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Nos Lecteurs ont la Parole - Peter GERMANOS

La révolution tranquille

Il est de notoriété publique que le système politique libanais souffre d'un blocage total, et ce, à tous les niveaux. Toutes les idées présentées pour faire évoluer les institutions étatiques sont restées lettres mortes. Que ce soit l'élection présidentielle au suffrage universel direct, la décentralisation, la neutralité permanente ou les élections législatives à la proportionnelle. Le pays fait face à une démobilisation générale. Il s'agit d'une société statique. Souffrant d'inertie à tous les niveaux. Manquant cruellement de citoyens actifs. Le taux de syndicalisation, l'abstention électorale et le taux d'adhésion dans les associations chez les jeunes est relativement bas.
Pourquoi un tel désengagement ? Plusieurs raisons sont évoquées. Pour certains, le citoyen se serait aujourd'hui effacé devant le consommateur. Qui plus est, il semble aujourd'hui plus aisé de trouver la satisfaction dans les cercles restreints, comme la famille, voire les amis, plutôt que de chercher à comprendre la société dans son ensemble. Dans notre « société éclatée », l'individualisme et le confessionnalisme nous ont éloignés du sentiment d'appartenance à une communauté unie. On s'interroge d'ailleurs sur ce que signifie aujourd'hui le « bien commun » ? Pour d'autres, la complexité et la diversité des problèmes de notre société, et du monde en général, conduiraient le citoyen à cultiver un sentiment d'impuissance. Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse de dilettantisme, de désintérêt ou de fatalisme, force est de constater un manque évident de volonté générale. Ce Phénicien, qui n'a pas eu peur d'aller à la découverte des quatre continents, craint de changer une virgule à sa Constitution.
Cette inertie meurtrière trouve son origine dans un système où chaque confession craint qu'une autre prenne les rênes du pouvoir et finisse par l'exclure de l'espace public. Préserver le statu quo ante finit par donner une sorte d'assurance générale que les équilibres précaires seront préservés. Or si les raisons de la stagnation politique sont visualisées, celles de la frigidité sociale le sont moins. D'où la nécessité de pousser vers le changement. Or la révolution tranquille qui nous inspire désigne une période de l'histoire contemporaine du Québec regroupant essentiellement les années de la décennie 1960. Elle est notamment caractérisée par une réorientation de l'État québécois qui adopte les principes de l'État-providence, la mise en place d'une véritable séparation de l'Église catholique et de l'État, et la construction d'une nouvelle identité nationale québécoise, qui s'écarte du nationalisme traditionnel canadien-français.
Comment expliquer à nos enfants d'aujourd'hui de la raison d'être de cette multiplicité ahurissante de soi-disant confessions et surtout de la ségrégation interchrétienne ? En fait, les chrétiens enregistrés représentent environ quarante-trois pour cent de la population libanaise
(http ://fr.wikipedia.org/wiki/Religions_au_Liban) et sont divisés en treize confessions : maronites, grecs orthodoxes, grecs catholiques, arméniens orthodoxes, arméniens catholiques, protestants, romains catholiques, syriaques catholiques, syriaques orthodoxes, assyriens, chaldéens et coptes. Chaque communauté dispose de ses propres lois et tribunaux concernant le droit de la famille, legs de l'Empire ottoman. Cette multiplicité de lois, qui ne trouve sa raison d'être que dans l'histoire, a fini par perpétuer une culture ségrégationniste même entre les chrétiens. Le trait commun de toutes ces lois est la non-prise en compte, selon les critères modernes, des droits de la femme et de l'enfant. La femme qui ne peut pas donner son nom ou sa nationalité à sa progéniture, qui est parfois destituée de son droit de garde des enfants mineurs, qui risque la peine d'emprisonnement en cas d'adultère, qui se trouve privée de ressources suffisantes en cas de divorce, etc. L'enfant, dont la loi distingue d'une façon choquante entre enfant légitime, naturel et adultérin avec toutes les conséquences légales et financières qui en découlent.
Cette ségrégation confessionnelle interchrétienne se perpétue au niveau des institutions étatiques, où le président est maronite, le vice-président du Conseil orthodoxe... et les coptes n'existant presque pas sur l'échiquier national. Cette ségrégation n'a rien de chrétien. Je dirais même qu'elle est antonymique avec les valeurs humaines qui sont véhiculées par le christianisme. De là, la nécessité, d'une part, de voter une loi civile obligatoire de la famille, au moins pour les confessions non mahométanes, qui englobe le mariage et ses effets, l'adoption, l'action en désaveu de paternité, la fécondation in vitro, la fidélité conjugale, la filiation adoptive, légitime, adultérine et naturelle, les test ADN, les mères porteuses, etc. Et, d'autre part, d'annuler tout genre de ségrégation entre chrétiens dans les postes étatiques, y compris celui de la première magistrature et les sièges parlementaires. Toute tentative des chefs religieux et politiques de bloquer ce genre d'évolution sociale ne peut être qualifiée que de réactionnaire et d'antimoderne. Il est temps d'en finir avec le legs des Ottomans et d'accéder au monde moderne en adoptant les valeurs occidentales qui constituent la matrice de la civilisation humaine.

