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Nos Lecteurs ont la Parole - Massoud ACHKAR

Par le sang versé

Combien de fois le Phénix doit-il mourir avant qu'on ne tire les leçons du passé ? Pour la énième fois, l'armée paye le tribut lourd du jeu de politiciens corrompus ou avides de pouvoir et est entraînée dans une nouvelle bataille qui aurait pu être gagnée à moindre coût ne serait-ce le retard à réagir et les – osons le dire – coups de poignard dans le dos.
À avoir été, avec mes compagnons, pendant trop longtemps en première ligne, je sais que les guerres les plus justes sont celles qu'on peut gagner sans bataille. Et Ersal aurait pu être gagné d'avance sans ou avec beaucoup moins de pertes humaines. Le martyre du capitaine Pierre Bachaalani, en février 2013, n'était-il pas un signal d'alarme assez fort ? Une invitation à éviter le pire ? Qui porte la responsabilité de ce retard ?
Entre ceux qui s'enfoncent la tête dans le sable, comme les autruches, ne voulant regarder ni le passé ni l'avenir, et ceux qui considèrent l'armée et les forces de l'ordre comme des mercenaires qu'on engage lorsque la bataille sert notre politique et qu'on accuse et agresse lorsque cette bataille n'est pas dans notre intérêt. L'armée, les forces de l'ordre et les citoyens payent encore une fois le lourd tribut du laxisme, de l'inconscience, de l'incompétence et de la cupidité de leurs dirigeants.
Nous nous retrouvons aujourd'hui dans un État qui a perdu tous les fondements, toutes les règles, tous les principes, tous les objectifs, tous les idéaux qui lui permettraient de se protéger et d'évoluer. Nous voyons des politiciens, contre toute logique, accuser et condamner l'armée et les forces de l'ordre qui les protègent et protègent leurs familles. Nous voyons, contre toute logique économique, des partis inonder les organismes étatiques d'employés partisans incompétents et corrompus, au risque de voir l'État tout entier s'effondrer sous leur poids. Nous voyons des syndicats qui ne sont plus que l'extension politique de tel parti ou de tel autre, et qui n'exercent plus aucun rôle social. Même nos universités et les étudiants deviennent de plus en plus alignés et, comme on sépare le bon grain de l'ivraie, exportent nos cerveaux les plus brillants, nous laissant doubler par Qatar, Dubaï et le monde entier.
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge ! » écrivait Voltaire. Il n'y a de pire maladie que celle qui est indiscernable de l'extérieur. Et notre pays souffre aujourd'hui d'un mal qui, en attaquant ses soldats, ses institutions, nos lois et ses règles, le ronge de l'intérieur.
Que nous soyons d'un camp ou de l'autre, nous ne pouvons plus tordre le cou ou contourner les règles, les accepter ou les refuser selon nos intérêts. « Il n'existe point de peuple pour moi s'il n'est contenu dans le lien commun de la loi », écrivait Cicéron. Il est grand temps pour chacun de nous, citoyens, de réfléchir et de demander des comptes à ceux qui enfreignent les lois et les règles. Il est grand temps pour chacun de nous, juges, fonctionnaires, avocats, médecins, ingénieurs, entrepreneurs, hommes d'affaires, etc., de sauver le pays en tirant ses propres leçons du passé, sa propre réflexion sur l'avenir.
Le Liban a toujours été fort, fort de son armée dont les officiers se lancent en premier dans la bataille, de sa population toujours prête à défendre sa terre contre toutes les invasions et les injustices, de sa jeunesse naturellement épanouie, critique et ouverte à toutes les cultures, et de ses cerveaux qui brillent dans le monde entier et n'attendent qu'un signe pour y retourner.
Par le sang versé par nos soldats dans des victoires contre les ennemis « étrangers et domestiques », par le sang versé par nos frères tombés pour défendre l'idée-essence même du Liban, par le sang des mères et des pères tombés en protégeant leurs enfants, réveillons-nous !

Massoud ACHKAR

 

Combien de fois le Phénix doit-il mourir avant qu'on ne tire les leçons du passé ? Pour la énième fois, l'armée paye le tribut lourd du jeu de politiciens corrompus ou avides de pouvoir et est entraînée dans une nouvelle bataille qui aurait pu être gagnée à moindre coût ne serait-ce le retard à réagir et les – osons le dire – coups de poignard dans le dos.À avoir été, avec...

commentaires (3)

CONDAMNEZ L'ABRUTISSEMENT GÉNÉRAL... ET DES UNS... ET DES AUTRES !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 36, le 01 septembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • CONDAMNEZ L'ABRUTISSEMENT GÉNÉRAL... ET DES UNS... ET DES AUTRES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 01 septembre 2014

  • Si l’auteur de ces lignes pouvait être à l’avant-garde de ceux qui demandent des comptes, à commencer par le camp politique auquel il appartient. Il fait bien d’ailleurs de conjuguer le verbe "réveiller" à la première personne du pluriel.

    Ronald Barakat

    11 h 47, le 31 août 2014

  • La fameuse phrase « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge ! » est généralement attribuée à Guillaume le Taciturne. Il est vrai que les soldats tombent par la faute des politiciens au pouvoir. La cause de cette bataille est le maintien à l'état de passoire de la frontière afin de ne pas gêner les mouvements des miliciens du Hezbollah.

    Yves Prevost

    07 h 09, le 23 août 2014

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