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Liban - La situation

Rumeurs et zones d’ombre exacerbent la paralysie générale

Afin de meubler la situation figée, plusieurs « informations », démenties radicalement par le 14 Mars, circulent. Un soi-disant marché politique devrait aboutir simultanément à la prorogation du mandat parlementaire, au vote de la grille salariale et d'une nouvelle loi électorale, dit-on. Sont également évoquées des soi-disant médiations pour un rapprochement entre le Hezbollah et le courant du Futur. Il se pourrait également, ajoute-t-on, que le retour de l'ancien Premier ministre Saad Hariri à Beyrouth, prévu vers le début du mois de septembre, apporte une solution à la présidentielle... Le tout, sur fond de spéculations sur les effets qu'auront au Liban les développements positifs en Irak (la nomination de Haïdar al-Abadi et la démission de Nouri al-Malaki, fruit d'une ouverture irano-américaine, interprétée par certains comme le signe d'un éventuel rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran).


« La percée positive en Irak, avec la nomination d'un nouveau Premier ministre, a déjà eu lieu. S'il devait s'ensuivre un accord sur la présidentielle, celui-ci aurait déjà eu lieu », affirme, laconique, à L'Orient-Le Jour le député du bloc du Futur Ahmad Fatfat. Il rappelle en outre que « les allers-retours à Beyrouth de l'ancien Premier ministre Saad Hariri sont tributaires de ses affaires, et c'est l'aide à l'armée qui est pour l'heure sa principale action au Liban ». Il a ainsi démenti toute avancée sur le dossier présidentiel, coupant la voie à tout propos sur un marché politique global ayant pour instigation la rallonge au Parlement. « La grille salariale ainsi que la loi électorale sont trop importantes pour être évacuées dans un deal politique », a-t-il souligné.
Un mutisme moins étanche entoure la prorogation du mandat parlementaire : le refus quasi unanime qui lui est opposé officiellement contredit la reconnaissance à peine voilée par toutes les parties, y compris la présidence de la Chambre, de l'éventualité de cette prorogation. Le ministre de l'Intérieur continue d'ailleurs de juger la situation sécuritaire peu propice à la tenue des législatives, quand bien même le décret de convocation du collège électoral a été dûment signé et publié par le gouvernement. Une manière de sauver les apparences, quitte à sa cacher derrière son petit doigt.


Une manière choisie aussi par le député Nicolas Fattouche, dépositaire d'une proposition de loi pour une rallonge parlementaire. Il dément en effet avoir agi sur l'impulsion des parties politiques et « jure » à L'OLJ que personne ne lui a rien soufflé. Il va jusqu'à « blâmer les acteurs politiques » qui n'auraient pas tranché la question et précise avoir présenté la proposition « par conviction juridique et volonté de sauver le pays ». Interrogé sur les motifs de la durée de deux ans et sept mois pour la prorogation, il précise que celle-ci limiterait la fréquence d'un recours à une nouvelle autoprorogation (chaque trimestre ou semestre par exemple), surtout que « rien n'empêche de tenir des législatives une fois que les conditions des circonstances exceptionnelles ne sont plus réunies ». Pour l'instant « le pays s'effondre, et il est menacé jusqu'au cœur de son pacte national »...


Face à la « déliquescence » ainsi dépeinte, le président de la Chambre a promis hier à ses visiteurs de « ne pas se taire ». Pour lui, s'il est inutile de proroger le mandat d'un Parlement « qui ne légifère pas », l'issue à la situation stagnante serait de le redynamiser. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui recevait hier une délégation de cultivateurs de tabac et de responsables municipaux, a appelé « tous les blocs à se rendre immédiatement au Parlement pour voter les lois liées aux doléances citoyennes et aux besoins des gens ». Le député du bloc du Changement et de la Réforme, Ibrahim Kanaan, qui préside la commission du Budget et des Finances, a lui aussi appelé, à partir du Grand Sérail, à la tenue d'une « séance législative extraordinaire pour examiner les dossiers financiers ». Il a souhaité « sortir le dossier salarial du moule politique ». Pourtant, le député Ahmad Fatfat rappelle « la disposition du bloc du Futur à se rendre au Parlement pour voter la grille salariale si les recettes en sont assurées ».


