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Liban - La situation

Le Liban pris à nouveau dans le jeu des axes

Autour du secrétaire américain John Kerry, les chefs de la diplomatie arabe, parmi lesquels Gebran Bassil, posent pour la photo à Djeddah. Pool/Brendan Smialowski/AFP

La belle unanimité autour de « l'État islamique » (EI, ex-Daech) et de ses méfaits a donc vécu.
De retour en force dans la région, après un quasi-désengagement de plusieurs années, les États-Unis s'apprêtent à prendre la tête d'une coalition arabo-internationale pour frapper l'organisation terroriste. Mais Washington a – logiquement – choisi de le faire sans pour autant céder à la tentation de renouer avec le régime syrien qui, depuis quelques mois, gigote dans tous les sens pour tenter de suggérer l'existence d'une coordination entre services occidentaux et syriens pour contrer l'EI et de dire qu'il est lui-même incontournable dans cette bataille.

Déjà largement entamée en ce qui a trait au conflit syrien, la crédibilité de Barack Obama le contraignait d'ignorer l'appel des sirènes assadistes, voire d'aller à leur encontre. C'est à présent chose faite.
Le résultat, c'est que la coalition montée par le président américain se met en place sans la participation de Damas, mais aussi de Moscou et de Téhéran, ces deux dernières capitales ne pouvant – tout aussi logiquement – se décider à contresigner l'acte de décès d'un régime qu'elles s'efforcent toutes deux de porter à bout de bras depuis plus de trois ans. Du coup, l'Onu se retrouve neutralisée dans le dossier de « l'État islamique » et ne pourra donc chapeauter la coalition.

(Lire aussi : Derbas à « L'OLJ » : Les camps, une idée à l'état brut, dans l'attente d'un financement...)


En somme, tout « rendre dans l'ordre », si l'on peut dire, en ce sens que la guerre contre Daech et le terrorisme jihadiste ne pourra pas échapper à la logique du jeu des axes régionaux, alors même que le principe de ce combat est admis par tout le monde. Et une fois de plus, le Liban se retrouve pris au piège de cette réalité.
Par l'entremise de son ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le Liban était représenté hier à la réunion de Djeddah qui a fixé, autour des pivots saoudien, égyptien et irakien, la participation arabe à la coalition contre Daech. À l'heure où ce groupe terroriste fait passer des heures noires à l'armée libanaise, au gouvernement de ce pays et aux familles des otages militaires que lui et son confrère, le Front al-Nosra, continuent de détenir, il était parfaitement naturel que le Liban fasse davantage qu'un simple acte de présence à cette réunion.

Les déclarations de M. Bassil reflètent cependant l'ampleur des contradictions dans lesquelles ce pays est contraint de s'empêtrer. Comme le note notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, les propos du ministre peuvent être résumés ainsi : le Liban est en faveur de la guerre contre le terrorisme « takfiriste » et il voudrait que ce combat aille jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à éradiquer Daech, mais cela doit à ses yeux être mené dans un cadre international et conformément à une résolution émanant du Conseil de sécurité des Nations unies. De plus, il est contre la mise en l'écart de n'importe quel État dans cette bataille.

En apparence, les déclarations de Gebran Bassil sont conformes à la politique de « distanciation » et à la doctrine de neutralité à l'égard des axes régionaux énoncée dans la déclaration de Baabda et battue en brèche par le Hezbollah. La réalité est plus nuancée dans la mesure où les propos du ministre des Affaires étrangères recèlent, une fois de plus, un appel implicite à la coopération avec le régime syrien, encore confondu chez lui avec l'État syrien.

(Lire aussi : Younine, village chiite adossé au jurd de Ersal, veut en finir avec les réfugiés syriens)


Et ce qui est implicite chez M. Bassil l'est nettement moins chez d'autres parties du 8 Mars. C'est par exemple le cas d'un député berryste, Abdel Majid Saleh, qui n'hésite pas à affirmer que « la phase qui s'ouvre avec la mise en place de la coalition internationale pour combattre l'organisation terroriste de "l'État islamique" est "encore plus dangereuse pour la région" et amènera "davantage de pressions sur la République arabe syrienne" ».
« Des États comme la Russie, la Chine et l'Iran sont exclus de cette coalition. Cela signifie que les intentions de celle-ci n'ont pas changé et qu'on cherche toujours à sanctionner la résistance au Liban et l'État syrien », ajoute-t-il.

On ne saurait être plus clair. Ainsi, d'ores et déjà, le combat contre Daech est en passe d'être façonné par la ligne des divisions régionales et locales. Et cet état de fait est loin de pouvoir aider le Liban à se positionner, au moment où celui-ci a besoin de la plus grande cohésion à l'intérieur pour venir à bout de ce fléau.
Le Premier ministre, Tammam Salam, qui doit se rendre dimanche à Doha (Qatar) en compagnie du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, pour discuter du dossier des otages militaires, en est certainement conscient.

 

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La belle unanimité autour de « l'État islamique » (EI, ex-Daech) et de ses méfaits a donc vécu.De retour en force dans la région, après un quasi-désengagement de plusieurs années, les États-Unis s'apprêtent à prendre la tête d'une coalition arabo-internationale pour frapper l'organisation terroriste. Mais Washington a – logiquement – choisi de le faire sans pour autant céder...

commentaires (5)

MIN "AXE" LA "3AKSE"... ET L'ABRUTISSEMENT CONTINUE !

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 20, le 13 septembre 2014

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Commentaires (5)

  • MIN "AXE" LA "3AKSE"... ET L'ABRUTISSEMENT CONTINUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 20, le 13 septembre 2014

  • Pauvre Liban, toujours le premier et le dernier à payer les pots cassés

    Sabbagha Antoine

    13 h 54, le 12 septembre 2014

  • Aux dires de Dr. Geagea, le gouvernement est une pléthore de gouvernements ou chaque ministre est un gouvernement de par lui même. Nous avons vu cela avec le précédent ministres des affaires étrangères et maintenant avec Bassil. Comment voulez vous que le Liban soit donc pris au sérieux si chaque ministres dit et fait des siennes sans en rendre compte au conseil des ministres? C'est une image qui fait pleurer. Pourvu que les grandes puissances et les puissances régionales continue a être patientes avec nous.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 14, le 12 septembre 2014

  • EST CE PAYS EST UNE NATION ? C'EST UNE BANDE DE MERCENAIRES QUI LE GOUVERNE. CHAQUE MERCENAIRE DÉCLARE ET EXÉCUTE LES ORDRES RECUS D'UN AUTRE PAYS À SA GUISE. ET TOUT ÇA AU NOM DE CE PAYS QUI S'APPELLE LIBAN.

    Gebran Eid

    07 h 15, le 12 septembre 2014

  • Mais si ce béssîîîl tient tellement à intégrer et le régime bääSSyrien, et la Per(s)cée et le Nain poutine dans une coalition anti-sunnite islamiste ; eh bien qu'il forme alors le Beauf "grimpion" avec ce hézébbb et ses derniers une autre coalition "propre" à eux, et qu'il foute alors la paix et au Grand-Liban et aux éhhh Libanais !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 58, le 12 septembre 2014

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