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Culture - Concert

Une « bombe » rafraîchissante à Métro al-Madina

Ils sont six, ils viennent d'horizons différents mais prennent un malin plaisir à taper sur l'extrémisme, d'où qu'il soit. « The Great Departed », c'est le nom du groupe qui envoûte des centaines de personnes à chaque apparition. Rencontre.

Pendant plus de deux heures, le groupe a provoqué des rires francs et bruyants.

Ce soir-là, la salle de Métro al-Madina affiche complet. Dans le public, des groupes d'amis, surtout. Des jeunes, des cinquantenaires. Tout le monde est représenté. Tous sont venus applaudir «The Great Departed», comprenez le grand défunt, composé de six amis. Leur créneau, se moquer des dictateurs et des terroristes avec un humour corrosif en donnant un coup de fouet à la musique traditionnelle. «Nous sommes ancrés là-dedans, mais on se permet quelques libertés dans les textes» glisse Khaled Sobeih, 37 ans et fondateur du groupe, qui n'épargne personne dans ses paroles. Il poursuit: «On ne peut pas cracher sur Abou Bakr al-Baghdadi et être d'accord avec les actes de Bachar al-Assad!» Si, sur certains détails, il leur arrive de débattre et de ne pas être d'accord, dans le fond, les membres de ce groupe s'accordent à condamner tous les extrémismes.

Dans le café-théâtre, la lumière qui se tamise annonce l'entrée en scène du sextuor. Des airs de oud, de bouzouk envahissent la salle. Le rideau reste fermé quelques instants, comme pour empêcher le public de se concentrer sur autre chose que la musique. Quand il se lève, on découvre les six dans une mise en scène sobre. Ils portent des lunettes de soleil. À ce propos, Khaled confie: «Au départ, c'était juste pour éviter que nos regards se croisent car à plusieurs reprises, pendant les premières répétitions, on a fait des fous rires. On a continué à faire pareil pour les spectacles parce qu'on s'est rendu compte que ça nous aidait à diminuer notre stress.»

Tous sont assis sur des tabourets, semblent regarder dans le vide. Le rythme s'accélère. La salle est entraînée par le chœur. Parfois elle répond, donne son avis. Le groupe s'amuse avec ces interactions. Souvent, on s'esclaffe. On applaudit deux fois plus fort comme pour marquer son accord, notamment lorsque les artistes se moquent d'une des déclarations fracassantes de Mouhammad Morsi, ancien président égyptien.

 

À les voir sur scène, on se demande s'ils n'ont pas fait ça toute leur vie. En fait, leur vie est la même que celle de milliers de Libanais. Dans l'équipe, on compte un architecte, un journaliste politique et culturel, mais aussi un couturier, deux enseignants et une comédienne. «Avant d'être des artistes, nous sommes des citoyens» confie Khaled. Et d'ajouter: «On ne peut pas parler du ciel, de la pluie et du beau temps quand on connaît la situation de notre pays.» Il n'est pas rare qu'à la sortie de leur spectacle, des gens leur demandent: «Vous n'êtes pas menacés?» La réponse est «non». Du moins, «pas encore».

Suivi par un millier de personnes sur Facebook, «The Great Departed» fait son petit bout de chemin, reçoit beaucoup de réactions positives à ses chansons.
À la sortie, comme en ont témoigné les chaleureux applaudissements durant le spectacle, beaucoup sont charmés par tant de fraîcheur. L'un d'entre eux témoigne: «Dans chaque chanson que j'ai entendue, il y a une maxime qui donne à réfléchir. Et pourtant, cela reste très agréable à écouter. C'est très intéressant de voir que le fond ne l'a pas emporté sur la forme.» La suite, pour le sextuor, c'est d'abord deux nouveaux concerts au même endroit, les 23 et 30 septembre. Quant à l'idée d'un album, elle germe lentement.

 

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