Le discours du 8 Mars face à la vacance présidentielle tend ainsi à le placer comme seul garant des doléances citoyennes. Alors que le président de la Chambre a estimé que « le gouvernement a fait son devoir en convoquant le collège électoral », il a laissé entendre que cette convocation comporte des failles susceptibles de faire l'objet de nouveaux tiraillements politiques. « Il est nécessaire qu'une nouvelle loi soit votée pour réguler les délais », a-t-il indiqué subsidiairement devant ses visiteurs. En effet, la nomination du comité de supervision des élections, qui aurait dû être faite depuis près d'un mois par le gouvernement (avec l'exigence du vote des deux tiers des ministres), n'a pas été effectuée. En évoquant la nécessité d'amender la loi électorale pour remédier à ce retard, le président de la Chambre a insinué qu'un forcing pourrait en résulter, pour obtenir le vote d'une nouvelle loi électorale, souligne à L'OLJ un député du Futur.


Pour l'instant, le discours du Futur reste orienté vers la présidentielle, « seule priorité ». Il reste convaincu que le déblocage de cette échéance devrait conduire, par un effet domino, à redynamiser l'ensemble des institutions. « La prorogation pourrait s'avérer nécessaire, pour contrer le vide qui se dessine, mais la nécessité aujourd'hui est d'élire un nouveau président de la République », souligne Ahmad Fatfat.
Néanmoins, le discours du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a rompu avec cette approche. Il a préconisé en effet hier formellement la tenue des législatives, en dépit des appréhensions l'entourant. Cela signifie-t-il que les craintes du Futur sont exagérées ? Sinon, cette position s'inscrirait-elle dans le cadre d'une répartition des rôles pour assurer une rallonge en douceur au Parlement ? Pour Ahmad Fatfat, « il s'agit d'une position différente, rien de plus, qui est du droit du leader des FL ». Le député exprime toutefois « un reproche à tous les chrétiens qui semblent paradoxalement avoir relégué la présidentielle au second plan »... Tous sauf le patriarche maronite, qui a sollicité un entretien avec le secrétaire général du Hezbollah, dans une ultime tentative de crever l'abcès.

 

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Afin de meubler la situation figée, plusieurs « informations », démenties radicalement par le 14 Mars, circulent. Un soi-disant marché politique devrait aboutir simultanément à la prorogation du mandat parlementaire, au vote de la grille salariale et d'une nouvelle loi électorale, dit-on. Sont également évoquées des soi-disant médiations pour un rapprochement entre le Hezbollah et...

commentaires (3)

CORRECTION : OU FIJIL GHAYR BALADI... ETC... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 10, le 21 août 2014

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Commentaires (3)

  • CORRECTION : OU FIJIL GHAYR BALADI... ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 10, le 21 août 2014

  • CETTE MANIE DE LIER LE DESTIN DU PAYS AUX DESTINS DES AUTRES... SEULS NOS ABRUTIS L'ONT ! MAIS QUAND LES FATTOUCHS AVEC KHYAR, BAELÉ OU FIJIL 3AYR BALADI, BALA KHIBIZ WILA ZÉÏT, VEULENT SE VOIR PRÉSENTS ÉTERNELLEMENT SUR LES TABLES, DES PORTES EXCEPTIONELLEMENT OUVERTES, EN S'ALLONGEANT ET SE PROLONGEANT, SANS CESSE, LES TABBOULÉS ÉLUES LEURS SONT DE LOIN PRÉFÉRABLES... PAR LES PAUVRES LIBANAIS QUI N'EN A POURTANT, POUR LA PLUPART, LES INGRÉDIENTS D'EN FAIRE MÊME POUR UNE BOUCHÉE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 18, le 21 août 2014

  • Dans un pays super tribal , la prorogation du mandat parlementaire devient tout à fait normal , et élire un président de la république sans couleur sans saveur aussi un fait accompli .

    Sabbagha Antoine

    11 h 24, le 21 août 2014

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