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Moyen Orient et Monde - Gaza

« Notre seul tort, c’est d’être du Fateh »

De jeunes Palestiniens mettant le feu à des pneus durant une confrontation avec les forces de sécurité israéliennes. Ahmad Gharabli/AFP

À peine sorti de chez lui à Gaza, Abou Jihad a reçu neuf balles dans la jambe. Son tort ? Avoir brisé l'assignation à résidence imposée par le Hamas à 300 membres du Fateh, son rival historique, explique-t-il sur son lit d'hôpital à Ramallah. « Jamais de ma vie je n'aurais pensé être attaqué par le Hamas ou par n'importe quel autre mouvement palestinien », témoigne ce Gazaoui de 27 ans.
Il a pu être transféré de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas vers la Cisjordanie où siège l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, le chef du Fateh, pour se faire soigner. Mais il n'accepte de raconter son calvaire que sous un pseudonyme et à condition que le nom de son hôpital reste secret.
À Gaza même, où le parti islamiste Hamas a pris le pouvoir en 2007 au prix d'une guerre civile avec le Fateh, les membres du Fateh, du simple militant au haut responsable, parlent tous sous le couvert de l'anonymat de peur des représailles.

 

(Repère : "Bordure protectrice" : le bilan humain et matériel à Gaza [en infographies])

 

« Le Fateh n'ose pas affronter le Hamas »
De son côté, Ibrahim, cadre du Fateh, tient à raconter son histoire car, dit-il, personne ne soutient les membres du Fateh à Gaza, pas même la direction de leur parti en Cisjordanie. « Au mieux, (elle) nous envoie un message de prompt rétablissement mais n'ose pas affronter le Hamas ». « Pour éviter que le Hamas ne les attaque, un grand nombre de membres du parti ont rejoint le Jihad islamique », la deuxième force à Gaza, renchérit Abou Iyad, le nom d'emprunt d'un autre militant du Fateh. Le deuxième jour de la guerre avec Israël dans la bande de Gaza, « quatre hommes habillés de noir, armés et masqués » ont débarqué chez Ibrahim. « Ma fille de 12 ans a été effrayée, elle a uriné sur elle, paniquée par l'entrée des combattants », raconte-t-il avec agitation.

 

(Lire aussi : Avec la guerre, le Hamas s'est posé en acteur politique incontournable)


Les hommes ont refusé de s'identifier. Ils lui ont remis un papier portant le tampon officiel des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. Sur cette feuille, qu'Ibrahim conserve précieusement, est écrit : « Pour votre propre sécurité, il vous est demandé de ne pas quitter votre maison durant toute la période de la guerre. » Sur ce papier, aucune accusation n'est mentionnée. « Notre seul tort, c'est d'être du Fateh », s'emporte Ibrahim. Abou Ahmad, 23 ans, est persuadé, lui aussi, d'avoir reçu 19 balles dans les jambes parce qu'il appartient au Fateh : « Ils m'ont collé contre un mur, ont tiré et ont crié : voilà notre cadeau au Fateh », rapporte-t-il lui aussi dans un hôpital de Cisjordanie. « Si le Hamas a des doutes sur nous, pourquoi est-ce qu'il ne nous exécute pas comme il a récemment exécuté 18 personnes qu'il accusait de collaboration ? Pourquoi ne pas nous juger et mener une enquête ? » s'interroge Abou Jihad. « Dans notre société où la réputation compte plus que tout, des familles entières vivent désormais dans la peur, affirme un haut responsable du Fateh à Gaza. Le Hamas remet en cause la dignité et le patriotisme de nos militants dont certains ont combattu, perdu des membres de leur famille au combat. » De son côté, le Hamas a affirmé que ces assignations à résidence n'avaient « aucun motif politique » et qu'il s'agissait de « procédures judiciaires visant des personnes, dont certaines sont accessoirement membres du Fateh ».

 

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