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Liban - Décryptage

Le nouveau statu quo : contenir l’EI mais maintenir la menace

Soudain, l'État islamique, appelé encore Daech, fait la une de tous les médias locaux et internationaux. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce groupe a conquis un vaste territoire, réinstauré le califat et il représente désormais une menace internationale. Si le monde cherche aujourd'hui les moyens de le combattre, beaucoup de questions se posent sur son origine et sur ses appuis.


Des théories avaient circulé au début sur le fait que l'EI serait la création du régime syrien qui a voulu, par ce biais, plomber l'opposition. Il aurait donc libéré les prisonniers politiques, appartenant pour la plupart aux Frères musulmans, qui se sont regroupés en différentes organisations extrémistes comme l'EI et le Front al-Nosra, obtenant facilement le soutien des ennemis du régime comme l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Cette théorie pourrait être retenue si l'EI était seulement actif en Syrie. Mais en réalité, il a commencé son action en Irak, dans les milieux sunnites, en tant qu'héritier de la mouvance d'el-Qaëda qui avait été dirigée par Abou Messaab al-Zarqaoui. Là aussi, ceux qui veulent accuser le régime syrien estiment que c'est lui qui avait aidé Zarqaoui contre l'occupation américaine, avec la collaboration de l'Iran. Mais cela n'expliquerait pas comment l'Iran et le régime syrien auraient pu parrainer un si puissant mouvement dans les régions sunnites en Irak et en Syrie. De plus, l'EI compte dans ses rangs des combattants venus du monde entier, de l'aveu même des services américains. Comment le régime syrien pourrait-il avoir une telle influence ? Sans parler de l'aide fournie par les régimes arabes hostiles à Bachar el-Assad à l'EI et à ses semblables...
Selon une source diplomatique arabe à Beyrouth, qui suit de près ce dossier, si on peut aisément croire que le régime syrien a regardé d'un bon œil le développement de l'EI, car plus l'opposition est extrémiste et plus il peut rallier autour de lui des citoyens, déçus de la révolution, cela ne signifie pas qu'il est à l'origine de la formation de Daech.


Cette source diplomatique arabe est plutôt convaincue que les véritables parrains de ce mouvement seraient, directement ou non, la Turquie et Israël. Tout aurait commencé dans un accord tacite entre la Turquie et Israël pour prendre le contrôle de la région, sachant que ces deux pays sont alliés, tout en étant des alliés des États-Unis. Ils auraient donc convaincu ces derniers de favoriser, sous couvert de lutte pour la démocratie, le renversement des régimes arabes pour donner le pouvoir aux Frères musulmans, dont la Turquie d'Erdogan est le fer de lance dans la région et le Qatar l'un des principaux bailleurs de fonds. D'abord réticents, les États-Unis se seraient laissé convaincre, d'autant que dans la foulée de ces changements, la Turquie proposait un règlement de la cause palestinienne, en créant un État palestinien dans la bande de Gaza à laquelle on aurait ajouté près de 20 % du Sinaï égyptien. L'idée avait naturellement séduit les Israéliens et avait obtenu l'aval du Qatar qui se promettait de la faire accepter par le Hamas, une fois que le pouvoir en Égypte serait devenu entre les mains des Frères musulmans.


Le plan était presque parfait et l'élection de Mohammad Morsi en Égypte l'avait pratiquement mis sur les rails. Mais la soudaine chute de Morsi a porté un coup fatal à ce plan. Jusqu'à présent, on ne connaît pas encore les raisons véritables de la chute de Morsi, même s'il y a une série de facteurs, dont le peuple égyptien, ainsi que l'Arabie saoudite qui ne veut pas entendre parler du pouvoir des Frères musulmans, qui ont pu la justifier.
Ce projet qui avait été pourtant bien enclenché a donc reçu un coup fatal, mais la riposte ne s'est pas fait attendre et elle a consisté dans la formation de l'EI. La source diplomatique arabe précise que même aujourd'hui encore, toute la logistique de l'EI vient de Turquie, de Syrie et d'Irak. De plus, selon des rapports de services de renseignements étrangers, il y aurait près de 5 000 Turcs parmi les combattants de l'EI. Quant à Israël, même s'il n'aide pas directement, il est le premier bénéficiaire de l'action de l'EI qui déchire le tissu social de la région et fait désormais de l'islam extrémiste le premier ennemi des Arabes. Surtout après l'échec de la tentative de résoudre le problème palestinien à Gaza et le retour du Hamas dans le giron de « l'axe de la résistance ». Certains pays du Golfe ont commencé par appuyer le mouvement, ne voulant y voir qu'une force capable de faire chuter le régime de Bachar el-Assad, même si, désormais, ils cherchent à freiner leur appui à ce groupe.


Aujourd'hui, le monde entier parle de combattre l'EI, mais derrière les déclarations officielles, certaines attitudes restent ambiguës. La source diplomatique arabe précitée précise ainsi qu'il est à craindre que l'EI soit entré dans le bazar des négociations internationales. Les États-Unis se sont contentés de fixer les limites de cette « Daoula islamiya », à la porte d'Erbil, et sur une large portion du territoire syrien, dont les provinces de Raqqa, de Hassaka et une partie de la province d'Alep. De la sorte, la menace demeure, mais elle reste limitée à un territoire bien précis et dirigée contre le régime syrien et l'Iran via le régime irakien. Les pays du Golfe sont rassurés parce que la menace est contenue et ils peuvent continuer leur bataille contre le régime syrien... Israël, qui n'arrive pas à défaire le Hamas, peut au moins être tranquille sur l'incapacité de « l'axe de la résistance » à réchauffer certains fronts, et les États-Unis continuent à avoir l'initiative et les atouts dans les négociations à venir. Le problème c'est que la dynamique de l'EI est lancée et elle pourrait échapper à tout contrôle...

 

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Soudain, l'État islamique, appelé encore Daech, fait la une de tous les médias locaux et internationaux. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce groupe a conquis un vaste territoire, réinstauré le califat et il représente désormais une menace internationale. Si le monde cherche aujourd'hui les moyens de le combattre, beaucoup de questions se posent sur son origine et sur ses...

commentaires (2)

JE NE VEUX PAS LIRE VOTRE ARTICLE, MADAME SCARLETT HADDAD. MAIS... LE TITRE DIT TOUT.. ET JE L'APPROUVE PLEINEMENT ! ( NON L'ARTICLE QUE JE N'AI PAS LU... MAIS LE TIRE ) CONTENIR L'EI MAIS MAINTENIR LA MENACE ! C'EST CE QUI SE PASSE ET SE PASSERA... POUR : LES FUTURS MARCHANDAGES À L'ÉCHELLE RÉGIONALE...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 57, le 27 août 2014

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Commentaires (2)

  • JE NE VEUX PAS LIRE VOTRE ARTICLE, MADAME SCARLETT HADDAD. MAIS... LE TITRE DIT TOUT.. ET JE L'APPROUVE PLEINEMENT ! ( NON L'ARTICLE QUE JE N'AI PAS LU... MAIS LE TIRE ) CONTENIR L'EI MAIS MAINTENIR LA MENACE ! C'EST CE QUI SE PASSE ET SE PASSERA... POUR : LES FUTURS MARCHANDAGES À L'ÉCHELLE RÉGIONALE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 57, le 27 août 2014

  • Dans la logique des spéculations de cette "source diplomatique arabe", le Hamas, grand bastion des Frères musulmans à Gaza, devrait être allié du trio patron de Daech, Turquie-Qatar-Israel !

    Halim Abou Chacra

    05 h 48, le 27 août 2014

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