Le Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, s'est emparé du poste de douane syrien de Kouneitra, à la frontière avec le plateau du Golan occupé par Israël, avec l'appui d'autres mouvements islamistes, rapporte hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Le point de passage, que les jihadistes s'étaient jurés de « libérer », est surveillé par les Nations unies. Les postes syrien et israélien n'y sont séparés que de 200 mètres. Au cours des combats, un soldat israélien a été blessé par une balle perdue et l'armée israélienne a riposté par des tirs d'artillerie en direction de positions de l'armée syrienne, a fait savoir l'état-major. Ce n'est pas la première fois que des tirs provenant de Syrie font des blessés sur le plateau du Golan, dont l'État hébreu s'est emparé lors de la guerre des Six-Jours, en 1967. Certains étaient délibérés, selon l'armée israélienne. Les rebelles syriens s'étaient déjà emparés brièvement début juillet du poste de Kouneitra. Ils tiennent désormais de nombreux villages du secteur.
« Instiller la peur parmi la population »
Par ailleurs, une commission d'enquête de l'Onu a dénoncé hier dans un rapport le fait que les exécutions sommaires publiques de civils les vendredis dans les zones syriennes sous contrôle de l'État islamique (EI) sont devenues un « spectacle ordinaire », notamment à Raqqa et Alep. Ces exécutions sommaires ont pour objectifs d' « instiller la terreur parmi la population » et de s'assurer que cette dernière soit soumise à son autorité, ajoute la Commission.
Le rapport détaille les horreurs perpétrées par les jihadistes de l'EI, mais aussi les massacres et atrocités que continuent de pratiquer les autres groupes non étatiques et les forces gouvernementales. « On a déjà dit quatre fois aux 15 membres du Conseil de sécurité : "Vous êtes responsables de l'impunité qui règne en Syrie" », a déclaré aux médias le président de la commission d'enquête, Paulo Pinheiro, reconnaissant son impuissance à convaincre le Conseil de sécurité, seul organe apte à saisir la Cour pénale internationale (CPI) dans le cas de la Syrie, à agir. « Cela fait trois ans que l'on rassemble des preuves contre les suspects, chaque jour on a de nouveaux crimes (...) et la communauté internationale n'intervient pas », s'est aussi insurgé Carla del Ponte, également membre de la commission.
Dans ce huitième rapport, les enquêteurs accusent une fois de plus le gouvernement de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en larguant par hélicoptères des barils d'explosifs additionnés de chlore, notamment à Kafr Zeita, al-Tamana'a et à Tal Minnis. Les groupes armés non étatiques sont également accusés de crimes de guerre. Les jihadistes de l'EI sont en outre accusés de crimes contre l'humanité.
Dans ce contexte, les jihadistes de l'EI ont exécuté des soldats de l'armée syrienne et en retiennent d'autres en otage depuis la prise de la base aérienne de Tabqa dans le nord-est de la Syrie dimanche, selon des photos publiées hier sur les réseaux sociaux. La prise de la base de Tabqa, dernier bastion de l'armée régulière dans une région contrôlée par l'EI, n'a été que faiblement rapportée par la presse syrienne, ce qui a donné lieu à des critiques, y compris dans les rangs des partisans du chef de l'État.
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13 h 18, le 28 août 2014