Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Les détails de la bataille de Ersal, selon une source militaire

La bataille de Ersal a eu lieu il y a près de trois semaines, mais ses conséquences continuent à se faire sentir. D'abord, une quarantaine de militaires (près de 20 soldats et 17 agents des FSI) sont encore otages des groupes armés et rien n'indique que ce dossier est sur le point d'être réglé, mais de plus une sorte de malaise s'est installé avec les insinuations sur le comportement de l'armée et de son commandement dans cette bataille. Ce malaise est conforté par le sentiment de plus en plus grand chez les citoyens que cette bataille n'est pas finie et que de nouveaux « rounds » pourraient éclater.
Une source militaire haut placée dément à cet égard les informations publiées lundi dans la presse sur un nouveau déploiement des éléments armés à Ersal. Selon la source précitée, ces informations sont exagérées. En fait, près de 400 éléments des groupes armés Daech et al-Nosra sont originaires de Ersal, et ils circulent dans leur bourgade, l'armée n'ayant pas de mandat pour les arrêter. D'autant que certains d'entre eux ne sont pas connus des soldats, ayant agi en portant des cagoules. Mais la source militaire estime que cela ne signifie absolument pas que les éléments armés ont repris le contrôle de Ersal, l'armée ayant réussi, au cours de la bataille, à les chasser hors de la localité et à reprendre toutes les positions qui l'entourent.

Course contre la montre
Sur les critiques adressées à la troupe de ne pas s'être préparée à cette bataille, malgré le fait que la presse avait publié des informations sur la possibilité d'une attaque contre l'armée dans la région et d'une éventuelle prise d'otage de militaires, la source militaire haut placée précise que l'armée avait pris ses précautions. Elle avait des craintes au sujet d'une éventuelle attaque, mais aucune information précise, d'aucun service de renseignements étranger, ne lui était parvenue à ce sujet. Les avions de l'armée, qui survolaient la zone pour photographier les agissements des combattants, n'avaient pas montré des préparatifs précis. Les photos prises par ces avions montraient des déplacements réguliers vers Ersal, avec les habitants, à bord de jeeps, mais rien de plus. Pourtant, les derniers temps, l'armée savait que les éléments armés contrôlaient la ville et que les habitants commençaient d'ailleurs à s'en plaindre ouvertement. Mais elle ne pouvait rien faire, n'ayant pas de couverture politique.
La source militaire rappelle que l'armée avait commencé à tirer la sonnette d'alarme dès que les réfugiés syriens ont commencé à arriver au Liban. Mais la classe politique n'avait rien voulu entendre. Au contraire, lorsque les soldats arrêtaient des Syriens armés, ils étaient par la suite relâchés par les autorités compétentes. Mieux encore, une délégation de députés s'était rendue à Ersal, en témoignage de solidarité avec les habitants alors que l'armée était régulièrement la cible d'attaques. Le gouvernement de Nagib Mikati n'avait pas donné une couverture politique suffisante à l'armée, ainsi que le courant du Futur. À cause de cette « mollesse », les incidents se sont multipliés entre les éléments armés et les barrages militaires. Et les éléments armés sont devenus de plus en plus audacieux, forts de cette impunité. Cette atmosphère avait certes créé un certain malaise au sein de l'armée, mais celle-ci avait quand même pris ses précautions. La huitième brigade avait été retirée du Sud pour être déployée aux premières lignes autour de Ersal. L'artillerie de l'armée avait été aussi déployée, alors que l'unité des parachutistes avait été envoyée en renfort, un mois et demi avant la bataille. La huitième brigade avait pris position aux points de passage qui servaient à la contrebande. Mais ces positions étaient essentiellement sécuritaires. Il fallait les changer pour qu'elles deviennent défensives. Un plan avait été établi dans ce but, mais ce fut la course contre la montre entre les soldats et les éléments armés, qui avaient sans doute senti que l'armée se préparait en opérant un redéploiement plus adapté à une bataille.

