagne, des maisons à la mer, des voyages. Des voyages de noces aussi. Le retour au bureau. Le retour des romans, des albums, des films en salle, des émissions télé, des séries. Tout le monde rentre. Comme si on avait rangé, symboliquement, les crèmes solaires, les chapeaux de paille et les sandales. Quinze ans d'école, ça laisse des traces. Les angoisses du dimanche soir. La peur au ventre avant un entretien d'embauche. « J'ai l'impression de passer le bac. » Et c'est loin d'être fini. Parce qu'une fois qu'on devient parent, c'est reparti pour un tour. Un mauvais tour de manège. Un roller coaster émotionnel. On se (re)lève tôt. À 6 heures. La tête dans le coaltar, on cherche les chaussettes, on prépare le goûter, on descend en robe de chambre pour attendre l'autocar sous une pluie diluvienne, on remonte, on n'arrive pas à redormir. Et puis on redescend attendre l'autocar dans l'humidité hivernale. Et arrivent les devoirs. Où sont passés la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, l'URSS, la RDA, le mur de Berlin ? C'est quoi déjà une hypoténuse? C'était quand déjà Clovis ? Pourquoi étudie-t-on les départements français, l'histoire de France ? Il faut retenir L'Albatros, lire Le Rouge et le noir, faire une recherche sur la disparition des baleines dans le Pacifique Sud pour demain. On n'a pas d'imprimante, pas de feuille Canson A3, le petit a perdu la moitié de ses crayons de couleur, a oublié son cahier de sciences. On va se faire engueuler. Quelle note on a eue ? Parce que sa réussite, c'est la nôtre. Son échec, c'est le nôtre. Et puis, il y a le deuxième gamin et le troisième. Leurs boules au ventre et la nôtre. Kira2a, kawa3id. On a oublié de signer la fiche d'autorisation de sortie de classe, on a zappé la réunion parents-profs. On doit être gentil(le) avec les autres parents d'élèves. Ces parents d'élèves que les profs vont se coltiner, eux aussi, de septembre à juin. Ceux qui les accusent d'être la cause des lacunes de leur mioche. Ceux-là mêmes qui se faisaient taper sur les doigts par leur père il y a 25 ans parce qu'ils étaient mauvais retournent leurs complexes sur la maîtresse du petit dernier. C'est de sa faute à elle. Ces parents d'élèves qui soudoient les profs et les directeurs à coups de cadeaux et d'invitation pour avoir un pouvoir sur eux. Ces parents d'élèves inscrits aux abonnés absents. Qui ne viennent jamais aux réunions. Qui ne répondent pas aux appels. Ces parents d'élèves qui pleurent pour culpabiliser l'enseignant. Ces parents d'élèves paranos qui pensent que leur gamine est un bouc émissaire. C'est définitivement l'angoisse de la rentrée pour tout le monde. Sauf que les adultes n'ont pas de récré. Pas de partie de foot dans la cour, pas de bracelets brésiliens à faire, pas de trash packs à échanger, pas de baisers volés sous le porche du préau, pas de chewing-gums collés sous le casier, pas de fous rires quand le prof ne trouve pas ses lunettes. Malgré les devoirs, les interros, les zéros pointés, c'était l'époque de l'insouciance, des rêves d'avenir, des amourettes légères. Profitez-en tant qu'il est encore temps les enfants.

Tu seras en CM1-C, en 5e A, en 2nde Bleue, en Terminale 2. Rebelote. On pensait en avoir fini avec ces quinze années de calvaire. Le stress de la rentrée, du choix des profs, le stress des contrôles, des dictées, des problèmes de maths, de la dissection d'une grenouille, du cours d'allemand, de la remise des carnets, du brevet, du bac, de l'oral. On croyait que ces années-là étaient...

commentaires (2)

Charmant!

Michele Aoun

09 h 50, le 13 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • Charmant!

    Michele Aoun

    09 h 50, le 13 septembre 2014

  • Rézzallâh sur cette adolescence et sur cette jeunesse passées Ici bi Lébnéééne, de Baïyroût, à Jézzîne ou à Joûne en passant bien sûr par la Magnifique Äazoûr ! Merci la Médée.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 29, le 13 septembre 2014

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