Peter GERMANOS

Il est de notoriété publique que le système politique libanais souffre d'un blocage total, et ce, à tous les niveaux. Toutes les idées présentées pour faire évoluer les institutions étatiques sont restées lettres mortes. Que ce soit l'élection présidentielle au suffrage universel direct, la décentralisation, la neutralité permanente ou les élections législatives à la...

commentaires (1)

Les membres d’1 société ne sont pas des atomes,l'atome n’a pas à avoir de relation avec d'autres car il se suffit ; le monde, en dehors de lui, est le vide parce qu’il possède en lui toute plénitude. L'égoïste a beau dans son abstraction se gonfler jusqu'à se prendre pour 1 atome ; i.e. se suffisant à lui-même, plein, en pleine félicité ; la réalité, elle, ne se soucie pas de son imagination. Et chacun de ses sens le contraint de croire aux individus en dehors de lui, et il n'est pas jusqu'à son profane estomac qui ne lui rappelle que le monde n'est pas vide et qu'il est ce qui, au sens propre, remplit. Chacun de ses instincts devient 1 nécessité, qui transforme son intérêt en celui pour d'autres hors de lui. Mais comme le besoin d'un n'a pas, pour l'autre qui possède les moyens de satisfaire ce besoin, de sens intelligible par lui-même, il se trouve obligé de se faire l'entremetteur entre le besoin d'autrui et son besoin. C'est donc la nécessité qui tient unie 1 société, dont le lien réel et vrai est constitué par la vie civile et non par la vie politique. Ce qui assure la cohésion de ces atomes ce n'est pas l'État, c'est le fait qu’ils ne sont des atomes que dans leur imagination ; et qu'en réalité ils en sont différents : ils ne sont pas des égoïsmes surnaturels, mais des individus égoïstes. La sphère politique est seule à se figurer que la cohésion de la vie civile est le fait de l'État, alors que c'est la cohésion de l'État qui est en vie du fait de cette vie civile.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 45, le 03 septembre 2014

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Commentaires (1)

  • Les membres d’1 société ne sont pas des atomes,l'atome n’a pas à avoir de relation avec d'autres car il se suffit ; le monde, en dehors de lui, est le vide parce qu’il possède en lui toute plénitude. L'égoïste a beau dans son abstraction se gonfler jusqu'à se prendre pour 1 atome ; i.e. se suffisant à lui-même, plein, en pleine félicité ; la réalité, elle, ne se soucie pas de son imagination. Et chacun de ses sens le contraint de croire aux individus en dehors de lui, et il n'est pas jusqu'à son profane estomac qui ne lui rappelle que le monde n'est pas vide et qu'il est ce qui, au sens propre, remplit. Chacun de ses instincts devient 1 nécessité, qui transforme son intérêt en celui pour d'autres hors de lui. Mais comme le besoin d'un n'a pas, pour l'autre qui possède les moyens de satisfaire ce besoin, de sens intelligible par lui-même, il se trouve obligé de se faire l'entremetteur entre le besoin d'autrui et son besoin. C'est donc la nécessité qui tient unie 1 société, dont le lien réel et vrai est constitué par la vie civile et non par la vie politique. Ce qui assure la cohésion de ces atomes ce n'est pas l'État, c'est le fait qu’ils ne sont des atomes que dans leur imagination ; et qu'en réalité ils en sont différents : ils ne sont pas des égoïsmes surnaturels, mais des individus égoïstes. La sphère politique est seule à se figurer que la cohésion de la vie civile est le fait de l'État, alors que c'est la cohésion de l'État qui est en vie du fait de cette vie civile.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 45, le 03 septembre 2014

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