Présidentielle : Le suffrage universel est-il un crime, demande Kanaan

Le secrétaire général du Courant patriotique libre (CPL), le député Ibrahim Kanaan, a estimé vendredi que l'élection présidentielle au suffrage universel est la solution aux problèmes chroniques du Liban. Alors que la proposition suscite des critiques, M. Kanaan a demandé : "Un tel suffrage constituerait-il un crime?"

Jeudi, M. Kanaan a déposé au nom de son bloc une proposition de loi prévoyant la modification du mécanisme de l'élection présidentielle pour que celle-ci s'effectue au suffrage universel. Le 30 juin dernier, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun avait proposé l'élection du président de la République au suffrage universel en deux tours de scrutin. Au premier, les Libanais chrétiens éliraient deux candidats, qui seraient au second tour élus par la totalité des citoyens. C'est sur cette base que repose la proposition actuelle, a précisé M. Kanaan.

"La loi électorale actuelle a abouti à la création de deux grands blocs chrétiens n'ayant pas les moyens d'élire un président de la République sans s'allier à Walid Joumblatt (le leader druze du Parti socialiste progressiste PSP, ndlr)", a souligné M. Kanaan lors d'une conférence de presse. Et de poursuivre : "A ceux qui vont nous dire que modifier l'article 49 de la Constitution porterait atteinte à l'accord de Taëf, je tiens à rappeler que cet article a été modifié à plusieurs reprises en 24 ans. Mais c'est la première fois que nous proposons la modification de l'article 49 de manière positive".

Selon l'article 49 de la Constitution libanaise, "le président de la République est élu, au premier tour, au scrutin secret à la majorité des deux tiers des suffrages par la Chambre des députés. Aux tours de scrutins suivants, la majorité absolue suffit (égalité +1, ndlr)".

M. Kanaan a par ailleurs estimé que "ce n'est pas la première fois que le Parlement fait face à une vacance technique et politique, et échoue à élire un president". "Le problème ne réside pas dans le quorum, mais au niveau des pratiques anticonstitutionnelles", a-t-il souligné. Il a ainsi affirmé vouloir donner "aux chrétiens la possibilité d'exprimer leur choix quant au futur président".

Le Liban est sans président depuis le 25 mai, les séances électorales ayant tourné court faute de quorum. Le président du Parlement Nabih Berry a convoqué la Chambre à une prochaine séance le 2 septembre.

M. Kanaan a également tenté de rassurer les détracteurs de la proposition, en affirmant que "le suffrage universel à la présidentielle ne transformera pas le régime libanais en un régime présidentiel". Et de préciser : "Cette proposition a certainement besoin d'efforts pour qu'elle aboutisse et nous sommes prêts à les fournir".