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Moyen Orient et Monde - Entretien

« Ressusciter la menace russe permet de donner une raison d’être à l’Otan »

Un militaire ukrainien dans un véhicule militaire près de Donetsk. Gleb Garanich/Reuters

« L'Otan revient à ses origines : elle va se concentrer avant tout sur la défense collective », déclarait lundi Douglas Lute, l'ambassadeur américain auprès de l'Alliance. En pleine crise ukrainienne, et alors que les pays membres de l'Otan accusent la Russie d'envoyer des troupes sur places, ce discours prend une dimension tout à fait particulière qui rappelle, à bien des égards, le contexte de la guerre froide. Pour L'Orient-le Jour, Philippe Migault, directeur de recherche à l'Iris et spécialiste de la Russie en ce qui concerne les questions de défense et de sécurité, revient sur la configuration actuelle du rapport Otan/Russie en marge de la crise ukrainienne.

 

L'Orient-Le Jour : Quels sont les moyens d'actions dont dispose l'Otan contre la Russie ?
P.M. : Aucun. La Russie n'est en guerre contre aucun allié de l'Otan. De ce fait, leur marge de manœuvre est extrêmement limitée.

L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan est-elle encore d'actualité ?
Non. Cela serait perçu comme un casus belli pour les Russes.

Les États baltes et la Pologne semblent se sentir menacés par la Russie. Leur crainte est-elle justifiée ? Pourraient-ils subir le même sort que l'Ukraine ?
Les États baltes et la Pologne se sentent effectivement menacés. Toutefois à mon sens, leur crainte n'est pas justifiée. En effet, je ne suis pas persuadé qu'il y ait eu « un plan ukrainien » du côté russe. Je crois plutôt qu'ils ont agi en réaction à la situation après avoir constaté le renversement du gouvernement démocratique élu.

Quelles sont alors les intentions de la Russie en Ukraine ?

De jour en jour, la Russie est en train de renforcer son influence sur l'Ukraine. Le fossé se creuse de plus en plus entre l'Ouest et l'Est du pays. Il ne faut pas oublier que les habitants de l'Est ukrainien subissent quotidiennement les bombardements de leur propre armée. Il faudra beaucoup de temps pour apaiser ces tensions.

Percevez-vous une volonté d'affrontement entre la Russie et l'Otan ? Peut-on parler de nouvelle guerre froide ?

Il n'y a pas de volonté d'affrontement du côté russe. Du point de vue américain, ressusciter la menace russe permet de donner une raison d'être à l'Otan et de réunir les forces alliées sous son aile. Toutefois, il n'est pas pertinent de parler de guerre froide surtout parce que les composantes idéologiques ne sont pas présentes.

Qu'en est-il de la configuration actuelle du rapport de force entre les deux acteurs ?
Poutine possède un immense avantage puisqu'il peut s'appuyer sur les 85 % d'opinions qui lui sont favorables en Russie. De l'autre côté, l'Otan est une coalition d'alliés dont les capacités de commandement sont complexes et limitées.

 

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