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Liban - La situation

Le vent de la discorde sectaire souffle sur la Békaa

La route de Saadnayel coupée à la circulation par des habitants en colère après le rapt d’Ayman Sawan. Photo Danièle Khayat

L'« État islamique » (EI, ex-Daech) est en passe de réussir un grand coup au Liban sans même avoir à trop se mouiller. La fâcheuse tendance des Libanais à flirter constamment avec les comportements du bord du gouffre donne, en effet, aux terroristes islamistes une terrible marge de manœuvre dont ils ont pu calculer l'ampleur à la suite des exécutions barbares qu'ils ont perpétrées sur deux des militaires qu'ils détiennent.
Depuis samedi soir et l'annonce de la décapitation du second soldat, Abbas Medlej, un chiite de la région de Baalbeck, un vent de panique souffle sur la Békaa. Les réactions primaires, voire primitives, l'emportant chez de nombreuses foules sur la raison, ce qui devait arriver arriva : hier, on pouvait clairement affirmer, avec la reprise des enlèvements et contre-enlèvements sur une base confessionnelle, que la région était revenue à la phase d'avant le plan de sécurité mis en œuvre avec plus ou moins de succès au début du printemps dernier.
Les terroristes, quant à eux, doivent rire sous cape : ils n'ont pas oublié, eux, qu'avant d'assassiner sauvagement le soldat Medlej, ils avaient fait de même avec le soldat Ali Sayyed, qui se trouvait pourtant être un sunnite.
Mais il est vrai qu'avant cela, le Front al-Nosra, à peine moins sinistre que son confère daéchien, avait libéré d'un bloc tous les militaires sunnites qu'il détenait en otage, donnant à penser que les terroristes avaient bien l'intention de jouer sur la fibre qui fait traditionnellement le plus de dégâts au Liban, à savoir la fibre confessionnelle et sectaire.

 

(Lire aussi : Journée de folie dans la Békaa avec des enlèvements et des contre-enlèvements sunnito-chiites)


Voilà donc où nous en sommes aujourd'hui, à l'heure où, en plus des rapts et des fermetures de routes dans la Békaa, on assiste un peu partout dans le pays à une escalade dans les surenchères politico-confessionnelles interlibanaises, mais aussi à l'exacerbation des sentiments racistes et xénophobes à l'endroit des réfugiés syriens, simplement parce que les foules semblent incapables de ne pas céder au piège facile de l'amalgame.
Les vexations de toute sorte se multiplient dans plusieurs régions à l'encontre des populations déplacées sous prétexte d'assimilation à Daech et compagnie, et il est heureux que jusqu'ici, les lignes rouges n'aient guère été franchies sur ce plan.


C'est dans ce contexte à la fois chaotique et explosif que l'État libanais est appelé à gérer la crise des otages militaires. Pour une fois, les responsables, et à leur tête le chef du gouvernement, s'efforcent de s'acquitter aussi dignement que possible de l'affaire, en dépit du terrible dilemme auquel ils sont confrontés. La tonalité adoptée dimanche soir par Tammam Salam dans son message télévisé aux Libanais, plaidant pour un minimum de clarté et d'unité dans le combat face aux terroristes, allait tout à fait dans ce sens, mais il n'est pas sûr que l'opinion en ait saisi toute la signification.

 

(Lire aussi : Les réfugiés syriens personae non gratae dans des localités chiites de la Békaa et du Sud)


Toujours est-il que nombre d'observateurs continuent à soutenir mordicus qu'en dépit de tous les désaccords qui déchirent plus que jamais les Libanais et leur classe politique, malgré les différences radicales dans les diagnostics qui sont faits ici ou là du phénomène de Daech et du péril qu'il représente, et quoi qu'il en est des crispations confessionnelles dans la rue, aucune partie politique libanaise n'est disposée à autoriser un dérapage ou une dérive du pays vers un conflit majeur. C'est à peu près la seule certitude unanime qui persiste vaille que vaille.


Pour le reste, tout va mal, et même très mal. Et à Rabieh, il n'est toujours pas question d'un changement de cap en matière de présidentielle.

 

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L'« État islamique » (EI, ex-Daech) est en passe de réussir un grand coup au Liban sans même avoir à trop se mouiller. La fâcheuse tendance des Libanais à flirter constamment avec les comportements du bord du gouffre donne, en effet, aux terroristes islamistes une terrible marge de manœuvre dont ils ont pu calculer l'ampleur à la suite des exécutions barbares qu'ils ont perpétrées...

commentaires (8)

Seule solution, executer 3 terroristes entre les main des autorites a Roumieh pour chaque soldat assassine. C est le seul language que comprendront ces sauvages du Deach et du frot Al-Nosra. Malheureusement, le gouvernement n'a pas le courage de le faire,puisque la plupart des terroristes emprisones sont couvert politiquement....Et y a encore des cretins qui insistent a impliquer al 3adu al israili......

