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Nos Lecteurs ont la Parole - Carole DIB

Plus de seaux, moins de sots ?

Assister à des conférences sur des maladies et des problèmes internationaux ? Être volontaires pour des causes d'ordre humanitaire ? Seulement pour les initiés, dirait-on.
Mais s'il s'agit de verser des seaux d'eau glacée sur la tête et de défier malicieusement des amis qui devront subir le même sort ? Évidemment, ça devient un peu plus intéressant, dirait-on.
D'ailleurs, voilà le dernier boom sur les réseaux sociaux : le « Ice Buckett Challenge », une campagne, au départ supposée sensibiliser l'opinion publique sur la maladie SLA (Sclérose latérale amyotrophique) et récolter des fonds pour la combattre.
Il y a ceux qui critiquent cette mode qui ne sert en rien les malades, tant que les gens s'amusent à gaspiller de l'eau plutôt que de faire des dons. Et pourtant je me dis que, quelques jours auparavant, presque personne n'avait entendu parler de cette maladie. Aujourd'hui, tout le monde en parle. Alors ? They must have done something right.
Et d'ailleurs, si c'est seulement la méthode « amusante » qui nous permet d'apprendre et de devenir plus sensibles à des causes de grande importance, ainsi soit-il. Mais dans ce cas-là, combien de seaux devrions-nous nous jeter sur la tête ?
Un seau d'eau glacée pour tous les malades de Charcot.
Un seau de cendres et de mégots de cigarettes, pour montrer « en show réel » le dépotoir que deviennent les poumons d'un fumeur.
Un seau d'huile pour toutes les belles qui se cuisent au soleil, sans jamais avoir entendu parler du cancer.
Un seau d'ordures pour tous les pauvres qui doivent, chaque jour, chercher leur nourriture dans les poubelles.
Un seau de fausses plumes pour tous les petits oiseaux qui sont égorgés pour le simple plaisir du chasseur.
Un seau de peinture rouge pour tous les massacres, les guerres et les horreurs dans le monde.
Un seau de crayons pour tous les enfants qui n'ont même pas la chance de recevoir une éducation appropriée.
Un seau de balles vides pour tous ceux qui échappent à mille coups de feu par jour. Pour tous ceux qui ne savent même pas si le soleil va se lever le lendemain.
Un seau de sable et de pierres pour tous ceux qui souffrent de la guerre. Pour tous ceux sur qui le plafond tout entier tombe sur la tête.
Et ainsi de suite. Je laisse libre cours à votre imagination et à la cause que vous voulez défendre. La liste est tellement longue que c'est un défi à part de pouvoir l'écrire.
Mais à part tout cela, étrangement, cette histoire de seaux me rappelle la vie. Comment? Je vais vous le révéler sous le sceau du secret : en réalité, à n'importe quel moment, personne ne peut savoir quel seau...euh, que dis-je, quel sort pourrait lui tomber sur la tête.
Oui, figurez-vous, la mode des seaux a donc existé de tout temps. C'est toujours très dur à supporter, mais parfois ça aide à devenir moins sots. Parce que les problèmes, les difficultés et les obstacles, nous apprenons à les dompter. Les seaux nous surprennent et nous réveillent, et souvent, dans la vie, ils nous aident à éviter... leurs homonymes.

Carole DIB

Assister à des conférences sur des maladies et des problèmes internationaux ? Être volontaires pour des causes d'ordre humanitaire ? Seulement pour les initiés, dirait-on.Mais s'il s'agit de verser des seaux d'eau glacée sur la tête et de défier malicieusement des amis qui devront subir le même sort ? Évidemment, ça devient un peu plus intéressant, dirait-on.D'ailleurs, voilà le...

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