Imad Jomaa arrêté par hasard
Avant la fin de ce redéploiement, Imad Jomaa a été arrêté à un barrage. Tout s'est passé par hasard. Il n'a pas répondu aux injonctions des militaires et ceux-ci ont décidé de l'arrêter. La réaction des habitants de Ersal à la nouvelle de cette arrestation a mis la puce à l'oreille des soldats qui ont aussitôt envoyé Jomaa à Beyrouth pour qu'il soit interrogé. À partir de là, tout s'est passé très vite. D'une part, Jomaa a reconnu qu'il était l'émir de Daech au Liban et qu'il était en mission pour repérer les positions de l'armée, en vue d'une attaque éclair vers les villages voisins, notamment chrétiens et chiites, pour perpétrer des massacres et susciter ainsi une discorde confessionnelle, misant sur une riposte des habitants. Ce qui aurait plongé le pays dans une guerre civile confessionnelle et ouvert aux combattants la voie vers Denniyé.
Pourquoi Jomaa se serait-il lui-même chargé d'une telle mission ? Parce qu'il est un chef militaire de terrain, répond la source militaire. C'est lui qui avait combattu contre le Hezbollah à Qousseir et il a une grande emprise sur les éléments armés.
À peine la nouvelle de l'arrestation connue, les hommes de Jomaa ont exécuté le plan qui avait été établi, ce qui montre bien qu'il avait été préparé à l'avance. Des centaines d'entre eux ont attaqué la position d'al-Hosn qui était tenue par 20 militaires. L'officier ayant été blessé, les militaires ont été un peu déstabilisés. Les éléments armés ont alors mis la pression et les militaires ont été pris en otage. Ils n'ont pas été emmenés vers Ersal, mais vers le jurd, où ils devraient se trouver encore.
En même temps, les positions de Hmayed et de Massyadi ont été attaquées. Les soldats ont résisté pendant près de 7 heures. Entre-temps, les parachutistes sont arrivés (s'ils n'étaient pas proches, ils n'auraient pas pu venir aussi rapidement) et l'armée a chassé les assaillants. Les soldats ont même repris al-Hosn, mais cette position était intenable. Ils l'ont donc abandonnée, la gardant sous leur puissance de feu. Puis l'École technique (al-Mehaniya) a été attaquée. Le lieutenant-colonel Nour el-Jamal et le lieutenant Harb se sont battus comme des lions, jusqu'à la mort. Là aussi, les parachutistes sont arrivés en renfort et l'école a été reprise. Les commandos (maghawir) arrivent alors et l'ordre leur est donné de prendre la colline dite de Rass, d'où des tirs avaient ciblé cheikh Salem Raféi, qui venait négocier la libération des militaires pris en otage.
L'armée avait donc pratiquement repris l'initiative et reconquis toutes ses positions. Le commandant en chef de l'armée reçoit alors un appel téléphonique du Premier ministre pour lui demander d'arrêter les opérations militaires dans le but d'épargner Ersal et ses habitants. Le commandant en chef de l'armée a respecté cet appel, d'une part parce qu'il a à cœur d'épargner les vies des soldats et des civils et d'autre part parce que ouvrir une bataille à Ersal aurait été très coûteux, humainement et matériellement. L'armée a en effet besoin de fonds, de munitions et d'armes pour la mener. Aujourd'hui, la troupe contrôle des positions autour de Ersal, mais elle ne peut pas, avec les moyens actuels, mener la bataille du jurd. Pour cela, elle a besoin de blindés, d'avions, de missiles et de munitions, sans lesquels on ne peut pas combattre le terrorisme. Surtout que la région du jurd est immense et même si les passages de contrebande sont contrôlés avec des véhicules appropriés toute la zone peut se transformer en voies de passage. Il s'agit donc d'une bataille difficile, longue et coûteuse qui exige une décision politique claire. Or, au Liban, il arrive que la classe politique dise une chose et fasse son contraire. L'armée l'a appris à ses dépens...

La bataille de Ersal a eu lieu il y a près de trois semaines, mais ses conséquences continuent à se faire sentir. D'abord, une quarantaine de militaires (près de 20 soldats et 17 agents des FSI) sont encore otages des groupes armés et rien n'indique que ce dossier est sur le point d'être réglé, mais de plus une sorte de malaise s'est installé avec les insinuations sur le comportement de...

commentaires (2)

Non mais quelle salade. Ainsi donc il y aurait 400 terroristes de Daech - citoyens libanais, habitants a Ersal, et il y circulent librement. Mais, et si ces 40o decidaient de s'attaquer a nouveau a l'armer et prendre d'autres otages? L'armee devrait instaurer un couvre feu sur la regieon et arreter les suspects, faute que quoi, le prochain round est dans qq semaines.....

IMB a SPO

15 h 26, le 26 août 2014

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Non mais quelle salade. Ainsi donc il y aurait 400 terroristes de Daech - citoyens libanais, habitants a Ersal, et il y circulent librement. Mais, et si ces 40o decidaient de s'attaquer a nouveau a l'armer et prendre d'autres otages? L'armee devrait instaurer un couvre feu sur la regieon et arreter les suspects, faute que quoi, le prochain round est dans qq semaines.....

    IMB a SPO

    15 h 26, le 26 août 2014

  • En résumé l'armée a servi de tampon protecteur pour le Hezbollah ....ou plutôt le Hezbollah a réussi à impliquer l'armée dans sa guerre confessionnelle...sans parler de la lâcheté des politiques ...

    CBG

    15 h 19, le 26 août 2014

Retour en haut