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Moyen Orient et Monde - Violences contre les enfants

« Cachée sous nos yeux » : le rapport qui glace

Dans son nouveau bilan-choc, l'Unicef dénonce, chiffres à l'appui, des sévices touchant principalement les mineurs ; chargée de l'enfance, Jihane Latrous répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Manifestante en Inde, le 13 septembre 2013, dénonçant les viols commis dans ce pays. Archives/AFP

Elles ont à peine 20 ans et sont 120 millions à avoir subi des violences sexuelles. Ils sont encore mineurs et sont un milliard à avoir subi des châtiments corporels. Dans son dernier rapport intitulé « Cachée sous nos yeux », l'Unicef dresse un sombre tableau des sévices envers les enfants dans le monde. Une violence cachée, mais qui est juste là, sous nos yeux, sous les yeux de tous ceux qui daignent regarder la vérité en face. Et ils sont peu nombreux, que ce soit par manque d'information, d'éducation, par manque de courage parfois ou par simple déni.

Les conflits qui déchirent des régions entières du globe n'ont fait qu'atiser ces violences et « sont un facteur non négligeable » pour Jihane Latrous, chargée de l'enfance à Unicef-Liban. Les régions où se développent des violences sexuelles « connaissent des guerres, des conflits... une instabilité donc qui affecte énormément les pans les plus vulnérables de la société. Dans certaines zones de conflit et de déplacement, le viol est largement utilisé comme arme de guerre. Cela a évidemment un impact non seulement sur les femmes et les filles mais aussi sur les garçons et les hommes ».

En effet, bien que moins exposés aux violences sexuelles, les garçons « sont également en position de risque », souligne l'Unicef. Ainsi, au Liban par exemple, l'Unicef veille à ce que « hommes, femmes, garçons ou filles aient accès aux services de la même manière, sans discrimination et que leur dignité soit respectée. Lorsque nous formons le personnel de santé qui vient en aide aux victimes de violences sexuelles, ainsi que tous les acteurs sur le terrain avec lesquels nous travaillons, nous veillons au respect de tous », affirme Mme Latrous.

 

(Lire aussi: Nancy Ajram : On ne peut pas accepter qu'il y ait encore cela dans le monde...)

 

Violences émotionnelles
Pour sa part, Anthony Lake, le directeur général du fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), y va tout de go : « Ce sont des données qui mettent mal à l'aise. » Et c'est le moins qu'on puisse dire. En effet, ces chiffres montrent que les enfants sont toujours les êtres les plus vulnérables et vient rappeler que la violence qui leur est faite reste un phénomène « omniprésent ». Mais ça, nous le savions déjà. Des chiffres qui « déchirent aussi le tissu social en mettant en péril la stabilité et le progrès », insiste M. Lake. Et c'est surtout sur cela qu'il faut s'arrêter. Car quelle société peut se prétendre développée si en grattant un peu on y découvre rapports sexuels forcés, violences émotionnelles, physiques ou sexuelles, ou encore une prévalence des homicides touchant principalement les mineurs ?

Ce rapport glaçant de l'Unicef, résultant de « la plus importante collecte de données jamais effectuée » sur le sujet dans 190 pays, est une claque pour le monde entier : bien qu'elles soient inégalement exposées à ce type de violences en fonction de leur pays d'origine, près d'une fille de moins de 20 ans sur dix a déjà souffert d'agressions sexuelles à travers le monde.
Ainsi, dans 13 des 18 pays d'Afrique subsaharienne disposant de données, au moins 10 % des adolescentes ont fait état de rapports sexuels forcés. Elles étaient moins d'un pour cent à signaler des violences sexuelles dans les pays d'Europe centrale et orientale. Parmi les adolescentes mariées âgées de 15 à 19 ans, une sur trois a été victime de violences émotionnelles, physiques ou sexuelles perpétrées par son mari ou partenaire.

Autre constat qui montre que ces questions restent étroitement liées au poids des normes sociales et à un accès limité à l'éducation : près de la moitié des filles de 15 à 19 ans dans le monde (environ 126 millions) pensent qu'il est parfois justifié qu'un mari ou un partenaire frappe ou batte sa femme.
Parmi les adolescentes victimes de violences physiques et/ou sexuelles, la moitié admet ne jamais en avoir parlé, et 7 sur 10 n'ont jamais demandé d'aide pour mettre fin à leur situation.

« Estimation minimale du problème »
« Les faits contenus dans ce rapport nous obligent à agir », insiste M. Lake. Pour « éradiquer la violence envers les enfants » généralement moins bien protégés que les adultes, l'Unicef préconise, entre autres, « de renforcer les systèmes judiciaires, pénaux et sociaux », de « collecter des éléments de preuve » concernant la violence et ses coûts humains et socio-économiques. Elle insiste également sur la sensibilisation du public.
Mme Latrous insiste pour a part sur la réinsertion des victimes dans la société. En leur offrant « un soutien psychosocial, il est possible de travailler sur la résilience de ces personnes, non en tant que victimes mais en tant que personnes conscientes des différentes options disponibles afin de continuer d'avancer ».

Enfin, l'agence rappelle que les chiffres dévoilés représentent une « estimation minimale du problème », car elles ne proviennent que de personnes ayant accepté de s'exprimer. « Les violences fondées sur le genre sont en général peu reportées, l'accès aux services souvent limité et les victimes pas toujours renseignées sur leurs droits et sur les services qui leurs sont offerts », ajoute Mme Latrous.

 

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