Le marasme politique ainsi que la polarisation rigide qui marque le pays depuis bientôt dix ans – une situation pour le moins paradoxale face aux changements profonds qui animent toute la région depuis quatre ans – pourraient inciter à la multiplication d'initiatives de sortie de crise. Des initiatives qui pourraient déteindre sur les dynamiques internes aux partis politiques. À titre d'exemple, un plaidoyer pour une réforme du Courant patriotique libre (CPL) avait ainsi été publié, le mois dernier, sous la forme d'un article mesuré et rationnel écrit par un militant de longue date, Naïm Aoun, neveu du leader du CPL, le général Michel Aoun.
Reflétant la voix de l'opposition interne prudente, ce plaidoyer était mû par le souci de préserver le legs des années de lutte du CPL avant 2005. L'article en question rappelait « la cohésion et l'harmonie de la pensée, de la parole et de l'action du Courant patriotique libre », aujourd'hui ternies par « un discours fade de justification louche qui ne convainc plus personne ». « Les petits intérêts sont couverts par les slogans », avait ajouté l'article, publié dans le quotidien as-Safir.
Cet appel exprimait un double souci : celui de redéfinir sur des bases solides le rôle du CPL, en tant que parti chrétien fort face au bouleversement régional, en réformant son statut interne pour une démocratisation de la prise de décision; et, corollairement, garantir un mécanisme d'élection interne transparent et juste, excluant tout favoritisme. Ces demandes auraient été « accueillies favorablement » par le général Michel Aoun, affirment à L'Orient-Le Jour des milieux aounistes impliqués dans la réforme interne. Ils répondent par l'affirmative, mais sans plus de détail, à la question de savoir si des démarches ont déjà été entamées dans ce sens.
Dans ce contexte, une initiative a émergé de la part de l'ancien membre du conseil des sages du CPL, l'ancien vice-président du Conseil, le général Issam Abou Jamra. Celui-ci prévoit en effet de fonder, avec d'anciens militants du CPL, un parti politique indépendant. Même si cette idée « est toujours au stade d'ébauche », comme tient à le préciser le général Abou Jamra à L'OLJ, elle obéit à un double impératif : celui de « rompre avec la tradition des dynamiques internes des partis, qui marginalisent ou déçoivent leurs membres » ; et celui de « tenter de véhiculer, au niveau de l'exercice politique national, une approche basée sur l'entente ». Le slogan du parti sera d'ailleurs celui de « l'entente nationale ». C'est la seule chose concrète qui se dégage pour l'instant de cette idée qui avance à petits pas.
C'est d'ailleurs avec prudence que s'exprime l'ancien candidat du CPL aux législatives à Achrafieh. Il s'abstient de mettre en vis-à-vis son approche et la dynamique de contestation interne au sein du CPL. « L'opposition exprimée par Naïm Aoun a ses motifs et nous avons les nôtres. Nous maintenons notre position parce que rien n'a changé au niveau du commandement du CPL », affirme le général Abou Jamra. Il dit s'inspirer néanmoins de sa précédente expérience au sein du courant aouniste pour élaborer les bases de fonctionnement de son parti. Il revient ainsi sur la réunion de l'assemblée constituante du CPL à Rimal (deuxième tentative de réformer le statut interne) et les circonstances qui avaient empêché la création d'un comité politique exécutif, pour favoriser l'option d'un comité consultatif. « Comment un parti peut-il ainsi se contenter d'accorder des compétences consultatives à ses partisans ? » s'interroge le général Abou Jamra, valorisant l'un des objectifs de son futur parti, celui de consolider l'exercice du comité exécutif.
Les milieux du CPL qui préconisent une réforme dans ce sens s'abstiennent de commenter l'initiative de leur ancien collègue. Ils disent « ne pas avoir eu vent » de cette initiative.
Par ailleurs, les proches du général Abou Jamra, les « sages » qui s'étaient retirés avec lui du CPL, ne sont pas sûrs de se rallier à son initiative. L'un d'eux a d'ailleurs contesté le slogan de « l'entente nationale ».
« Nulle entente n'est possible avec le Hezbollah », a souligné un ancien magistrat à L'OLJ.
Interrogé sur ce point, l'ancien vice-Premier ministre rappelle que son projet est toujours en état de gestation. Il défend néanmoins une position « centriste » sur la question. Le point qu'il conteste n'est pas les armes du Hezbollah, « tant qu'elles défendent le pays », mais l'ingérence du parti dans les combats en Syrie.
Certes, tout se prête au dialogue et au débat qui restent, semble-t-il, au cœur de l'idée en gestation, et à laquelle il souhaite donner vie.
Pour mémoire
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commentaires (7)
Sous le règne de l’ex-Système Sécuritaire, le parti boSSfàRien était juste "pur", i.e. qu'il voulait que la domination droitière revêtît 1 forme parlementaire non 1 forme autocratique, et demandait surtout la part du lion. Quant aux conditions de la transformation, il n'en avait aucune idée. Ce qui, par contre, lui était clair, c'était son impopularité parmi les démocrates et surtout chez les "futurs" Cédraies. Ces "purs" orangés-là, comme c'est d'ailleurs naturel de la part de nuls "purs" pareils, étaient déjà sur le point de se contenter juste d'1 amélioration de leur condition sous la botte de ce système, lorsqu’éclata la Cédraie qui leur offrit alors enfin 1 place au soleil. Les boSSfàRiens possédaient d'avance la confiance des nantis et des "Moyens chréti(e)ns". Les "anarchistes" de la Cédraie furent ostracisés mahééék, et le parti du boSSfééér en profita pour se débarrasser de ses rivaux les + proches. L’oranginée, qui se considérait since longtemps comme l'héritière "légitime" du régime d’avant 90, se trouvait avoir dépassé son idéal, mais elle arrivait au pouvoir non pas comme elle l'avait rêvé sous ce Système, à la suite d'1 révolte libérale, mais suite à 1 soulèvement réprimé du Cèdre libéré contre cet ex-Système. Ce qu'elle s'est imaginée comme devant être l'événement le + en sa faveur, se passa, en réalité, comme l'événement le + contre elle. Le fruit tombait dans ses mains, oui, mais il provenait de l'arbre de la science, et non de l'arbre de vie !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 21, le 11 septembre 2014