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À La Une - Irak

Le pouvoir irakien tente d'apaiser les tensions après l'attaque sanglante d'une mosquée

Washington n'écarte pas la possibilité de frappes contre l'EI en Syrie.

Des miliciens chiites, loyaux au chef radical Moqtada Sadr, prennent part à des entrainements près de la ville sainte de Najaf, au sud de Bagdad. HAIDAR HAMDANI/AFP

Le pouvoir irakien tentait samedi d'apaiser les fortes tensions confessionnelles suscitées par une attaque meurtrière contre une mosquée sunnite, au moment où il s'efforce de repousser une offensive jihadiste qui menace le pays d'éclatement.

Les Etats-Unis, qui aident les Irakiens dans leur lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI, ex-Daech) en leur fournissant armes, conseillers et un soutien aérien, ont dit examiner différentes options pour répondre à la décapitation par ces extrémistes sunnites du journaliste américain James Foley qualifiée d'"attaque terroriste".

En pleine offensive des combattants de l'EI que les forces kurdes et irakiennes tentent non sans grande peine de déloger des régions conquises depuis le 9 juin, une attaque imputée à des miliciens chiites a visé vendredi une mosquée sunnite, dans la région de Hamrine,au nord-est de Bagdad, tuant 70 personnes.
Les Etats-Unis ont condamné cette attaque "abominable", qui aurait été mené en représailles à la mort de miliciens chiites dans des heurts ou dans l'explosion d'une bombe au passage d'une de leurs patrouilles.
"C'était un massacre", a dit un témoin.

Après l'attaque, des affrontements ont opposé des habitants sunnites aux miliciens chiites qui avaient fui avec l'arrivée de l'armée. Cette attaque risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le pouvoir chiite qui a le plus grand besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI.

Samedi, un attentat suicide à la voiture piégée contre le QG des renseignements du ministère de l'Intérieur dans le centre de Bagdad a fait au moins deux morts. L'explosion survenue à la mi-journée a également fait huit blessés.

Les bâtiments du quartier général sont protégés par des murs de béton, mais les gardes postés à l'entrée du complexe, sur une intersection très fréquentée, constituent une cible facile pour les assaillants.
Aucun groupe n'a revendiqué l'attaque mais ce type d'attentat est régulièrement le fait d'insurgés sunnites en Irak, notamment ceux de l'EI.


Biden pour un 'Etat fédéral'
Le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi, qui a succédé au très contesté Nouri al-Maliki accusé d'avoir semé le chaos en marginalisant la minorité sunnite, a appelé à l'unité et condamné l'attentat anti-sunnites qui pourrait aussi compliquer davantage les tractations en cours en vue de former un gouvernement.

La communauté internationale n'a de cesse d'appeler M. Abadi à répondre aux doléances de toutes les minorités, notamment celle des arabes sunnites (20%), dont certains ont toléré l'EI après leur stigmatisation par le pouvoir chiite.
En pleine invasion américaine de l'Irak, des affrontements entre chiites et sunnites avaient fait en 2006 et 2007 des dizaines de milliers de morts.

 

(Repère : Tout ce qu'il faut savoir sur l'Etat Islamique)

 

Dans une tribune publiée par le Washington Post, le vice-président américain Joe Biden a déclaré que son pays soutiendrait un système fédéral en Irak avec trois régions semi-autonomes attribuées aux Chiites, Sunnites et Kurdes, tout en plaidant en faveur de l'unité.

Après leur déroute aux premiers jours de l'offensive, les forces Irakiennes comptent, selon les régions, sur l'appui des miliciens chiites ou des tribus sunnites, outre celui des Kurdes dans le nord, pour freiner l'EI.
Ce groupe à la réputation sanguinaire qui a révulsé le monde en diffusant mardi une vidéo le montrant décapiter le journaliste James Foley, est également engagé dans la guerre en Syrie voisine où il combat les forces du régime principalement dans la province de Raqa (nord).

Et malgré la menace de l'EI de tuer un second otage américain, le journaliste Steven Sotloff, si les frappes américaines continuaient en Irak, celles-ci n'ont pas cessé. Elles avaient été déterminantes dans la reprise dimanche par les forces kurdes et Irakiennes du barrage de Mossoul et d'autres secteurs alentours.
En réponse aux exactions de ce groupe accusé d'exécutions sommaires, de viols et de persécutions, les Etats-Unis n'écartent pas l'idée d'étendre en Syrie leurs raids qui visent depuis le 8 août les jihadistes de l'EI dans le nord Irakien.


'Où que vous soyez'
"Quand vous voyez quelqu'un tué de façon aussi horrible, cela représente une attaque terroriste contre notre pays", a affirmé Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale.
Interrogé sur d'éventuelles frappes en Syrie, il a répondu. "(...) Nous examinons activement ce qui sera nécessaire pour répondre à cette menace et nous ne serons pas limités par des frontières".

Des voix s'élèvent aux Etats-Unis pour que le président Barack Obama s'implique plus fortement dans la lutte contre l'EI. Outre le soutien aérien, les Etats-Unis ont déployé environ 850 conseillers militaires en Irak et livré des armes aux kurdes.

Selon le Wall Street Journal de samedi, le Pentagone considère que des opérations en Syrie pourraient être nécessaires. "(...) Si vous vous en prenez à des Américains, nous irons vous chercher où que vous soyez, et c'est ce qui va guider notre planification dans les jours à venir", a dit M. Rhodes, cité par le journal.

Jeudi, le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey, a lui aussi dit que, pour défaire l'EI, il fallait l'attaquer des deux côtés de la frontière Irako-syrienne.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné le "meurtre lâche et haineux" du journaliste Foley, enlevé en 2012 en Syrie, et demandé la libération de tous les autres otages aux mains des groupes islamistes.

Enfin, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés poursuivait son opération d'envergure pour venir en aide aux centaines de déplacés dans le nord Irakien, qui avaient fui l'avancée jihadiste.

 

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