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Culture - Web culture

« Sorosoro », le SOS héritage linguistique

D'après l'Unesco, une langue meurt en moyenne tous les quinze jours. Selon les scientifiques, 50 % des langues existantes pourraient ainsi disparaître au cours de ce siècle. Une hécatombe que le programme/site Sorosoro tente de rattraper.

Sorosoro : pour que vivent les langues.

Il y aurait près de 6000 langues parlées aujourd'hui sur la planète, dont 96% par 4% seulement de la population mondiale. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme: 50% sont menacées de disparition. Mais comment expliquer le déclin des langues? Selon Colette Grinevald, linguiste et spécialiste des langues d'Amérique, il y aurait trois raisons principales: le meurtre, les guerres ethniques, la discrimination contre les langues autochtones et le «suicide linguistique» (pour échapper à l'exclusion, certains taisent leur langue).
Tout en sachant que la sauvegarde de ces milliers de langues relève de l'impossible, Sorosoro, ambitieux mais réaliste, tente d'œuvrer dans ce sens dans la mesure du possible. Protéger ce qui peut l'être, sensibiliser l'ensemble de la communauté internationale aux enjeux de la diversité culturelle et linguistique. Voilà les objectifs de ce projet français à l'origine, financé par la Fndation Chirac, lancé par l'historienne Rozenn Milin en 2008. Laquelle n'a pas tardé à constater que 90% de ces langues ne sont pas représentées sur Internet. D'où l'idée de leur ouvrir une présence sur la Toile, sur le site éponyme Sorosoro.org. présenté en trois langues: français, anglais et espagnol.
Voulu comme une passerelle entre les scientifiques et le grand public, ce site informe et souligne la richesse des cultures portées par ces langues menacées grâce à de nombreux articles, des cartes interactives où sont localisées les milliers de langues, un abécédaire, un quiz, une encyclopédie numérique des langues... Sur Sorosoro, sont répertoriées les langues en péril. L'histoire de chacune, sa famille d'appartenance, le nombre de personnes qui la parle, les écouter à travers des interviews vidéos.
Sorosoro en a cerné la plus grande partie d'après les données disponibles auprès des chercheurs. Tout ce travail de documentation et de collecte d'images est en effet réalisé par des linguistes, des ethnologies, des anthropologues et des professionnels de l'image qui sillonnent le monde à la rencontre de personnes qui, au quotidien, font vivre ces langues et ces cultures menacées. L'internaute peut les écouter ou les découvrir à travers les interviews et les reportages postés sur le site.
Il peut effectuer ses recherches par famille (il y en a plus de cent), par continent, par pays... Ou les localiser sur les cartes interactives accompagnées de fiches informatives, qui ne demandent qu'à être complétées... Avis aux linguistes de bonne volonté.
«Mais pourquoi sauver les langues?» pourraient demander certains partisans de la mondialisation. «La disparition d'une langue n'est pas seulement une perte pour la communauté de ses locuteurs, mais aussi pour notre connaissance humaine commune des mathématiques, de la biologie, de la géographie, de la philosophie, de l'agriculture et de la linguistique», estime David Harrison, linguiste américain. Comme l'indique si bien ce scientifique, une langue est bien plus qu'un instrument de communication, c'est aussi «le vecteur d'une façon de penser, d'une culture, le dépositaire de l'histoire d'un peuple, d'une mythologie, d'une cosmogonie, d'une musique. Ce ne sont pas seulement des mots que l'on perd avec une langue, mais un regard sur le monde».
Le peuple du «Hi, kifak, ça va?» en sait quelque chose.

Glossaire

« Sorosoro », mot poétique qui vient de l'araki (langue parlée par une poignée de personnes, au Vanuatu, un petit État du Pacifique), signifie le souffle, la parole, la langue. En japonais, il veut dire graduellement, lentement.

Il y aurait près de 6000 langues parlées aujourd'hui sur la planète, dont 96% par 4% seulement de la population mondiale. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme: 50% sont menacées de disparition. Mais comment expliquer le déclin des langues? Selon Colette Grinevald, linguiste et spécialiste des langues d'Amérique, il y aurait trois raisons principales: le meurtre, les guerres...

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