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Liban - L’éclairage

Opportunités de solution politique au Liban dans le cadre d’un package deal régional

Va-t-on vers une solution prochaine de la crise politique libanaise, en particulier en ce qui a trait à l'échéance présidentielle ? De faibles signaux, à ce stade, montrent qu'une telle éventualité n'est plus à écarter et qu'un compromis devient possible dans le cadre d'un package deal régional dont la mise en œuvre doit commencer en Irak.


C'est en raison des développements de ces derniers mois, liés à la montée en puissance de l'État islamique (EI, ex-Daech) en Syrie et en Irak, puis à la convergence qui a poussé l'ensemble des acteurs internationaux et régionaux à décider de contrer cette organisation terroriste, que ce package deal est devenu envisageable dans la région.
On observe ainsi la concomitance des frappes aériennes américaines et syriennes contre les positions de l'EI en Irak et en Syrie, à la suite de l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2170 contre ce groupe. De source informée, on affirme d'ailleurs qu'une coopération et une coordination au niveau des services de renseignements a été récemment instaurée entre les États-Unis, la France, le
Royaume-Uni, l'Australie, l'Arabie saoudite, l'Iran et la Syrie.
Du fait de cette convergence et surtout des frappes américaines, la poussée de l'EI a clairement subi un arrêt, et ce dernier a même commencé à perdre le contrôle de certaines zones qu'il tenait.


Cependant, souligne-t-on dans des milieux diplomatiques, la coopération en cours est simplement sécuritaire et n'est pas encore parvenue au stade de l'accord politique, mais elle ouvre tout de même la voie à un tel objectif.
Certains milieux politiques pensent ainsi que le Moyen-Orient est désormais entré dans une phase de gestation d'un compromis politique, en particulier après l'aval donné par Téhéran à la mise à l'écart de l'ancien Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, et son remplacement par une personnalité plus ouverte et proche de l'Arabie saoudite, Haïdar el-Abadi. Ce dernier doit former un gouvernement d'union nationale et d'ores et déjà, les tribus et d'autres composantes sunnites ont donné leur accord pour y entrer, de même que les Kurdes qui ont apparemment renoncé au référendum pour l'indépendance.


À côté de ces développements qui placent la crise irakienne sur les rails de la solution, est venue s'ajouter l'attaque du président iranien Hassan Rohani contre ses adversaires conservateurs à l'intérieur, hostiles à tout compromis sur le dossier du nucléaire. Les invitant à « aller au diable », il a affirmé que l'Iran souhaite régler ses problèmes avec l'ensemble des États du monde.


Dans ce cadre, des sources politiques informées font état d'une rencontre qui a eu lieu à l'écart des médias il y a deux mois à Oman entre des responsables sécuritaires iraniens et saoudiens.
Il reste à savoir si des mouvances radicales sunnites opposées à l'EI vont être intégrées au nouveau gouvernement irakien. Pour un observateur arabe, une telle éventualité faciliterait la lutte contre l'EI et les groupes similaires. Dans le cas contraire, le combat serait plus difficile.
Cette perspective de solution en Irak ouvre à n'en pas douter des espaces d'entente au Liban, dans la mesure où elle favoriserait, en premier lieu, une reprise des contacts entre le courant du Futur et le Hezbollah. Pour un ancien ministre, cela pourrait même conduire à un accord sur une formule susceptible de mener à son terme le processus de l'élection présidentielle.
Cela consisterait en un accord sur un candidat de compromis qui serait choisi hors du club des « faucons » maronites, devant lesquels le chemin de la présidence est clairement obstrué.
Une solution prochaine, ou du moins sa mise sur les rails, est donc possible, mais il reste que le package deal régional n'est toujours pas concrétisé et que tout peut encore capoter du fait de pressions que pourraient exercer des parties qui s'estimeraient lésées par un tel accord.


Entre-temps, sur le plan local, le chef du PSP, Walid Joumblatt, poursuit sa tournée sur les principaux leaderships maronites pour parler de la présidentielle, dans une tentative de faire accepter l'idée d'un candidat de compromis qui serait choisi hors des camps du 14 et du 8 Mars.
M. Joumblatt, qui a déjà eu des entrevues avec les dirigeants du 8 Mars, doit encore rencontrer les chefs chrétiens du 14 Mars ainsi que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. On estime que l'entretien avec ce dernier devrait avoir lieu avant le 27 du mois en cours, date prévue pour un déplacement du patriarche à Rome.
Toujours est-il que les mêmes difficultés continuent d'entraver la présidentielle. D'une part, l'Iran souhaite toujours, à ce stade, que le régime syrien et le Hezbollah aient un droit de veto sur les candidats à la présidence. D'autre part, le chef du CPL, le général Michel Aoun, croit toujours en ses chances de devenir président, d'après ses visiteurs, et n'entend nullement se désister en faveur d'un candidat de compromis.

 

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