Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Georges HADDAD

En Irak, c’est la protection des intérêts et non des minorités

Aujourd'hui, la majorité des habitants du Moyen-Orient est convaincue qu'il existe un plan suivi par les grandes puissances pour opposer chiites et sunnites, ou pour vider la région Moyen-Orient de ses chrétiens, ou encore pour renforcer Turcs, Perses, Kurdes et Israéliens au détriment de la nation arabe. Ces théories du complot sont complètement fausses. Il faut arrêter de croire qu'il s'agit d'un plan fomenté par les francs-maçons, les « Illuminatis » ou je ne sais pas quelle fée maléfique.
Depuis quelques jours, l'armée américaine lance des raids aériens dans les régions frontalières du Kurdistan ; l'aide humanitaire venue d'Occident a enfin commencé à être livrée; on a assisté aux largages de vivres pour les populations sinistrées (chrétiens et yazidis), et les puissances occidentales commencent à fournir aux peshmergas (milice kurde) du matériel militaire. Depuis l'intervention en Irak, les États-Unis ne désirent plus entrer en guerre, surtout au Moyen-Orient. La Syrie en est l'exemple parfait. Barack Obama avait bien dit que l'utilisation d'armes chimiques dans ce pays serait une ligne rouge. Pourtant, cette ligne a été franchie: des armes chimiques ont été utilisées et à maintes reprises par les deux camps. Pourquoi Washington n'est-elle pas intervenue?
La réponse est simple: la politique américaine a changé. Le fiasco en Irak et les événements qui ont suivi la chute de Kadhafi en Libye font que les USA jouent la carte de la prudence. Cela fait plus d'un mois que les jihadistes de l'État islamique massacrent les communautés chrétiennes d'Irak (bien plus longtemps en Syrie). Mais ce n'est qu'aujourd'hui que Washington intervient, pour, je cite, protéger leurs intérêts et leurs ressortissants au Kurdistan. Certes les USA se méfient de Bachar el-Assad et de ce qu'il peut représenter pour Israël, mais l'administration Obama craint encore plus de voir se produire en Syrie un scénario à la libyenne. Les Occidentaux s'étaient aventurés aveuglément dans la crise en Libye en armant les rebelles, en les entraînant et en mettant fin au règne du dictateur. Avec quels résultats? L'anarchie, pas de gouvernement pro-occidental, un ambassadeur US assassiné et des navires de guerre français à Tripoli rapatriant les ressortissants occidentaux. L'Occident a besoin d'un allié à mettre en place après la chute d'un ancien régime ennemi, ce qui ne s'est pas vraiment passé après l'Irak de Saddam et la Libye de Kadhafi. En Irak, Obama a d'ores et déjà affirmé que les opérations dans le nord de l'Irak ne s'étendront pas au reste du pays et la Maison-Blanche affirmait il y a peu que la condition des réfugiés n'est pas si mauvaise que cela et qu'une évacuation serait donc inutile, tournant ainsi le dos à leurs propos tenus la semaine dernière à propos du génocide perpétré par les jihadistes (je ne savais pas qu'à Washington les conditions de vie étaient encore plus
difficiles...).
Aussi, les combattants de l'État islamique ne risquent rien et auront toujours carte blanche pour crucifier plus d'hommes, violer encore plus de femmes et décapiter bien plus d'enfants.
Les Occidentaux ont sous-estimé la menace des jihadistes venus du monde entier pour se battre au Levant. Aujourd'hui, les gouvernements de l'Ouest ne frappent pas l'EI et n'arment pas le Kurdistan pour venir en aide aux minorités, notamment chrétiennes (assyriens, chaldéens, syriaques), qui, elles, ont payé le plus lourd tribut. Ils veulent sécuriser un allié, le Kurdistan, et non les minorités. L'Occident vient en aide au gouvernement semi-autonome kurde parce que, contrairement aux rebelles syriens, il sait très bien qu'un gouvernement allié peut être mis en place au Kurdistan. En Syrie, il était quasiment impossible de parier sur l'instauration d'un gouvernement allié à l'Ouest après la chute de Bachar el-Assad, et cela à cause de la division des rebelles syriens. Des frappes contre la Syrie auraient pu se retourner plus tard contre les Occidentaux avec la prise du pouvoir par des groupes anti-américains comme l'État islamique ou un autre groupe jihadiste.
Aujourd'hui, le Kurdistan représente une plaque tournante du pétrole au Moyen-Orient. Ce territoire a besoin urgemment d'aide militaire et politique, étant directement menacé par l'EI. Il est donc important d'aider cette région semi-autonome qui, au cas où elle deviendrait indépendante, aurait une dette à rembourser à ses sauveurs. C'est pour cela que les Occidentaux se précipitent au secours des autorités du Kurdistan, afin de construire les bases d'une future alliance politique et ne pas le voir tomber dans le giron d'une puissance rivale comme la Russie ou la Chine.

Georges HADDAD

Aujourd'hui, la majorité des habitants du Moyen-Orient est convaincue qu'il existe un plan suivi par les grandes puissances pour opposer chiites et sunnites, ou pour vider la région Moyen-Orient de ses chrétiens, ou encore pour renforcer Turcs, Perses, Kurdes et Israéliens au détriment de la nation arabe. Ces théories du complot sont complètement fausses. Il faut arrêter de croire qu'il...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut