Le Pentagone a enfreint la loi en échangeant Bergdahl contre des talibans

Le Pentagone a enfreint la loi en échangeant le sergent américain Bowe Bergdahl, otage en Afghanistan pendant cinq ans, contre cinq talibans détenus à Guantanamo sans en référer en amont au Congrès, conclut une enquête de la cour des comptes américaine publiée jeudi.

D'après ce rapport, l'administration Obama n'a pas respecté son obligation d'avertir les commissions du Congrès chargées de ces questions 30 jours avant d'utiliser des fonds publics pour transférer des détenus de Guantanamo.
En outre, "le Pentagone s'est servi de fonds déjà affectés à d'autres postes" parce qu'il ne disposait pas des fonds nécessaires au transfèrement des prisonniers, pointe le Government Accountability Office (GAO), qui estime du coup que le ministère de la Défense a lui aussi violé la loi. Le Pentagone a déboursé 988.400 dollars pour l'opération.
Selon le GAO, les élus ont été avertis par téléphone les 31 mai, le jour-même du transfèrement, et 1er juin, et ont reçu un avis écrit le 2 juin.

Lorsque la nouvelle de l'échange s'est répandue, les adversaires républicains de M. Obama, et même certains démocrates, ont vertement critiqué l'opération, la jugeant dangereuse pour la sécurité des Etats-Unis.
Mais la Maison Blanche et le Pentagone ont argué de la santé déclinante du sergent Bergdahl pour justifier la rapidité de la décision.

Dans un communiqué publié jeudi, le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, a qualifié l'échange de "conforme à la loi" car décidé "après consultations avec le ministère de la Justice".
Le sergent Bergdahl a été porté disparu en Afghanistan en 2009. Après 5 ans de captivité, il a été échangé contre cinq cadres talibans détenus sur la base militaire américaine de Guantanamo et transférés au Qatar.

L'échange avait provoqué une tempête politique à Washington. Et le rapport du GAO pourrait ajouter à la colère des républicains.
"Il ne faut pas être doué d'une imagination démesurée pour se douter que le président (Obama) nous a mis devant le fait accompli parce qu'il savait qu'une telle proposition allait rencontrer une forte opposition", a réagi la sénatrice républicaine Susan Collins.