IMB a SPO

15 h 49, le 09 septembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Seule solution, executer 3 terroristes entre les main des autorites a Roumieh pour chaque soldat assassine. C est le seul language que comprendront ces sauvages du Deach et du frot Al-Nosra. Malheureusement, le gouvernement n'a pas le courage de le faire,puisque la plupart des terroristes emprisones sont couvert politiquement....Et y a encore des cretins qui insistent a impliquer al 3adu al israili......

    IMB a SPO

    15 h 49, le 09 septembre 2014

  • Tous ces événements décrits dans la Békaa ont toujours existé (les rapts, les conflits entre communautés religieuses) ainsi que cette xénophobie à l'égard de certaines communautés la plupart du temps en raison de leur situation économique. Les divisions et faiblesses du peuple libanais préexistent à l'avénement de Daech. Ce dernier, à l'instar d'autres entités bien connues, ne fait que profiter de cette instabilité et de cette absence d'union nationale

    Olivier Georges

    12 h 56, le 09 septembre 2014

  • Ah si ces sunnites promptes a montrer des muscles sur leurs compatriotes pouvaient en faire autant vis a vis de leurs bourreaux en Israel , pays usurpateur !!!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 25, le 09 septembre 2014

  • Etes vous sur que ces réactions sont le seul fait de sentiments de "panique, primaires, voire primitifs, l'emportant chez de nombreuses foules sur la raison"? Ce genre d'actions sont provoquées justement pour déstabiliser autant que possible le pays ouvrant la voie a un chaos qui peut se transformer en guerre et par la, justifier toutes interventions potentielles de l’armée Syrienne en territoire Libanais. Cette fois elle clamera la légitime défense et la protection de ses allies. Cela fera surement sauter le gouvernement et finira par pousser tous les autres a l'auto-défense. Le Hezbollah et ses alliés auront atteint leur but. Espérons que le présent gouvernement pourra surmonter se nouveau piège et en sortira le pays indemne une fois de plus.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 04, le 09 septembre 2014

  • Les Syriens Sains sont en pleine difficulté. Toute tentative de renverser l’aSSadiot, quand le djihadiste frappe aux portes, est désespérée. Ils doivent remplir leur devoir pour la liberté, mais ne doivent pas se laisser entraîner par des souvenirs éculés, comme les Moyens s’étaient par le père aSSadique laissés duper. Ils n'ont pas à recommencer le passé mais l'avenir édifier. Qu’ils profitent de cette phase pour procéder à leur réorganisation. Cela les dotera d'1 vigueur et d’1 force pour la régénération de sœur-syrie. De leur sagesse renouvelée, dépend le sort de la liberté. Les Libanais Sains ont pris peu de mesures pour vaincre la répugnance de leur ministère à soutenir la révolution. Son atermoiement a pour but de racheter la mikatienne dissociation bidon en fait antirévolutionnaire, vu son indécente hâte de jadis à ne pas prendre partie. Ces Sains réclament aussi de la partie Saine de la marotte actuelle, qu'elle s'oppose au démembrement de la Syrie que les Malsains sont assez impudents pour réclamer à grands cris. Ce sont les mêmes qui avaient porté aux nues ce bääSSyriaNique tel la providence du croissant fertile, et encouragé avec frénésie les crimes de ce négrier. Comme alors, ils besognent encore pour lui. Si les Sains des deux côtés oublient leur Sain devoir, cette "civile" ne sera que l'annonciatrice de conflits encore plus terribles qui conduiront à de nouvelles défaites des Sains, battus encore par ces "seigneurs" d’1 zoulfikâr fakkihisto-bääSSyriaNique !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 38, le 09 septembre 2014

  • Sans président de la république et avec un gouvernement faible , on imagine mal comment la paix va s'instaurer avec ces enlèvements sur base confessionnelle le point le plus faible du Liban.

    Sabbagha Antoine

    07 h 26, le 09 septembre 2014

  • Cette analyse de M Fayad de la situation dit clairement que le cancer de "la fibre confessionnelle et sectaire", qui a toujours accablé et épuisé le Liban, a une métastase extrêmement dangereuse, capable cette fois d'emporter ce pays définitivement à l'enfer dans lequel Daech veut le précipiter. Alors cette organisation d'Allah le tout puissant et miséricordieux est tout heureuse car les Libanais font le travail à sa place, ses jihadistes en exultent et, encore plus hallucinés, crient victoire et lancent des "allaho Akbar". D'autant plus que son calife se rend compte chaque jour davantage qu'il a au Liban des chefs et hommes politiques, adeptes de son daéchisme d'entêtement et d'intransigeance quant à leurs ambitions criminelles et qui ainsi lui facilitent énormément sa tâche divine.

    Halim Abou Chacra

    06 h 36, le 09 septembre 2014

  • C'EST TRISTE... TRÈS TRISTE... MAIS DEPUIS L'INTERVENTION DE CERTAINS DANS LES PAYS VOISINS C'ÉTAIT À PRÉVOIR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 11, le 09 septembre 2014

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