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Nos Lecteurs ont la Parole - Molly SELWAN

Entre le marteau et l’enclume

Le Liban est une patrie souveraine, libre et indépendante.
Patrie définitive pour tous ses fils, unitaire dans son
territoire, son peuple et ses institutions, à l'intérieur de ses
frontières fixées dans cette Constitution et reconnues
internationalement.
(Préambule de la Constitution libanaise)

Si les islamistes takfiristes, jihadistes, Daech, EIIL, quel que soit le nom dont on affuble ces inhumains, massacrent les chrétiens dans toutes les villes de la planète qu'ils traversent, la mauvaise foi et l'hypocrisie de la plupart des dirigeants de ce pays (qu'ils soient chefs de parti, ministres ou députés) les tuent politiquement et socialement, les poussant à l'exode. En n'élisant pas le président, ils marginalisent toute une communauté, favorisant l'émigration de ses étudiants.
Certains députés de la nation devraient démissionner car ils n'en ont que faire de la défense de notre Constitution et de leur obligation à élire un président. Que leur importe les intérêts d'une population à travers laquelle ils ont été choisis ! Ces parlementaires, dont le mandat est arrivé à son terme depuis des lustres et a été prolongé, ne représentent plus leurs électeurs, dont une grande partie a sûrement changé d'avis sur leur compte. Ils continuent, par leur inaction et leurs allégeances respectives à deux pays concurrents, à détruire ce qui nous reste de l'État et de notre démocratie. Des partis divisés, des universités où la politique agressive règne, des réseaux sociaux dans lesquels est adoptée la pensée unique et où l'on accable d'insulte les partisans de l'autre bord. La discorde s'étend dans le pays et risque de contaminer l'armée...
Le Liban se trouve pris entre deux feux, deux branches de l'islam qui se disputent l'influence sur la région. En conséquence, certains politiciens vont quérir des appuis au-delà des frontières pour s'imposer à leurs concitoyens. J'appelle cela se vendre, et vendre le pays aussi. Tous les Libanais sont prêts à tendre la main à l'autre, à accepter les différents points de vue, sans pour autant s'emmurer dans des convictions et des appartenances partisanes, qui sont autant de mini-États, autant d'obstacles à surmonter pour l'indépendance de notre pays.
Le fait est (puisqu'il faut appeler les choses par leur nom) qu'entre un chef de législatif chiite et un Premier ministre sunnite dans cette République de Taëf, soi-disant démocratique, le président chrétien manque à l'appel. D'autre part, et étant donné que l'exécutif est actuellement formé ou presque par des membres du corps législatif, ceux qui pénalisent sont donc les mêmes qui agissent. N'allons donc pas nous plaindre si le statisme a atteint toutes les ramifications de cette république.
Pourtant, la situation est on ne peut plus claire : que les chrétiens à affinités chiites et les chrétiens à affinités sunnites se libèrent pour un temps de leurs attaches politiques et qu'ils aillent en terrain neutre se serrer la main et se mettre d'accord sur un président à élire tout aussi neutre. Un président sorti des rangs, qui deviendra, par ses actes, populaire et autour duquel se formera une nouvelle classe politique. C'est le seul moyen de mélanger les cartes, de faire table rase du passé et de redémarrer à nouveau sur d'autres bases. Et là, tous les parlementaires, à l'unisson, iront accomplir leur devoir à l'hémicycle et élire un président de la République. Étant donné les prérogatives accordées par la Constitution de Taëf à ce dernier, je ne vois pas ce que les uns et les autres auront à craindre. D'autant plus que c'est le Conseil des ministres réuni, chapeauté par le président, qui prend toutes les décisions. C'est un processus semblable à un cercle vicieux dans lequel seul le chef n'a rien à voir.
L'Onu, la France, l'Arabie saoudite et l'Amérique, ainsi que d'autres pays demandent à ce qu'un président soit élu. C'est le représentant de la nation qu'ils recherchent, l'interlocuteur indispensable à toute transaction, à toute décision internationale. Notre démocratie parlementaire ainsi que la Constitution l'exigent. Pour prêter serment devant le drapeau libanais, le futur président devra être libre de tout lien, de tout engagement, de tout pacte qui pourrait se retourner contre l'indépendance du pays. Quelles que soient les qualités du candidat à la première magistrature, elles ne seront jamais complètes sans ce sentiment immuable d'amour de la patrie. L'amour de cette terre bénie du Liban, du patrimoine, du terroir. Ce désir de préserver l'entité libanaise qui se distingue partout dans le monde. Un désir qui dépasse toute autre considération et transcende les alliances, les allégeances, les identités. J'appellerai cela le patriotisme. L'amour du seul drapeau libanais, un des plus beaux drapeaux du monde.

Molly SELWAN

Si les islamistes takfiristes, jihadistes, Daech, EIIL, quel que soit le nom dont on affuble ces inhumains, massacrent les chrétiens dans toutes les villes de la planète qu'ils traversent, la mauvaise foi et l'hypocrisie de la plupart des dirigeants de ce pays (qu'ils soient chefs de parti, ministres ou députés) les tuent politiquement et socialement, les poussant à l'exode. En n'élisant...

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