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Lifestyle - Éthiopie

Les murailles de l’antique cité de Harar filtrent la modernité

Les traditions historiques, culturelles et religieuses uniques de ce lieu saint de l'islam y sont toujours bien vivantes, grâce à la mobilisation des jeunes qui exploitent les nouvelles technologies pour préserver leur patrimoine.

« Avec la mondialisation, vous ne pouvez pas empêcher certains changements, mais (...) nous allons garder notre culture, nos coutumes, notre vieille civilisation, en les régénérant », assure Abdela Sherif, propriétaire d’un musée abritant la plus importante collection de reliques culturelles du peuple harari.

Les épaisses murailles de la vieille cité éthiopienne de Harar n'ont pu empêcher le monde moderne de s'y engouffrer, mais les traditions historiques, culturelles et religieuses uniques de ce lieu saint de l'islam y sont toujours bien vivantes. Malgré les enseignes de marques de bière accrochées à des bâtiments délabrés et les néons des magasins d'électronique chinois, des militants et passionnés veillent à préserver les traditions, de la confection à la reliure, en passant par le chant et la danse.
« Avec la mondialisation, vous ne pouvez pas empêcher certains changements, mais la culture, la religion survivent » à Harar, explique Abdela Sherif, propriétaire d'un musée abritant la plus importante collection de reliques culturelles du peuple harari. « Nous allons garder notre culture, nos coutumes, notre vieille civilisation, en les régénérant », assure-t-il devant des pièces de monnaie anciennes, des corans jaunis, de vieilles robes de soie ou des poignards tachés de rouille. Dans le cadre de cette campagne de préservation, il anime des ateliers de reliure traditionnelle, mais fait aussi des copies numériques de livres et de chants anciens.
Fondée au Xe siècle, la cité fortifiée de Harar, à 525 km à l'est d'Addis-Abeba, est l'une des plus anciennes villes d'Afrique de l'Est. Trois de ses 82 mosquées remontent à cette époque. Ses murailles, creusées de cinq portes toujours en place, ouvrant sur les cinq axes menant alors à la ville, ont été érigées entre le XIIIe et le XVIe siècle. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, elle compte une centaine de sanctuaires et de nombreuses demeures traditionnelles entre lesquels serpente un labyrinthe de ruelles pavées.

Long isolement
Au XVIe siècle, Harar est la capitale d'un royaume, et devient un nœud commercial important et un centre d'études islamiques. Au XVIIe, elle devient un émirat indépendant. L'explorateur britannique Richard Burton fut, en 1854, l'un des premiers Européens à entrer, déguisé, à l'intérieur de la cité, alors interdite aux non-musulmans. Dans les années 1880, le poète français Arthur Rimbaud y effectua plusieurs séjours, gérant un comptoir et effectuant plusieurs expéditions commerciales dans la région. En 1887, avec la conquête de la cité par l'empereur Menelik II et son rattachement à l'Éthiopie, débute une nouvelle ère qui ouvre Harar aux chrétiens éthiopiens de diverses ethnies ou étrangers.
Ses longues années d'isolement ont façonné une identité unique caractérisée par la langue hararie, préservée, un système commercial moderne, un artisanat réputé – notamment reliure, tissage ou vannerie –, une culture poétique et des fêtes religieuses. « La culture des Hararis est différente. La façon dont ils mangent, agissent, se comportent, explique l'historien et sociologue éthiopien Abdusemed Idris. Ils veulent rester eux-mêmes, ne pas imiter les autres. À propos de l'influence de l'Occident, ils disent : nous prenons certaines choses, mais pas tout (...) nous utilisons les gadgets à notre guise. »

Nourrir les hyènes
Sur les étals du marché voisin, les tapis de prière côtoient les maillots de football et les lunettes de soleil. Le Harar d'aujourd'hui est un savant mélange d'ancien et de moderne, où la piété religieuse et les coutumes fortement ancrées n'empêchent pas l'omniprésence des téléphones portables, des ordinateurs et des antennes satellitaires. La tradition – dont l'origine est discutée – de nourrissage des hyènes par les habitants aux portes de la ville est aujourd'hui une attraction touristique.
Immuables depuis des siècles, les festivités locales de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan, attirent à Harar des milliers de visiteurs pour trois jours de musique, de chansons et d'agapes. Si les percussionnistes ont abandonné les toges de soie pour les sweat-shirts et sont filmés par des centaines de téléphones portables, pour Mariam Sherif, jeune Hararie venue des États-Unis pour ces célébrations, cela importe peu, les racines restent. « C'est la seule différence entre alors et aujourd'hui, mais tout ce que nous faisons, toutes les festivités restent les mêmes », explique-t-elle, non loin d'un sanctuaire où des gens dansent.
Comme elle, nombre de jeunes Hararis épousent cet héritage et le propagent à travers les réseaux sociaux. « On a peur de le perdre un jour et de pleurer », souligne Amir Redwan qui, assis sur un tapis, mâche du khat, une herbe stimulante très répandue à travers la Corne de l'Afrique et au Yémen, alors que l'appel des muezzins se répand dans la ville. Il se sert d'Internet et de Facebook pour contacter de jeunes Hararis, et les encourager à apprendre et défendre leur passé et leur histoire. « C'est à eux, à nous tous, de conserver cela, avec tout ce dont on dispose », technologie moderne comprise, dit-il.

(Source : AFP)

Les épaisses murailles de la vieille cité éthiopienne de Harar n'ont pu empêcher le monde moderne de s'y engouffrer, mais les traditions historiques, culturelles et religieuses uniques de ce lieu saint de l'islam y sont toujours bien vivantes. Malgré les enseignes de marques de bière accrochées à des bâtiments délabrés et les néons des magasins d'électronique chinois, des militants...

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