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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

« Si le jeune homme avait été blanc, le policier n’aurait pas tiré sur lui »

Pap Ndiaye, chercheur et professeur à Sciences po, Paris.

9 août 2014. Une intervention policière à Ferguson, dans le Missouri, tourne mal, et un jeune Noir non armé de 18 ans, Michael Brown, trouve la mort dans des circonstances encore mal définies. Selon certains témoins oculaires, le jeune homme a tenté de saisir l'arme de Darren Wilson, le policier qui essayait de l'arrêter pour vol, et qui lui tire dessus. Selon d'autres témoins, Michael Brown et son ami, présent lors de l'incident, ont voulu se rendre, mais Darren Wilson lui a quand même tiré dessus à six reprises, dont deux fois dans la tête, d'après la seconde autopsie demandée par la famille de la victime. Depuis ce jour, les habitants de cette ville majoritairement noire ont manifesté de plus en plus violemment contre la police dont les membres sont en grande majorité blancs, ravivant le spectre d'émeutes raciales que l'on croyait disparues. Pillages, jets de pierres, tirs ont ponctué ces émeutes, face à des forces de l'ordre surmilitarisées...

 

Depuis la mort de Michael Brown à Ferguson, manifestations et émeutes se sont succédé. D'où vient cette colère des manifestants, alors que le policier responsable de la mort du jeune homme a été identifié et que l'enquête est en cours ? Et pourquoi persiste-t-elle ?
Le policier meurtrier a certes été identifié, mais pas inculpé. Les manifestants pensent, à juste titre, que les autorités protègent le policier et tentent de justifier son action, par exemple, au motif fallacieux que le jeune Brown aurait commis un vol auparavant. D'une manière générale, cette affaire est la goutte d'eau de trop : les relations entre la police et les Noirs de Ferguson sont mauvaises depuis longtemps. Les manifestants exigent des changements structurels.



L'affaire Michael Brown est-elle uniquement raciale ? Selon vous, les inégalités sociales et le taux élevé de pauvreté jouent-ils un rôle ?
Ferguson n'est pas un ghetto noir, mais plutôt une ville de classe moyenne noire. Donc la pauvreté ne joue pas un rôle central ici. C'est bien le racisme structurel de la police qui est en jeu.

 

Si le jeune homme avait été blanc, l'opinion publique aurait-elle réagi de la même manière ?
Si le jeune homme avait été blanc, le policier n'aurait vraisemblablement pas tiré sur lui.

 

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