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Nos Lecteurs ont la Parole - Éliane KONISKI

Taisez-vous !

Certains de nos députés – qui ne se reconnaîtraient que trop facilement – maintiennent jusqu'à présent sciemment le pays dans une situation précaire, instable et
inimaginable.
Dans tous les pays du monde, lorsqu'un député est élu par les citoyens qu'il est censé représenter, il est obligé – et cela n'est nullement une option – d'assumer les obligations pour lesquelles il a été choisi et ne peut nullement s'en exclure quand l'envie l'en prend! Car en définitive, il n'est, au départ, qu'un simple citoyen comme un autre, mais qu'un certain nombre de ses compatriotes ont jugé apte à les représenter au sein du Parlement, en accomplissant au mieux les devoirs pour lesquels il a été élu.
Cela est donc la théorie; mais en pratique, et au Liban particulièrement, c'est tout à fait autre chose...
Tout le monde assiste, depuis quelques mois déjà, à la mascarade ou plutôt la dérobade à laquelle continuent de se livrer certains de nos députés, malgré les graves conséquences qui en découlent, ce qui n'a pas l'air de les déranger pour autant.
Pour dire les choses crûment, je ne veux point jeter le tort sur la partie non chrétienne qui boycotte les séances électorales : elle a ses raisons, son agenda local et surtout régional ainsi que ses propres desseins. Mais je m'adresse aux autres, à ces députés chrétiens que j'aurais aimé nommer un par un dans ces lignes, au cas où ils ne se reconnaîtraient pas eux-mêmes, et que le patriarche maronite continue de montrer du doigt, sans grand succès d'ailleurs.
Messieurs, comment pouvez-vous avoir la conscience tranquille et continuer à jouer ce rôle ingrat que l'on vous impose au détriment de votre peuple qui vous a élus et de votre nation qui sombre dans le chaos?
Comment pouvez-vous accepter de ne pas élire d'urgence le seul président chrétien de tous les pays arabes alors que souffle depuis l'Irak le vent, ou plutôt la tornade, de l'extrémisme intégriste musulman qui a déjà atteint une partie du Liban et risque de tout emporter sur son
passage?
Au lieu de caparaçonner le pays par une unité interne, toutes religions confondues, de montrer au reste du monde et en particulier à cette horde barbare de Daech et autres ignorants de la même espèce, que la charia islamique qu'ils prônent ne saurait s'appliquer chez nous, dans ce pays arabe et néanmoins si singulier qu'il porte à la présidence une personne chrétienne, vous ne trouvez rien d'autre à faire que de lambiner, comme des gamins paresseux, les derniers de la classe, et de vous abstenir d'élire votre premier représentant, le président de votre République et de celle de tous les autres Libanais.
Honte à vous ! Les électeurs ne risquent pas de vous oublier soyez-en sûrs – quand viendra le temps des prochaines élections – si élections il y a et si encore vous aurez le courage de vous représenter...
Car c'est de courage que vous manquez. Sinon, qu'est-ce donc qui vous aurez empêché de vous présenter aux séances électorales et d'effectuer votre devoir de députés, comme vous auriez dû le faire depuis belle lurette ?
Le comble de l'effronterie ne réside pas seulement dans les abstentions dont vous vous rendez coupables, mais dans les déclarations publiques et officielles aux médias que ces messieurs font, sans la moindre honte, avec l'air de ne pas y toucher.
Comment, en effet, peut-on avoir l'audace de critiquer la proposition de prorogation du mandat parlementaire – à laquelle je suis d'ailleurs moi-même opposée – en soulignant, je cite, qu' « elle porte un coup au principe de l'alternance au pouvoir et, par voie de conséquence, au système démocratique (...). Tout cela conduira le Liban à un état de décrépitude institutionnelle très grave ».
Franchement, parlant de système démocratique, on se demande qui sont les empêcheurs de tourner en rond, quand on fait de tout pour boycotter les séances consacrées à l'élection à la magistrature suprême. Quant à conduire l'État à une situation très grave, on se demande combien plus grave peut encore devenir cette situation.
Alors de grâce, messieurs, épargnez-nous au moins votre verbiage choquant et, comme le dit si bien Samy Khayat dans sa dernière pièce: taisez-vous !

Certains de nos députés – qui ne se reconnaîtraient que trop facilement – maintiennent jusqu'à présent sciemment le pays dans une situation précaire, instable etinimaginable.Dans tous les pays du monde, lorsqu'un député est élu par les citoyens qu'il est censé représenter, il est obligé – et cela n'est nullement une option – d'assumer les obligations pour lesquelles il a été...

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