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Moyen Orient et Monde - Le point

Des chiffres et des êtres

Parce que trois jeunes Israéliens avaient été enlevés par le Hamas le 12 juin et retrouvés assassinés, Benjamin Netanyahu lançait le 8 juillet contre Gaza l'opération Bordure protectrice. 20 000 tonnes d'explosifs, 5 263 raids et pilonnages par l'artillerie plus tard, le Premier ministre pouvait se targuer d'avoir atteint son double objectif : venger Eyal Yifrach, Gilad Shaar et Naftali Fraenkel et détruire les tunnels (34 au total) qui permettent aux combattants du Hamas d'effectuer des incursions-éclair dans les territoires occupés.
Il faut croire que l'appétit de tuer vient en tuant : Bibi vient en effet d'annoncer son intention de confisquer 400 hectares de terre en Cisjordanie – ce qui équivaut à une mort lente de centaines de familles palestiniennes – « en signe de représailles » au triple meurtre. La décision a suscité un flot de réactions qui vont de l'inquiétude (celle de Washington, jugeant la mesure « infructueuse ») à l'indignation (des Palestiniens) en passant par la méfiance (celle d'une large catégorie d'Israéliens estimant que la mesure ne saurait masquer le tsunami économique que présage la facture, plutôt lourde, qui vient de leur être présentée.


Il s'agit d'une réduction sensible des dépenses de l'État : 2 pour cent, soit l'équivalent de 2,52 milliards de dollars, ce qui va affecter en premier la classe la moins favorisée. L'arithmétique ne laisse place à aucun doute qui situe le coût quotidien de la guerre à 50 millions de dollars par jour et à 0,5 pour cent le coup de canif dans le produit intérieur brut. Les coupes sombres dans le budget des divers départements officiels vont permettre de financer les augmentations consenties aux forces armées et au Shin Bet, seuls rescapés malgré les innombrables couacs de ce dernier, responsable de la sécurité intérieure. Sur ce point, le chef du gouvernement a tranché : « Notre protection avant tout », a-t-il fait valoir.


En réalité, l'économie battait déjà de l'aile, avec le ralentissement d'une croissance tombée à 1,7 pour cent au deuxième trimestre de l'année en cours (elle était de 2,8 pour cent au trimestre précédent), quand a été déclenchée l'expédition contre Gaza, qui a porté le coup de grâce au tourisme et infligé un net coup de frein à la consommation des ménages, dont la confiance est en berne. Le mouvement des visiteurs étrangers avait brutalement chuté de 26 pour cent dès le 26 juillet, ce qui représente une perte sèche de l'ordre de 566 millions de dollars, selon le ministère du Tourisme.


Les exportations, qui représentent un tiers des chiffres de l'économie, ont chuté de 18 pour cent. La monnaie nationale, elle, a perdu un point face au dollar. Alors que l'index des directeurs d'achat avait déjà accusé un certain fléchissement en juin, s'inscrivant à 48,9 points contre 55,6 points un mois auparavant, il a de nouveau baissé à 46,8 points le mois dernier avant de repartir à une hausse s'apparentant plutôt à un imperceptible frémissement. Le secteur ayant le plus souffert est celui des affaires, situé dans la partie méridionale de l'État sioniste où 20 pour cent des commerces sont sur le point de baisser leur rideau. De leur côté, les industriels font le siège de Karnit Flug, gouverneur de la Banque centrale pour obtenir une réduction à zéro de son indice, lequel a été réduit d'un quart de point, à 0,25, son chiffre le plus bas.


Tout cela rappelle aux Israéliens le précédent de 2006, année de la guerre avec le Hezbollah, quand l'économie s'était contractée au troisième trimestre de cette année. Face à l'ouragan dont les premiers effets ont commencé à se faire sentir, le ministère des Finances Yaïr Lapid préfère faire le gros dos, s'abritant derrière le président du Conseil. Ce qui ne l'empêche pas de multiplier les déclarations à l'emporte-pièce, la dernière en date ayant été de conseiller à l'Arabie saoudite, à l'Égypte et aux Émirats arabes unis de contribuer avec Israël à... la reconstruction de Gaza, assortie d'une démilitarisation du Hamas. « Une proposition stupide qu'aucun Palestinien ne saurait accepter », a rétorqué Mouchir el-Masri, porte-parole du Hamas, sachant que Tel-Aviv et Le Caire bloquent depuis 2007 l'importation par l'enclave des matériaux nécessaires au prétexte qu'ils pourraient servir à l'aménagement de tunnels. Précision apportée par Shelter Cluster, une organisation chargée précisément du programme de reconstruction, chapeautée par l'Unrwa et la Croix-Rouge internationale : il faudra 6 milliards de dollars sur une période de vingt ans pour mener à bien une telle entreprise car 17 000 habitations ont été détruites, 5 000 maisons gravement endommagées et, en outre, Gaza accuse un déficit de 75 000 unités pour une population de 1,8 million de personnes.
Grand Dieu, pourvu que M. Lapid n'en perde pas le sommeil !

 

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